L'enseignement de la Tunisienne du début du XXe siècle à l'Indépendance
En tant que professeur issu d’une famille pionnière dans le domaine de l’instruction, je voudrais évoquer son éclosion dans notre pays à un moment crucial de son histoire.
Je commencerai par brosser le panorama éducationnel réservé à la jeune Tunisienne, puis je focaliserai mon développement sur le statut propre à Dar el Bacha, première école de filles musulmanes ayant un caractère original jusqu’à 1958, par rapport à l’ensemble éducatif de l’époque.
Panorama éducationnel en Tunisie au seuil du XXe siècle
En 1900, la formation scolaire que l’on réservait à la petite Tunisienne était pour ainsi dire inexistante. Elle se devait de vivre cloîtrée dans la maison paternelle, n’avait pour toute activité que des occupations quotidiennes. Il était alors hors de question d’aller au-devant du monde extérieur et de se montrer aux regards masculins. La jeune Tunisienne était appelée à être une future épouse, mère de famille et à s’acquitter correctement de sa fonction de bonne ménagère. Certaines familles aristocratiques cependant acceptaient la présence d’un maître pour donner des cours de piano ou tout au plus un «mouderrass» pour apprendre le Coran à leurs filles. D’autres entrebâillèrent leurs portes pour permettre à quelques-unes de fréquenter la maison d’une voisine qui voulait bien les former chez elle ; en contrepartie, elles l’aidaient dans son ménage et la préparation de ses repas.
Elle dispensait à ses élèves, âgées de 5 à 12 ans, un enseignement manuel typiquement féminin : couture, broderie, chebka, tapisserie…C’est ainsi que ces demeures prirent l’appellation de «Dar el M’aâlma».
Les quelques familles tunisoises occidentalisées lorgnèrent les écoles françaises de filles créées en 1885 où l’enseignement de l’arabe était exclu et où les rares fillettes tunisiennes suivaient des cours de lecture, langues, morale, histoire, géographie, calcul et leçons de choses en langue française. Elles pouvaient obtenir au terme de leur formation le Certificat d’études primaires élémentaires.
Toujours en ce début de siècle, existaient aussi des écoles de religieuses, respectant l’appartenance de chacune ; on y relève la présence infime de l’élite de la société tunisoise, ouverte au monde occidental.
Bref, au seuil du XXe siècle, face à cet éventail limité, seul 0, 7 % des filles tunisiennes étaient scolarisées.
«Ecole de filles musulmanes»
C’est dans ces conditions politico-socio-religieuses particulières que la première école de filles musulmanes vit le jour.
Lors de sa création en mai 1900 par Louise René Millet, épouse du Résident français, cette première «Ecole de jeunes filles musulmanes» était destinée à dispenser aux jeunes Tunisiennes un peu d’arabe et de français et à les familiariser avec les travaux manuels. Les programmes d’enseignement furent toujours très orientés vers les connaissances pratiques, les broderies d’art, les leçons de choses, la puériculture.
L’emplacement de l’école, sa structure, son espace, ses objectifs et son potentiel humain évoluèrent au fil du siècle. Elle prôna le modernisme et s’adapta aux grands changements sociaux et politiques de son temps.
Mme Eigenschenck, veuve d’un haut fonctionnaire français, prit en charge sa direction et ouvrit cette école dans un très modeste local au n° 17 de la rue Ben-Nejmaâ, avec seulement cinq fillettes. Elle allait de maison en maison pour convaincre les parents d’y envoyer leurs filles, mais ceux-là restaient récalcitrants.
Dans les toutes premières années, l’établissement dispensait un enseignement réparti en trois catégories: l’arabe, le français et les travaux manuels.Dès octobre 1903, un meddeb avait été recruté pour enseigner aux pionnières le Coran et ses principes, tandis qu’un cheikh de La Zitouna leur apprenait l’arabe : la lecture, l’écriture et le calcul.
