Kamel Nabli, Maghreb : la valse-hésitation du gouvernement
Révocation du gouverneur et application des cinq libertés dans l’espace maghrébin : à deux reprises en l’espace de quelques jours, le gouvernement a fait la preuve de son incapacité à trancher dans deux dossiers qu’il considère pourtant comme prioritaires. D’abord, l’affaire du gouverneur de la Banque Centrale. La cause de Kamel Nabli paraissait entendue après la série de déclarations abondant dans le même sens de Marzouki, Jebali, et Ghannouchi. Le pauvre gouverneur est chargé de tous les maux par les deux présidents et qualifié « d’empereur » par le leader d’Ennahdha. C’est tout juste s’il n’était pas accusé de haute trahison. Et puis, coup de théâtre : des photos diffusées sur le net montrent Jebali et Nabli, souriants en train de deviser. Le lendemain, le ministre des affaires économiques annonce dans une interview à l’agence AP qu’il n’est pas question de se séparer du gouverneur qui a désormais l’appui du Chef du gouvernement. 24 heures plus tard, nouveau rebondissement. Le même ministre se fend d’un communiqué où il se rétracte, précisant « que cette affaire fait actuellement l’objet de discussions au sein de la coalition gouvernementale ».
Le même scénario se répètera à l’identique dans l’affaire des cinq libertés. Depuis des mois, on nous rebat les oreilles avec des mesures censées impulser la construction maghrébine, prises sans concertation avec quiconque par le président provisoire. Et comme si la pilule n'était pas suffisamment dure à avaler, on y a ajouté la suppression des passeports aux frontières. La décision ne pouvait plus mal tomber, survenant après une série d’incidents dans les deux pays, mettant aux prises les forces de sécurité et des terroristes. Comme il fallait s’y attendre, les Algériens ont refusé tout bonnement l’application de la règle de la réciprocité, frappant, du coup, d'inanité les propositions tunisiennes. Au lieu d’assumer, on dément comme d’habitude, en jurant ses grands dieux qu’il n’a jamais été question d’appliquer cette mesure immédiatement, mais qu’elle sera soumise au prochain sommet maghrébin en octobre à Tabarka. Pourtant, le secrétaire d’Etat aux affaires étrangères s’était répandu, tout au long de la semaine, en déclarations pour justifier cette « mesure-phare qui va permettre la libre-circulation des personnes dans l’espace maghrébin » allant jusqu’à annoncer la date du 1er juillet pour son entrée en vigueur, face à des journalistes dubitatifs. Que dire de cette valse-hésitation, sinon qu'elle ne fait pas honneur à la Tunisie et à son gouvernement.
On aimerait bien mettre tout cela sur le compte de l'inexpérience.