L'égalité entre femmes et hommes : Un enjeu de santé, de développement et de démocratie
Durant l’année 2011, les soulèvements populaires qui ont fait éclore le « printemps arabe » ont balayé en quelques semaines des dictatures installées depuis des décennies et jugées inexpugnables (Tunisie, Egypte, Lybie, Yemen). Et la liste n’est pas close. Ces révolutions ont été conduites par des jeunes gens qui réussirent à rallier la population, tous âges, sexes et catégories sociales confondus. Les mots d’ordre étaient « liberté, dignité, démocratie ».
Pour la première fois dans leur histoire, les Tunisiens étaient appelés à se prononcer sur leur avenir, et à choisir un régime politique et un projet de société, après avoir connu, depuis l’Indépendance le pouvoir autocratique « éclairé » de Bourguiba et le règne « obscur » d’une oligarchie, celle du clan Ben Ali.
La majorité clamait sa volonté d’instaurer un régime républicain démocratique qui garantisse l’exercice du pouvoir par le peuple (demos, peuple, cratos, pouvoir) et la participation effective de tous les citoyens aux décisions les concernant (res publica, chose publique), estimant que les affaires de la cité sont du ressort de TOUS les citoyens.
A la faveur des premières élections libres, ces révoltes spontanées, sans encadrement, sans directives ni leaders, ont été récupérées par les professionnels de la politique les mieux structurés dans une opposition de dizaines d’années, en l’occurrence les islamistes que le verdict des urnes porta au pouvoir.
Leurs premières prises de position de gouvernants exprimèrent sans grande ambiguïté leur projet d’établir une « démocratie » où les femmes ne seraient que des citoyennes de seconde zone. La première mesure dont on peut contester l’urgence fut d’autoriser le port du foulard dit islamique sur les photos d’identité avant d’ouvrir un débat souvent violent sur le port du niqab dans l’espace public, y compris universitaire. L’on s’interrogea aussi sur leur éligibilité à la présidence de la République? L’on glosa sur les « mariages coutumiers », envisageant en d’autres termes le rétablissement de la polygamie. Et cerise sur le gâteau, on suggéra de leur refuser l’égalité avec les hommes pour leur proposer un statut de « complément ». Ainsi, l’article 28 du projet de Constitution dispose que « l’État assure la protection de la femme dans ses acquis sur le principe de complémentarité avec l’homme au sein de la famille et en tant qu’associée de l’homme dans le développement de la patrie ». En tant que psychiatre, je pourrais m’en réjouir, car le besoin de « complément » trahit à l’évidence le « manque », mais ce n’est pas sur le divan d’un psychanalyste que nos honorables représentants se sont exprimés mais sur les bancs moins moelleux de l’ANC. Et la Constitution est interprétée par des juristes à la lettre. Et la lettre désigne les femmes comme des mineures à protéger dont le rôle sera toujours secondaire par rapport à l’homme, dont la définition même continue à se poser par rapport à l’homme. Et voilà comment on efface d’une phrase un demi-siècle d’émancipation. Le photomontage suivant l’illustre dramatiquement :
Mais comment peut-on envisager une démocratie sans femmes ? Commençons par interroger la démocratie ? L’Histoire nous enseigne que la citoyenneté avec tous ses privilèges comme le droit de vote n’a pas toujours été accordée à l’ensemble de la population mais en fonction de critères tenant au statut social (hommes libres), à la race (blanche), à la religion dominante, aux classes (supérieures) et au sexe (hommes). Ce fut le cas des deux mères de la démocratie, la Grèce et la France. A Athènes, sur les 200 000 habitants que comptait la Cité, seuls 20% (40000) participaient à la gestion des affaires. Etaient exclus, les femmes, les esclaves, les hommes des classes inférieures et les métèques (résidents étrangers). En France, en 1791, ne pouvaient voter que les hommes âgés de plus de 25 ans, inscrits sur les listes de la garde nationale, payant un impôt équivalent à dix jours de travail. Le suffrage universel instauré en 1789 ne sera généralisé qu’en 1848 à tous les hommes et appliqué aux femmes en 1944 !
