Encore un sondage... à nul autre ressemblant
L’opinion publique tunisienne serait-elle à ce point versatile qu’elle change presque chaque jour d’humeur. La grande dissemblance des sondages d’opinion récents porterait à le croire.
Un nouveau sondage réalisé par Sygma Conseil pour le compte d’« Al-Maghreb » et que le quotidien publie ce jeudi affiche des conclusions d’un niveau de décalage tel en comparaison avec les précédents, pourtant récents, qu’on pourrait s’interroger si d’un même peuple il s’agit.
Ainsi Sygma Conseil crédite Ennahdha de 36,4 % d’intentions de vote alors que le baromètre électoral d’il y a juste une semaine situait le parti islamiste à 22,3 % (14 points en moins) selon un sondage FSSA et à 31 % pour 3C. En ce qui concerne Nidaa Tounès, toujours en seconde position, tout de même, la variation est encore plus marquée. Si le nouveau sondage attribue au parti de Béji Caïd Essebsi un score élevé de 27,5 %, FSSA ne lui concédait que 7,9 %, soit… 20 points en moins, alors que 3C le plaçait nettement plus haut à un peu moins de 21 %.
Le changement au niveau du classement des poursuivants est tout aussi frappant. Relégués dans les profondeurs du tableau voilà peu de temps avec de petits scores, le CPR du président de la République Moncef Marzouki et Ettakattol du président de la Constituante Mustapha Ben Jaafar se retrouvent respectivement 3e à 12,3 % et 4e à 6,4 %, devançant ainsi le Parti des travailleurs de Hamma Hammami qui rétrograde à la 5e place à 3,6 % des intentions de vote alors que deux sondages précédents le donnaient 3e.
Autre constat surprenant du sondage de Sygma Conseil: le parti islamiste ultraconservateur Hezb Attahrir y devance des formations charnières de l’actuelle opposition parlementaire comme Al-Joumhouri (2 %), Al-Massar, voire Al-Aridha, arrivé deuxième par le nombre de sièges aux élections d’octobre dernier.
Une certitude, néanmoins : d'un sondage à l'autre, la tendance à la bipolarisation se confirme. Ennahdha vs Nida Tounès. Plus que deux partis, ce sont deux projets de société qui s'affrontent. On ne sait pas trop s'il faut s'en réjouir ou s'en plaindre. Mais ce qui est sûr, c'est que cette bipolarisation n'est le reflet d'une société tunisienne clivée comme elle ne l'a jamais été.