News - 01.07.2012
Watanya TV : Sadok Bouabane limogé, comment sera désigné son successeur ?
Même dissout, l’ex-RCD continue de provoquer des dommages collatéraux comme en témoigne le limogeage, samedi, du directeur de la chaîne TV Watanya 1, Sadok Bouabane. Pour avoir autorisé la participation de l’ex secrétaire permanente en charge de la Femme, Abir Moussi, à un débat en direct auquel prenait part, notamment l’un des dirigeants d’Ennahdha, Walid Bennani qui a fini par quitter le plateau en signe de protestation, Bouabane en a payé la facture. « Je n’ai fait que respecter l’indépendance de la ligne éditoriale de l’émission, se défend-il, ne voulant pas m’opposer à l’invitation de tel ou tel participant, d’autant plus que je ne souhaite pas procéder à l’exclusion d’aucune partie ou personne ».
« Ce n’est pas l’unique grief retenu contre lui », précise Adnane Khedher, président de l’Établissement de la Télévision Tunisienne qui fait état de nombre de « défaillances techniques ». En mission à l’étranger, il n’avait pas été consulté quant à la participation d’Abir Moussi et ne pouvait pas du coup en être tenu responsable. Mais, il n’a pas hésité à sacrifier, en apaisement de certains esprits, le directeur de la 1ère chaîne, qui a longtemps été son compagnon de route.
Quelle gouvernance?
Pour le moment, Khedher assurera lui-même la direction de Watanya 1 en attendant la désignation du successeur de Bouabane. Et, c’est là que réside toute la question de la gouvernance des médias publics. Qui procèdera au choix et sur quels critères ? L’expérience menée pour les journaux télévisés et la rédaction des quotidiens La Presse et Assahafa a montré sa pertinence. Un appel à candidature a été lancé, sur la base de critères précis et, en plus pour la TV, d’un projet à soumettre A la suite de quoi, un jury indépendant a procédé à l’analyse des dossiers et l’audition des candidats, puis présenté ses recommandations. C’est d’ailleurs ce qui a permis à Said Khezami de remporter la direction de l’information à la Télévision Tunisienne. Pour la presse, ce sont les journalistes qui ont fait leur choix par vote direct.
Quant à la radio, le limogeage de Habib Belaid de l’Etablissement de la Radio Tunisienne, qui ne l’avait appris que plusieurs jours après et seulement à la lecture du Journal Officiel et son remplacement par l’ancien chef de la Salle Technique, ont suscité de vives réactions, demeurées cependant sans suite. Il est vrai que le Décret-loi N° 2011-116 du 2 novembre 2011, relatif à la liberté de la communication audiovisuelle et portant création d’une Haute Autorité Indépendante de la Communication Audiovisuelle (HAICA), n’a pas encore été mis en œuvre. L’INRIC, présidée par Kamel Laabidi s’y emploie de toute son énergie et un nouveau mode de désignation garantissant compétence est indispensable.
La succession à la tête de Watanya 1 mettra ainsi le gouvernement en position de montrer ses véritables intentions : œuvrer en faveur d’une nouvelle gouvernance ou garder sous sa coupe les médias publics.