Il apparait que depuis la naissance de la démocratie et jusqu’à une date récente, les femmes ont systématiquement été exclues de la vie publique dans tous les pays du monde! Elles ont été les dernières à conquérir les privilèges de la pleine citoyenneté et encore … pas partout! Cette conquête a été, en effet, bien tardive. Le droit de vote a été accordé aux femmes pour la première fois en 1893 en Nouvelle-Zélande (et d’éligibilité en 1919), … en 1944 en France (100 ans après les hommes) et en 1972 dans le dernier canton Suisse! Et cette conquête reste inachevée : Le droit de vote n’a été accordé aux femmes qu’en 1999 au Qatar, en 2003 à Oman, en 2005 au Koweït (mais refusé par les tribunaux islamiques) et en 2006 aux EAU (limité jusqu’en 2010). Certains pays accordent le droit de vote aux femmes mais posent des restrictions ou des conditions. À certains endroits, elles doivent donner la preuve d’un niveau d’éducation suffisant, ce que les hommes n’ont pas à faire. L’Arabie Saoudite est aujourd’hui le seul pays au monde à ne pas accorder le droit de vote aux femmes, mais il faut préciser que ce pays n’organise que des élections municipales et seulement depuis 2005. La Tunisie est le premier pays AM à avoir accordé le droit de vote aux femmes et le second pays musulman après la Turquie (années 30). Faut-il s’étonner qu’elle ait été l’initiatrice du « printemps arabe »? Ce n’est pas le cas de Bernard Lewis, historien de l’Islam, qui dans une interview au Nouvel Observateur du 25 Aôut 2011 déclarait : « Je serai optimiste dans le cas de la Tunisie et plus prudent en ce qui concerne l’Egypte … Il faut garder présent à l’esprit une caractéristique très importante de la Tunisie : l’éducation obligatoire pour les jeunes filles depuis la petite enfance. C’est le seul pays musulman qui accorde aux femmes des droits égaux à ceux des hommes ».
Malheureusement, ces droits ne semblent pas intangibles. ? Au cours du « printemps arabe », dans tous les pays, les femmes ont accompagné les hommes dans les manifestations de révolte contre la dictature … Et pourtant, après la victoire, elles sont menacées d’être à nouveau exclues de l’espace public: en Egypte, aucune femme ne figure dans les instances décisionnelles et en Tunisie, elles sont une minorité et sommées par les partis religieux de « rentrer à la maison », de « retrouver leurs cuisines »! Olympe de Gouges paya de sa vie (elle fut guillotinée en 1793) sa prétention à l’égalité citoyenne et son amère conclusion est d’une brûlante actualité : « Je remarque que dans les luttes, les femmes doivent toujours lutter deux fois plus que les hommes : une fois avec les hommes, pour le changement de régime, et la deuxième fois pour qu'elles ne soient pas en reste du changement ».
Je ne vais pas défendre l’égalité car l’inégalité est indéfendable! Je ne vais pas la défendre au seul nom des Droits de l’Homme qui n’engagent que ceux qui y croient, et certainement pas les intégristes qui les limitent précisément … aux hommes avec un petit « h » …
Je vais démontrer que la discrimination contre les femmes se paie au prix le plus fort par les sociétés qui continuent à l’exercer, car elle menace directement leur santé voire leur vie et celle de leurs enfants, elle entretient le sous-développement d’un pays et fait le lit de la dictature.
Un enjeu majeur de sante
La discrimination contre les femmes est une question de vie et de mort, peut-on lire dans le rapport 2003 du FNUAP.
Cent millions de femmes sont aujourd’hui portées manquantes dans le monde, victimes d’avortements sélectifs ou de décès prématurés par infanticide ou négligence. Elles seront deux millions supplémentaires à ne pas naître cette année. Selon les meilleures estimations, toutes les quatre minutes, une petite indienne meurt à cause de la discrimination sexuelle. Deux millions de petites filles meurent de faim chaque année parce que leurs parents ont préféré nourrir et soigner leurs frères.