Comme l’indiquent de nombreuses lettres, l’enseignement de l’arabe semblait préoccuper la directrice. En effet, elle permit à Béchir Sfar, président du Habous, de visiter l’école pour «juger des études d’arabe» et d’étudier la possibilité «d’augmenter le volume horaire d’arabe» (10 avril 1902) . Les lettres du 31 octobre 1905 et juin 1907 évoquent des rencontres régulières entre les deux responsables pour suivre de près l’enseignement dispensé. Mme Eigenschenck lui demande, dans une lettre du 27 février 1907, de lui indiquer «les jours dispensables de congé pour les fêtes arabes».Toujours concernant l’enseignement de l’arabe, elle écrit la même année au secrétaire général du gouvernement : «Il convient (il est même nécessaire) pour inspirer confiance au public musulman, d’élargir également le cercle des études arabes, littéraires et religieuses. C’est à cette condition seule que l’école pourra remplir son véritable but et produire des jeunes filles bien élevées mais restant profondément musulmanes. Sans cela, on risquerait d’avoir, comme à l’école israélite, des jeunes filles écervelées, n’étant ni arabes ni françaises, et dont personne ne voudrait» .
Pour sa part, l’enseignement manuel et ménager était dispensé par des institutrices qui familiarisaient les élèves avec la couture, la broderie, la dentelle, la chebka, le raccommodage, le repassage et le tricot. L’enseignement ménager, quant à lui, habituait les élèves à gérer les occupations quotidiennes dans une maison, à savoir le rangement et la cuisine. Quant à l’enseignement du français, il consistait à exercer les élèves à parler, lire et écrire cette langue qui servit plus tard à apprendre l’arithmétique, le calcul mental et à suivre de timides leçons de choses et de morale. En 1903, la littérature, l’histoire et les sciences apparaîtront dans les programmes. Quelques principes d’hygiène et de puériculture faisaient partie des matières enseignées en français.
A partir de 1910, les élèves eurent la possibilité de passer le Certificat d’études primaires. Une circulaire de février 1911 indique qu’enseignement et examens sont assimilés à ceux des écoles publiques de filles musulmanes où les programmes comportaient un enseignement général et un enseignement pratique: L’enseignement général occupant la moitié de l’horaire imparti était dispensé en français pour exercer à la rédaction, la dictée avec analyse et explication de mots , l’arithmétique, le calcul mental, le dessin, la morale, l’hygiène, la puériculture et l’éducation physique. En arabe, on apprenait la lecture, la langue et le Coran; cet enseignement occupait trois quarts d’heure par jour. L’enseignement pratique occupait l’autre moitié de l’horaire. Il était divisé en deux sortes d’enseignement, également réparties: un enseignement professionnel exerçant aux travaux manuels et un enseignement ménager.
Les épreuves d’examen étaient la rédaction, l’orthographe, l’arithmétique, des connaissances pratiques (ménage, hygiène, puériculture).On y ajouta, pour respecter la spécificité de l’Ecole Louise René Millet, une épreuve de langue arabe.
Dar el Bacha
Très lentement, les familles musulmanes prirent confiance et petit à petit s’enhardirent à envoyer leurs filles. On dut créer une première annexe rue Sidi-Essourdou, puis un peu plus tard une deuxième au 9, rue Monastiri, actuellement Dar Monastiri. En 1910, l’école fut installée au 20, rue Monastiri dans un vieux palais arabe. Enfin, la même année, la Jemaîa des Habbous accorda un crédit assez considérable pour la construction du bâtiment primaire dont le portail donnait rue du Pacha. Le bâtiment fut inauguré en 1912, il comportait même une petite infirmerie.
«Actuellement, les programmes de l’Ecole sont très orientés, en plus du français, vers les connaissances pratiques, les broderies d’art où nos jeunes filles excellent, les multiples leçons de choses, la puériculture, la géographie générale de la France et des pays musulmans, l’histoire du Protectorat de la France en Tunisie, de son action et de ses œuvres. Des leçons de morale combattant le fanatisme reviennent sans cesse sur l’esprit de tolérance. Les progrès de nos élèves sont d’autant plus étonnants qu’il ne faut pas oublier qu’elles étudient simultanément en deux langues, car, en plus de tout ce que comportent les programmes français, elles ont leurs professeurs d’arabe et de Coran». Très lentement, les familles musulmanes prirent confiance et s’enhardirent à envoyer leurs filles dans ce nouvel espace s’offrant à eux. Au bout de trois ans, elles étaient 30 et l’année suivante 500.
