M. Marzouki à Paris : Il est venu, il a vu, a-t-il convaincu ?
Moncef Marzouki a tout lieu d’être satisfait de sa visite à Paris. Il y avait vécu pendant plus de 20 ans en tant que réfugié politique et étudient, il y revient en tant que président de la république entouré de tous les égards dus à son rang. Reçu à l’Elysée par François Hollande et par le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault à Matignon, il a réussi à convaincre ses interlocuteurs de recycler une partie de la dette tunisienne dans des projets de développement. Il gardera, néanmoins, un souvenir impérissable de sa visite à l’Assemblée Nationale où il s’adressera aux députés français dans un hémicycle déserté par les élus de la droite.
De ce discours, on retiendra quelques phrases-clés : « il y aura dans le monde de plus en plus de partis islamo-démocrates[ allusion aux démocrates-chrétiens] dont Ennahdha ne sera que le prototype tunisien », « la Tunisie n’est pas tombée dans l’escarcelle de l’islamisme, mais dans celle de la démocratie », «l'islamisme est un large spectre qui va d'Erdogan aux talibans», sans oublier ce clin d'oeil aux journalistes tunisiens : « je préfère les pires effets pervers de la liberté de la presse à son musellement »,
. Marzouki s'est surtout voulu rassurant quant aux intentions des islamistes. Les élus du peuple français ont surtout apprécié la forme. Un discours assez bien écrit pour effacer la mauvaise impression laissée par le "sabir" utilisé par Hamadi Jebali lors de son dernier passage dans la capitale française. Reste le fond. Bons connaisseurs de la vie politique tunisienne, les Français restent sur leurs gardes observant avec beaucoup d'inquiétude l'islamisation rampante de la société, l'activisme des salafistes. Tout le reste est littérature. Assurément, il faudra plus que des fleurs de réthorique pour rassurer.