Rappelons que la préférence pour les garçons a été fermement condamnée par l’Islam. « Quiconque a une fille et ne l’enterre pas vivante, ne la blesse pas et ne lui préfère pas le fils, Dieu l’accueillera dans son Paradis » a dit le Prophète qui se félicitait d’être « Abou El Banat ». Et pourtant, selon une dépêche de l’AFP du 17 janvier 2011, « L'infanticide ne cesse d'augmenter dans la conservatrice république islamique du Pakistan, […]. 1.210 bébés ont été abandonnés ou tués dans le pays en 2010, contre 999 en 2009 et 890 en 2008, … La plupart sont âgés de moins d'une semaine. 90% des enfants trouvés morts sont des filles». Dans ce même pays, selon une étude d’Aftab (2001), 25% des nouveau-nés de sexe féminin sont sous-alimentés et exposés au risque conséquent de retards de développement staturo-pondéral et d’insuffisance de défenses immunitaires contre les infections. Quand ces enfants survivent et se marient, elles peuvent devenir une des 30000 femmes qui meurent en couches chaque année. Et les violences ne s’arrêtent pas à la naissance. Toutes les secondes, une petite fille est excisée, avec des conséquences parfois fatales et toujours dramatiques (y compris et surtout dans les pays non musulmans) ; toutes les minutes, une femme meurt en couches faute de soins appropriés ; toutes les deux heures, une femme est brûlée vive en Inde ; tous les ans, 5000 femmes sont victimes de « crimes d’honneur » (surtout dans les pays musulmans). Mais l’inégalité tue partout : des dizaines de milliers de femmes tombent chaque année sous les coups de leurs partenaires (en France, une tous les trois jours, aux USA, quatre par jour). Aux USA, le nombre de femmes tuées par leurs maris au cours des dix dernières années a dépassé le nombre de soldats tués au Vietnam. Au Bangladesh, les meurtres de femmes par leurs maris représentent la moitié de tous les cas de meurtres. Et la liste n’est pas exhaustive. Evoquons les viols collectifs devenus une « arme de destruction massive », le trafic de femmes (trois millions de filles et de femmes sont prisonnières de l’esclavage sexuel), les violences sexuelles (75000 viols de femmes en France chaque année), l’exécution de femmes pour « rapports sexuels illicites » dans certains pays musulmans etc.
Les auteurs de « La moitié du Ciel » ne craignent pas de parler d’un véritable « gynécide ». De fait, « ces cinquante dernières années, plus de femmes ont été tuées parce qu’elles étaient des femmes que d’hommes ne l’ont été sur les champs de bataille du XXe siècle ». De fait, alertent-ils, « l’élimination quasi-systématique de la femme à venir est en marche dans une grande partie de l’Asie ».
La discrimination contre les femmes menace leur santé mentale et celle de leurs enfants. Tous les professionnels de santé mentale savent bien que les femmes paient le plus lourd tribut aux troubles mentaux: elles sont au moins DEUX FOIS plus exposées que les hommes à développer des troubles dépressifs qui sont la première source de handicap dans le monde. Par-delà les facteurs biologiques, notamment hormonaux, tous les auteurs incriminent la discrimination dont les femmes sont victimes pour expliquer cette plus grande vulnérabilité. L’OMS statuait de même en 1998 : La santé des femmes est inextricablement liée à son statut dans la société; elle pâtit de la discrimination et bénéficie de l’égalité.
La gravité de la dépression est liée surtout à son potentiel suicidaire et son impact sur la santé des enfants. Mères déprimées, enfants en danger ! Une femme sur 10 développe une dépression dans l’année qui suit la naissance d’un enfant. La dépression maternelle peut affecter sévèrement les interactions entre la mère et le nourrisson et perturber le développement psychoaffectif de l’enfant, entraînant des retards de développement et exposant au risque d’apparition de troubles psychiatriques. Ces troubles peuvent affecter le tiers (34%) des enfants de mères dépressives et le risque sur la vie s’élève à 45%.
Les comportements suicidaires représentent un problème majeur de santé publique pour les jeunes filles et femmes à travers le monde (OMS 2009). Ils représentent la cinquième cause de mortalité dans la tranche des 25-44 ans avant les accidents de la circulation.
Une revue récente de la littérature (Razaïen, 2010) rapporte une montée en fréquence des suicides parmi les jeunes femmes dans des pays islamiques (Arabie Saoudite, Iran, Pakistan, Turquie). A titre d’exemple, l’incidence des suicides par ignition à Ispahan (Iran) est trois fois plus élevée chez les femmes que chez les hommes. Ces suicides concernent surtout des femmes jeunes âgées en moyenne de 20.7 ans. L’auteur les impute à ce qu’il appelle les quatre « M »: Méthode (létale), Mental (Trouble), Mariage (forcé) et Masculine (domination). Et conclut : « Ce que révèlent ces conduites, accomplies par des femmes jeunes, mariées, analphabètes et pauvres, c’est la souffrance de ces femmes dans des sociétés patriarcales, conservatrices ». C’est également la conclusion de l’OMS en 2009 : « Dans certaines cultures, les inégalités sociales et l’appartenance à des familles patriarcales, sont des facteurs de risque du comportement suicidaire féminin ».