En 1924, un enseignement général s’inspirant des écoles primaires françaises fut mis en exercice à Dar el Bacha. S’y ajoutait un enseignement de sciences physiques et de sciences naturelles. Les cours d’enseignement de morale étaient maintenus. Les travaux manuels devenaient plus importants encore ainsi que les cours d’hygiène, de puériculture et d’enseignement ménager. Pour souligner la spécificité de l’enseignement dispensé dans son école, Mme Eigeinschenck demanda la création d’un «Certificat de fin d’études pour les jeunes filles musulmanes qui auront fréquenté, durant un minimum de deux ans, la première classe de l’Ecole Louise René Millet». Elle revint de nouveau à la charge en novembre 1926 en s’adressant au Directeur Général de l’intérieur :
«J’ai l’honneur de soumettre à votre approbation un projet de création d’un «certificat de fin d’études de l’Ecole Louise René Millet» devant remplacer pour nos jeunes filles musulmanes le « certificat d’études primaires» de la Direction Générale de l’Enseignement dont le programme ne correspond plus depuis que cette direction l’a modifié par arrêté du 1er mars 1924 à l’enseignement donné dans notre école. Vous connaissez le but très spécial de notre école, et comment nous nous efforçons de répondre à un double désir: d’une part donner une instruction générale suffisante, d’autre part, et pour satisfaire aux vœux des familles, orienter au maximum nos programmes vers les matières d’enseignement proprement féminins telles que l’économie ménagère, les travaux manuels féminins, la puériculture, l’hygiène domestique. Nous avons obtenu sur ce point des résultats remarquables, et les élèves qui quittent notre école, après l’avoir régulièrement fréquentée, sont capables non seulement de diriger un foyer avec intelligence et économie, mais aussi y apporter l’application d’un goût artistique que nous avons développé très largement, et des connaissances médicales importantes, puisqu’elles nous quittent, munies pour la plupart du diplôme d’infirmières auxiliaires de la Croix-Rouge».
Mais face au peu d’enthousiasme, voire la méfiance des parents, elle accepta la création du Certificat d’études primaires identique à celui qu’on passait dans les autres écoles publiques franco-arabes de jeunes filles musulmanes de la capitale. Aïcha Kadach, élève à l’Ecole Louise René Millet dans les années 30, nous a fourni ces détails précis concernant enseignants, élèves et programmes à cette époque : En 1ère année, Taja et Jamila Turki enseignaient l’alphabet français, le calcul et une fois par semaine l’alphabet arabe. Les élèves faisaient de la gymnastique sous le préau de l’école. En 2e année, Chérifa Boukhris leur enseignait le français, le calcul et, une fois par semaine, les exerçait à la construction des phrases.
Les cours de Coran et de gymnastique continuaient. En 3e année, Naïma Daoud les initiait aux problèmes de calcul. En 4e année, Mme Reffalo enseignait, en plus du vocabulaire et des dictées, la grammaire, la géographie et l’histoire de France.Une fois par semaine, un «mouderrass» âgé leur apprenait la grammaire et la conjugaison arabes. Dans la salle de couture, elles apprenaient la coupe et la couture. Une fois par semaine, elles s’exerçaient à réussir les jours, la chebka, la broderie de Nabeul, le point de croix. A l’infirmerie, elles étaient formées aux premiers soins d’hygiène et au secourisme. Le 25 août 1945, l’établissement se transforma en collège. Appliquant les programmes officiels de l’enseignement public, il abrita, outre les classes primaires, un centre de formation professionnelle et des classes secondaires préparant à la première partie du baccalauréat.
