Le taux d'intérêt directeur de la BCT, élevé de 25 points de base, est porté à 3,75%
La Banque centrale de Tunisie a décidé d’augmenter son taux d’intérêt directeur de 25 points de base pour le porter à 3,75%. La décision a été prise par le conseil d’administration de la banque réuni sous la présidence du gouverneur Chedly Ayari, qui, après avoir passé en revue la conjoncture économique, monétaire et financière au cours des sept premiers mois de l’année 2012, a constaté la persistance des tensions inflationnistes à des niveaux élevés.
Lors de l’examen des dernières évolutions de la situation économique et financière nationale, le Conseil d’Administration a enregistré la poursuite de la consolidation de certains indicateurs relatifs à l’importance de la production agricole notamment céréalière et l’affermissement du rythme d’activité dans le secteur des services en rapport, en particulier, avec la poursuite du bon déroulement de la saison touristique ainsi qu’aux signes de reprise du rythme de l’investissement par le biais de la hausse des flux d’investissements directs étrangers.
L’amélioration de ces facteurs reflète une évolution positive qui reflète une mutation de l’économie d’une période de récession et de stagnation qui a marqué l’année 2011 vers une nouvelle dynamique de développement ce qui va permettre la réalisation d’un taux de croissance positif de l’ordre 3,5% tel que prévu par le budget économique pour l’année 2012.
Toutefois, certaines évolutions défavorables observées dans le processus du développement en Tunisie doivent être suivies de près, notamment la situation des paiements extérieurs.
Dans ce contexte, le Conseil a relevé la poursuite de la hausse des importations au cours des sept premiers mois de l’année 2012 (14,6% contre 3,4% un an auparavant), notamment les importations de l’énergie, des produits de consommation et des biens d’équipement, à un rythme plus rapide que celui des exportations (3,7% contre 10,2%) relatives aux secteurs du textile, habillement, cuir et chaussures et des industries mécaniques et électriques qui ont été affectées par le repli de la demande extérieure notamment celle provenant de la Zone Euro.
Par ailleurs, et en dépit des excédents enregistrés au niveau de la balance des services et de de la balance des revenus des facteurs et des transferts courants en rapport avec la hausse des recettes touristiques et des revenus de travail, le déficit courant s’est aggravé pour atteindre 3.663 MDT ou 5,2% du PIB durant les sept premiers mois de l’année en cours contre 2.369 MDT et 3,7% au cours de la même période de l’année 2011.
Néanmoins et malgré ces pressions, les avoirs nets en devises se sont stabilisés au niveau de 10.333 MDT ou l’équivalent de 102 jours d’importation à la date du 28 août 2012.Toutefois, il est impératif d’œuvrer à la maitrise du déficit courant et particulièrement le déficit commercial en vue de limiter ses effets sur les équilibres extérieurs.
Sur le plan monétaire, le Conseil a relevé l’accroissement des besoins des banques en liquidité, ce qui a amené la Banque centrale à poursuivre ses injections pour la couverture de ces besoins qui ont atteint 5.255 MDT au cours des 28 premiers jours du mois d’août contre 5.185 MDT au cours du mois de juillet dernier et 4.788 MDT au cours du mois de juin 2012.
Par ailleurs, les concours à l’économie ont poursuivi leur hausse au cours des sept premiers mois de l’année 2012 (6,3%) à un rythme moins rapide que celui enregistré au cours de la même période de l’année 2011 (9,3%). Il est à noter que le taux enregistré en 2011 comprend, en grande partie, le financement de deux importantes opérations portant sur l’acquisition d’un navire de la part de la Compagnie Tunisienne de Navigation et l’acquisition d’actions d’un opérateur de téléphonie mobile.
Par ailleurs et suite aux pressions enregistrées sur le marché monétaire, le taux d’intérêt a poursuivi sa hausse pour atteindre 3,85% au cours du mois de juillet dernier contre 3,64% au cours du mois de juin 2012. Ce taux a atteint le 28 août courant 3,98%.
Eu égard à la situation de liquidité enregistrée sur le marché monétaire, le Conseil recommande de prendre les mesures nécessaires pour une politique monétaire plus active accompagnée d’une rationalisation des interventions de la Banque Centrale, pour tenir compte des décaissements des dotations prévues par le budget de l’Etat et ce, dans le cadre de la réalisation des projets programmés dans la loi de finances complémentaire pour l’année 2012.
Ainsi et afin de garantir la stabilité financière escomptée, le Conseil a insisté sur la nécessité d’œuvrer à la coordination entre les politiques économiques et la politique monétaire.
Concernant l’évolution des prix, le Conseil a enregistré la poursuite des pressions inflationnistes au cours du mois de juillet durant lequel le glissement annuel de l’indice général des prix s’est élevé à 5,6 % contre 5,4% au cours du mois de juin 2012 en relation, notamment, avec la hausse des prix des produits alimentaires. Encore faut-il signaler, à cet égard, que toutes les données disponibles relatives à la demande intérieure et l’évolution des prix de certains produits de base sur les marchés internationaux laissent prévoir une poursuite des pressions inflationnistes au cours de la période à venir.