Un enjeu majeur de développement
Bourguiba avait parfaitement compris que la participation des femmes à la vie publique était une condition nécessaire au développement du pays, car « une société qui se prive de la moitié de ses membres est comme un corps frappé d’hémiplégie », donc sévèrement handicapé et condamné à stagner voire régresser, et dans le meilleur des cas à claudiquer. Cette thèse avait déjà été développée dès le XIX° siècle comme le rappelle Bernard Lewis : « Aux XVIII et XIX siècles, lorsque les musulmans ont pris douloureusement conscience du fait que l’Occident les avait dépassés, ils se sont mis à débattre des causes de leur déclin, pour lequel ils ont évoqué toutes sortes d’explications : militaires, politiques, économiques, sociales. Dans les années 1860, un auteur turc nommé Namik Kemal a avancé pour la première fois une idée nouvelle : si nous sommes tellement en retard, expliquait-il, c’est en raison de la manière dont nous traitons nos femmes. Nous nous privons des talents et des compétences de la moitié de notre population, notamment en abandonnant son éducation à des mères ignares et opprimées. Il avait raison ; le traitement de la population féminine par les Occidentaux n’a pas toujours été un modèle d’égalité, mais il est très supérieur à ce qui se pratique dans le monde musulman. »
C’est pourquoi l’égalité entre les genres figure parmi les huit OMD (objectifs du Millénaire pour le Développement) fixés par l’ONU, au même titre que l’éradication de l’analphabétisme, de la faim, de la pauvreté, et des maladies épidémiques. C’est pourquoi, la Banque Mondiale affirme que « If development is not engendered it will be endangered”. De même, Cyril Grislain Karray, consultant international pour les questions de développement, préconise, dans son opus sur « La prochaine guerre en Tunisie: la victoire en CINQ batailles », de « Placer les femmes en première ligne ».
De fait, toutes les études attestent de la plus grande réussite scolaire de la gent féminine à tous les niveaux de l’éducation partout dans le monde. Dans le domaine professionnel, les femmes sont « plus consciencieuses, plus productives, plus responsables et plus adaptatives sur le marché du travail ». Le Hedge Found Research a démontré que les fonds financiers dirigés par des femmes donnaient des rendements deux fois supérieurs à ceux dirigés par des hommes et résistaient deux fois mieux aux crises. Ce qui a fait dire à Christine Lagarde, Directeur Général du FMI, que si Lehman Brothers s’était appelé « Sisters », le monde n’en serait pas là où il est. Au niveau politique, les femmes députées aux USA obtiennent plus de budgets d’investissements pour leurs circonscriptions et passent plus de lois que leurs collègues masculins du Congrès (et ce n’est pas en jouant de leurs charmes, contrairement à ce que l’on a tendance à penser, ne serait-ce que parce qu’une majorité de leurs collègues n’y est pas sensible). De même, l’investissement privilégie les femmes. Ainsi La Grameen Bank de Mohamed Younous, Prix Nobel de la paix pour avoir fondé le micro-crédit, ne prête qu’aux femmes et aux épouses, pour être sûre que le crédit sera bien utilisé et remboursé. L’auteur conclut que les femmes sont capables de plus grands sacrifices et de plus grande empathie envers leur prochain, des qualités capitales pour la guerre économique.
Est-ce-à dire que les femmes sont plus intelligentes que les hommes ? Certes non. L’intelligence est équitablement rétablie entre les deux sexes. Mais les filles sont plus motivées car elles ont appris qu’elles devaient fournir plus d’efforts que leurs frères pour conquérir une place au soleil. Les garçons sont au contraire élevés dans le sentiment de leur supériorité naturelle sur les filles et ne voient pas de raison particulière de faire des efforts pour obtenir ce qui est déjà acquis, une position sociale dominante. Contrairement aux filles, on ne leur inculque pas le sens de l’effort, du sacrifice, de la compétition, de l’ambition.
Un enjeu majeur de démocratie
L’inégalité dans la couple parental crée un dangereux précédent. Là où les familles oppriment les femmes, les gouvernants finissent par réprimer tous les citoyens. Il n’est que de constater la corrélation entre le déficit démocratique et l’inégalité entre hommes et femmes! Il est intéressant de rappeler que Franco avait aboli le droit de vote des femmes en Espagne en établissant la dictature ? C’est bien reconnaître qu’elles sont un rempart contre la tyrannie. Une chansonnette indienne dit les choses autrement : « Si les filles sont insultées, maltraitées et asservies dans un pays, mets ta main sur ton cœur et demandes-toi, ce pays est-il vraiment indépendant ? ».