En octobre 1950, l’effectif de l’école était de 1.045 élèves se répartissant en dix-neuf classes primaires : (cycle A, préparant à l’examen d’entrée en 6e et au Certificat d’études) et six classes professionnelles (une classe professionnelle de la 3e industrielle sera créée en octobre 1951). L’enseignement primaire comportait un 1er cycle regroupant les 11e, 10e et 9e et appliquant un enseignement général officiel des écoles franco-arabes de garçons, un 2e cycle regroupant les 8e et 7e et offrant deux types d’enseignement : le type A préparant à l’examen d’entrée en 6e et au Certificat d’études primaires et le type B dispensant 11heures 30 d’enseignement par semaine et regroupant des «classes professionnelles». Consacré aux travaux manuels et arts traditionnels, il préparait en fin de cycle au Certificat d’études professionnelles (CEP). Quant à l’enseignement secondaire, il se résumait au départ en une classe, celle de 6e, où seulement 16 élèves étaient inscrites tandis que trois professeurs présidaient à sa bonne réussite : en arabe, en français, en mathématiques ; l’enseignement de l’histoire, la géographie et les sciences était partagé entre les 3 enseignants. Des cours consacrés au Coran et à l’Islam étaient aussi dispensés. En 1956, Zobeïda Amira, enseignant l’arabe dès 1945, puis première directrice musulmane à la tête de cet établissement en 1955, proposa le changement de l’appellation du Collège Louise René Millet en Collège de jeunes filles de la rue du Pacha. Cette institution préparait à la 1ère partie du baccalauréat depuis 1951. Aussi demanda-t-elle, en octobre 1957, à ce qu’elle prît l’appellation de «Lycée de Jeunes filles de la rue du Pacha».
Ce fut alors un florilège bouillonnant d’activités: poésie, théâtre, cinéma, jeux culturels, tables rondes et débats… La directrice ne lésinait sur aucun effort. Adhésions et création de clubs : 1952, adhésion à l’Association de la Jeunesse scolaire, 1955: adhésion à l’Association sportive féminine, créée par Samira Ben Ghazi, 1957: Club de musique et de chorale institués par Si Mohamed Triki et Mme Rallo, 1957: Ciné-club animé par Sophie El Goulli, 1960: adhésion au Club Jeunes Sciences, 1963: création d’une Caisse de solidarité…Une revue scolaire mensuelle, Amalouna, vit le jour au lendemain de l’Indépendance. Entièrement rédigée en arabe par les élèves, elle regroupait en une trentaine de pages des articles ronéotypés portant sur des sujets divers. Au fur et à mesure des années, l’anglais, la chimie, la physique, la musique firent leur apparition. Dès les années 50, le lycée était une véritable ruche où les élèves avides de savoir et animées d’une volonté d’acier se surpassaient dans toutes les matières, même en gymnastique. Ainsi, grâce à leur professeur Mme Grorud, elles remportèrent les championnats scolaires de course, de saut en hauteur, de volley-ball et de hand-ball ; elles s’initièrent même à l’escrime… Samira Benghazi-Bouzid rend compte de cet état d’esprit :
«J’ai enseigné cinq ans au Lycée de la rue du Pacha (octobre 51 à juin 57). J’y ai retrouvé des esprits assoiffés de sciences et de connaissances. J’ai découvert chez mes élèves une grande avidité pour les études, elles étaient animées d’une véritable fièvre de réussite, j’ai aussi trouvé en elles une avidité de liberté : s’affranchir des chaînes de l’ignorance et du sous-développement, s’affranchir des chaînes de la famille traditionnelle qui privait pour la plupart du temps ses filles de l’école. Aussi étudiaient-elles avec passion et désir ardent. Il n’était pas alors question de paresse, de jeu, d’insouciance, de contrainte…».
Par rapport à la section moderne, la section sadikienne appliquait un enseignement similaire à celui des élèves du Collège Sadiki et formait des bilingues confirmées (langue et culture). Le Professeur Ahmed Abdessalem, qui a été l’un des pionniers de cet enseignement qu’il dispensait à la fois au Collège Sadiki et au Lycée de la rue du Pacha, témoigne à ce sujet:
«Les élèves étaient réceptives au cours de littérature, d’explication de textes classiques, comme la poésie par exemple. Elles découvraient des horizons nouveaux, elles appréciaient à travers les études de textes la beauté de la langue arabe et sa capacité de précision dans la description, d’analyse de sentiments et d’expression de la pensée la plus élevée. Je suis heureux d’avoir contribué par cet enseignement à ancrer mes élèves dans la culture arabe».
