Mokhtar Jalali : le premier des ministres de la révolution à déposer son témoignage
Me Mohamed Mokhtar Jalali, ancien ministre de l’Agriculture au lendemain de la révolution, sous le gouvernement Ghanouchi puis Caïd Essebsi, sera le premier parmi ses pairs à livrer son témoignage sur cette période cruciale, mais aussi celle qui l’a précédée. Invité par la Fondation Temimi, dans le cadre du Séminaire sur la Mémoire Nationale et l’Histoire du Temps Présent. Il y évoquera, ce samedi 8 septembre, les conditions de sa prise de fonctions, l’état où il a trouvé le ministère de l’Agriculture et sa participation au gouvernement, dans une phase aussi délicate, avant de passer la main, à l’issue du scrutin du 23 octobre, à son successeur, Mohamed Ben Salem, d’Ennahdha.
Son témoignage sera donc instructif, tout comme son analyse de la situation qui prévaut actuellement dans le pays. Surtout, avec en background, son passé militant au sein de l’UDU, son mandat de député à l'Assemblée nationale (1999-2004) et son engagement au côté de son épouse, Néziha Rejiba, Oum Zied, dans le combat pour la démocratie. L’intérêt de cet exercice réside aussi dans la session de questions-réponses permettant aux historiens et à un public d’intéressés de poser leurs questions à l’invité et de solliciter ses éclairages précis sur nombre de zones d’ombres qui persistent encore.
Lors d’une première séance tenue le 1er septembre, Me Jalali avait retracé son parcours, passant en revue ses études jusqu’à la faculté de Droit, le début de sa carrière professionnelle au sein d’entreprises nationales et sa contribution avec un groupe de cadres de Kairouan, Sidi Bouzid et Kasserine à la création de la Ligue du Centre pour le Développement Intégral dans le but de promouvoir cette région déshéritée. Comme nous le résume Pr Abdeljélil Temimi, il avait également évoqué les luttes intestines qui minaient l’UDU, les concepts contradictoires des partis, la domination totale du RCD sur les rouages de l’Etat, donnant un aperçu des accrochages à l’intérieur de la Chambre des Députés lors de son mandat au cours duquel il a souvent réclamé la séparation de l’Etat du parti au pouvoir, la liberté d’expression, l’instauration d’un équilibre développement régional, l’indépendance de la justice, de même qu’il a parlé de son attitude vis-à-vis du référendum, de la loi sur le terrorisme soulignant qu’il a demandé l’amnistie générale au profit de tous les détenus politiques et d’opinion.
Aussi a-t-il été un opposant actif qui n’hésitait pas à dévoiler les vérités et à dénoncer les abus. D’où les harcèlements policiers, les tentatives de déstabilisation et d’isolement social et professionnel visant par tous les moyens à le soumettre. Sa famille en a également pâti. Ils ont fini par le mettre en prison pour un délit qu’il n’a pas commis.