L’inégalité dans le couple parental propose aussi un très mauvais exemple. Les enfants élevés dans des familles où la mère n’est pas l’égale du père et où il n’y a pas de place pour le dialogue, la liberté d’opinion et la concertation auront tendance à reproduire la même hiérarchie et le même fonctionnement vertical dans la société. La famille dite patriarcale est une école de la soumission et de l’inégalité (hommes/femmes, aînés/ cadets, parents/étrangers etc.).
L’inégalité dans le couple parental est une école antidémocratique. Si hommes et femmes ne sont pas égaux, pourquoi les hommes le seraient-ils entre eux ? Si le pouvoir n’est pas partagé dans la famille, pourquoi le serait-il dans la société ? Si la décision n’est pas discutée par les membres de la famille, pourquoi en serait-il autrement ailleurs ? Si un individu n’est pas maître de sa destinée comment pourrait-il maîtriser ou au moins influer sur celle de son pays ?
L’égalité entre les sexes ouvre la voie à une société démocratique car elle est la première des égalités. Le président Bourguiba l’avait bien compris qui entendait, « en émancipant la femme, … faire évoluer l’ensemble de la société car le progrès de la femme est lié à celui de l’homme et le progrès de l’homme à celui des structures sociales ».
Voilà le prix à payer pour la domination masculine, voilà comment l’infériorisation des femmes aboutit à dévaloriser les hommes, compromettre leur santé et celle de leurs enfants, à entretenir le sous-développement du pays, à faire le lit de la dictature et à menacer la paix entre les peuples de cultures différentes.
Et c’est malheureusement le cas des pays musulmans : « Les pays où les femmes sont mises à l’écart, privées d’instruction ou d’emplois et sujettes à des violences systématiques, tels les crimes d’honneur et les excisions, sont majoritairement musulmans. En 2008, sur les 130 pays classés par le Forum économique mondial en fonction du statut des femmes, huit des dix derniers étaient musulmans. »
Pour une société pacifiée, démocratique et développée
Il faut évidemment parachever l’égalité citoyenne entre hommes et femmes car de nombreuses discriminations continuent à frapper les femmes partout dans le monde malgré des avancées indéniables, comme l’écart des salaires à travail égal. Dans notre pays, l’héritage, le mariage de la tunisienne avec un non-musulman etc. Il faut ratifier sans réserve la CEDAW. La loi est nécessaire mais insuffisante comme le disait Mao-Tsé-Toung : Certes, en matière d’émancipation des femmes, il faut commencer par donner l’égalité juridique, mais à partir de là, TOUT RESTE A FAIRE …
Ce qu’il reste à faire, c’est ramener non pas les femmes mais les pères à la maison. La véritable inégalité qui est à la source de tous les maux est la supériorité incontestée des mères sur les pères dans l’espace privé et surtout dans l’EDUCATION DES ENFANTS partout dans le monde et surtout dans les pays arabo-musulmans où les enfants (en particulier les garçons) sont livrés sans partage aux mères jusque l’âge de 6-7 ans. Des années décisives ainsi que le soulignait le père de la psychanalyse : « Faites-y bien attention, le plus curieux dans la vie de l’enfant me parait être ceci : il accomplit toute son évolution dans les cinq premières années de sa vie ». Une étude auprès de milliers de familles tunisiennes (PAPFAM 2001) a montré que les mères étaient deux à quatre fois plus impliquées dans l’élevage des enfants (éducation, scolarité, santé, sanction) que les pères.
Et le psychanalyste canadien Guy Courneau d’ajouter : «Contre toute attente, des fils qui ont vécu une relation intense avec leur mère […] ne deviennent pas des hommes qui sont proches des femmes mais des hommes qui bien souvent ont peur des femmes ».
L’issue est de faire place au COUPLE PERE-MERE :
C’est dans un modèle de rapports d’égalité et de complémentarité, de dialogue et d’échanges, de prise et de partage des responsabilités, que leurs parents leur offriront, que les hommes et femmes de demain seront des citoyens égaux en droits et en devoirs dans une société démocratique. C’est seulement quand le père prendra sa place aux côtés de la mère dans le foyer et que la femme rejoindra l’homme dans l’espace public, qu’adviendra la république des citoyens.
Le couple est l’avenir de l’humanité et c’est bien le message du Livre Sacré :
Et de toute chose, nous avons extrait un couple, puissiez-vous vous en souvenir?
Coran, II, 9
Professeur Saïda Douki Dedieu