L’enseignement de la section sadikienne aboutissait, outre le baccalauréat français, au diplôme de fin d’études du Collège Sadiki. En 1954, l’école Dar el Bacha présenta pour la première fois des candidates à ce diplôme. Elles y réussirent brillamment.
Anne-Marie Blondel témoigne à ce propos:
«Nous menions en classe, avec les sections sadikienne et moderne, une existence sérieuse, laborieuse que les élèves prolongeaient par un travail assidu à la maison : explication de textes, compositions françaises ou dissertations, lecture d’œuvres suivies, réflexion grammaticale, telles étaient nos principales activités.(…)Nous nous livrions à des exercices de style, petits paragraphes circonstanciés élaborés en travaux dirigés individuels : je me rappelle un portrait de Bélise(nous étudions alors «Les Femmes savantes» de Molière) à la manière de La Bruyère, ironie incluse, à faire rêver tout professeur de français du second cycle, aujourd’hui ! Ces élèves qui, pour la plupart, représentaient dans leur famille la première génération de lycéennes, étaient si motivées! (…) Le lycée était un établissement convivial: les collègues se connaissaient, avaient des échanges concernant leurs élèves, la vie culturelle et familiale. Je pense tout spécialement à la collaboration avec certains collègues de lettres arabes avec lesquels nous menions nos élèves au baccalauréat, mais qui malheureusement pour nous, heureusement pour d’autres! nous quittaient trop vite pour enseigner à la faculté».
Néziha Mezhoud-Naanaa explique en ces termes l’émulation des élèves:
«Désormais les élèves de la rue du Pacha, 1er lycée de jeunes filles musulmanes du protectorat, du moins à Tunis, étaient investies d’une nouvelle mission, celle de participer à la construction d’un jeune Etat tunisien indépendant. Cette période cruciale a accéléré notre connaissance de la vie, notre maturité. L’enthousiasme, mêlé de fierté qui nous animait, n’avait de pareil que l’espoir qu’a fait naître chez tout Tunisien de quelque horizon qu’il soit, cet événement historique. On s’est épanoui dans cette nécessité de travailler et de ce fait « la jalousie » (positive ), la concurrence, la compétition qui a jailli entre les filles de la rue de Russie (Lycée Armand Fallières d’alors) et pas seulement entre les filles, on s’est également attaqué au bastion de Sadiki (…) Ce défi, ma génération cherchera toujours à le relever, sans peut-être que nous ayions conscience du chemin à parcourir».
A cette période, l’enseignement secondaire devenant de plus en plus important, il fallut trouver une solution pour le primaire qu’on déplaça dans le quartier de la Hafsia. Quant au Centre de formation professionnelle, et malgré une aura certaine, il fut petit à petit concurrencé par les classes d’enseignement général et moderne qui éveillaient plus d’intérêt auprès des élèves et de leurs parents, car offrant plus de débouchés. Il disparut peu à peu. C’est ainsi que le Lycée de jeunes filles de la rue du Pacha atteint sa vitesse de croisière : des cours de calligraphie, dactylographie, informatiques sont instaurés ; les élèves subissent les mêmes examens secondaires que les garçons, on leur applique toutes les réformes, les sections maths, sciences, lettres, économie voient le jour. La première école de filles musulmanes a aujourd’hui le statut d’une institution secondaire de second cycle (telle qu’elle existe sur tout le territoire), mixte, elle forme efficacement de jeunes Tunisiens et Tunisiennes prêts à affronter les défis du XXIe siècle. Elle sut former sainement les futurs cadres de la Tunisie. Quelle spectaculaire évolution ! Grâce à une poignée de femmes et d’hommes clairvoyants et courageux, la chrysalide a donné naissance à des générations de femmes évoluées sur lesquelles la Tunisie post-Indépendance a pu compter pour prendre son envol.
A.B.B.