Le congrès d'Ennahdha livre ses premiers secrets, pas tous !
Cela n’a pas été facile et la prolongation des travaux une journée de plus a bien souligné l’ampleur des débats internes qui ont traversé le 9ème congrès d’Ennahdha, clos lundi soir par la réélection de Rached Ghannouchi à la tête du parti et l’élection des 100 membres du Majlis Echoura, la plus haute instance entre les congrès. Dans l’attente de la publication des motions votées et du rapport de la commission financière, un communiqué final a mis en exergue « un large consensus sur les orientations démocratiques, modérées et centristes » décidés par le congrès.
Il souligne particulièrement la nécessité de bâtir un état civil fondé sur les valeurs de l’Islam, constituer une large entente politique pour édifier une coalition autour d’Ennahdha, opter en faveur du régime parlementaire, interdire aux symboles du régime déchu de reprendre toute activité politique, accélérer le jugement des anciens responsables incriminer les assassins des martyrs, adopter une loi électorale garantissant une représentation effective de toutes les forces politiques, activer l’amnistie générale, criminaliser l’atteinte au sacré et valoriser le rôle national de l’UGTT.
Rached Ghannouchi n’a pas caché devant la presse, mardi matin, sa satisfaction de « la réussite du congrès qui a illustré la forte cohésion du mouvement dans sa large diversité mais aussi son consensus sur les valeurs essentielles du peuple tunisien».
Les résultats des élections du Majlis Echoura traduisent l’aboutissement à une représentation significative des différentes générations et catégories, y laissant une bonne place à ceux de l’intérieur, comme à ceux de l’exil, et ne déplorant qu’une faible présence féminine (7 seulement) ainsi que celle des jeunes, ce qui sera rectifié à travers les 50 postes complémentaires à pourvoir dans le tiers de rattrapage.
S’il n’a pas permis de résoudre toutes les problématiques fortement posées à travers des débats souvent houleux soigneusement couverts par le huis-clos des travaux, mais sans vainqueurs, ni vaincus, le congrès d’Ennahdha a essayé d’en absorber une bonne partie, laissant le reste d’abord au nouveau Majlis Echoura, puis au congrès extraordinaire qu’il a décidé de convoquer d’ici deux ans. Bien plus que le caractère festif et médiatique, les retrouvailles à la recherche de la fusion indispensable à réussir, ne serait-ce que progressivement, et un premier pas vers le recentrage « modéré et centriste », le congrès aura été une étape décisive dans la restructuration du mouvement et son renforcement en prévision des prochaines élections. Il va falloir cependant analyser les motions adoptées et décrypter leurs messages.