Du démissionné au démissionnaire
Deux hauts fonctionnaires de l’Etat reconnus pour leur compétence, leur franchise et leur indépendance d’esprit viennent d’être écartés de leur fonction : le limogeage du Gouverneur de la Banque Centrale, Kamel Nabli, fut un des motifs qui ont poussé le Ministre des Finances Hassine Dimassi à démissionner. Comment et par qui ce limogeage a-t-il été décidé ? Quand on relit l’historique de cet acte, on s’aperçoit qu’elle remonte au début du mois de mai à l’occasion d’un discours où le Président de la République déclarait vouloir remplacer le gouverneur de la Banque Centrale.
L’argument avancé était le carton rouge abaissant de deux crans la note de la dette à long terme de la Tunisie à BB. En réalité, c'était le souci de contrôler l’inflation, de soutenir la politique financière du Ministre des Finances et le fait de le faire savoir qui étaient reprochésà Kamel Nabli.
Cette décision présidentielle prise sans consultation a motivé en partie la démission du Ministre des Finances qui avait signifié son désaccord d’indemniser dans l’immédiat les victimes de l’ancien régime, bénéficiaires de l’amnistie générale et d’en retarder l’exécution pour respecter les équilibres budgétaires de 2012.
Cette décision présidentielle qui n’a pas empêché Kamel Nabli d’obtenir le prix du meilleur gouverneur de banque centrale en Afrique pour sa gestion de la BCT lors de la transition après le14 janvier 2011 a été vivement contestée par Kamel Nabli qui a rappelé que seule l’Assemblée Nationale Constituante (ANC) détenait l'autorité d'approuver ou de refuser la décision de révocation du Gouverneur.
Le dossier est alors adressé à l’ANC le 3 juillet et la révocation approuvée à une majorité des voix après une séance houleuse.
Le manque de transparence aura marqué l’historicité de cette révocation. L’absence d’harmonie entre les responsables de laTroïka aura été manifeste. Elle vient d’être confirmée par la déclaration toute récente (30.07.2012) de Mustapha Ben Jaafar sur les compensation des amnistiés qu’il ne réglerait pas sur le budget 2012. Elle arrive bien tardivement.
La rédaction dans les plus brefs délais de la Constitution pour fixer les responsabilités de chaque pouvoir et leur traduction dans la réalité quotidienne permettra de corriger les dérives de l’actuelle gouvernance.
S. Zmerli