Chedly Ayari met en garde contre la gangrène de l'inflation et le déficit commercial
La Banque centrale de Tunisie (BCT) a souligné l’ampleur que risquent de prendre d’ici la fin d’année deux facteurs négatifs pour l’économie tunisienne en crise à savoir l’inflation et le déficit du commerce extérieur, annonçant de nouvelles mesures pour les endiguer. A fin août 2012, le taux d’inflation s’est élevé à 5.6% et la dérive du déficit commercial continue à un rythme jamais connu dans l’histoire de la Tunisie, atteignant pour les huit premiers mois de 2012, un montant de 3988 MD, soit 5.6% du PIB. Deux nouvelles mesures sont prises par la BCT pour « dés-inciter » les banques à accorder largement des crédits à la consommation et inviter les exportateurs à puiser d’abord dans leurs propres avoirs en devises pour financer leurs importations. Aussi, les paiements par avance des importations de biens de consommation seront suspendus.
« Notre lecture de la projection de l’inflation à court terme, a indiqué le gouverneur de la BCT, Chedly Ayari, montre que les forces à l’œuvre sont des forces inflationnistes compte tenu notamment des augmentations des salaires, des hausses des prix, de l’impact des cours de nombre de produits importés tels que les céréales et le pétrole, le brent étant à 113$. A cela s’ajoute la désorganisation des circuits de distribution. Autant de facteurs qui confirment un profil ascendant qui laisse se déclencher, si on n’y fait pas face rapidement et avec les moyens adéquats, un cercle diabolique. Cette gangrène de l’inflation diminue non seulement la croissance, mais provoque aussi de redoutables mouvements sociaux ».
« Aussi, ajoute-t-il, si nous laissons filer le déficit commercial, le déficit courant va augmenter, ce qui nécessitera des capitaux étrangers, risquant ainsi d’alourdir l’endettement extérieur et d’impacter également le Dinar. Actuellement, nos avoirs en devises s’élèvent à près de 9,8 milliards de dinars, assurant une couverture de 96 jours d’importations. Nous sommes aussi handicapés par nos exportations qui subissent les difficultés suscitées par la crise de l’Europe. Le gap entre les importations et les exportations se creuse davantage et nous constatons une diminution des biens d’équipements au profit de biens non-alimentaires tels que les voitures, cosmétiques, produits blancs et autres ».
Deux mesures immédiates
Préoccupé par ces indicateurs, le gouvernement entend mettre le holà aux les dérives et prendre une quinzaine de mesures significatives notamment en matière de commerce extérieur. De son côté, la Banque centrale de Tunisie interviendra à deux niveaux, les crédits de consommation et le change. Les banques devront désormais procéder à des dépôts obligatoires auprès de la BCT (sans rémunération) de l’équivalent ou d’une portion des montants octroyés pour des crédits de consommation. Une concertation est engagée avec elles à travers leur association professionnelle (APBTEF) pour fixer le taux de ces dépôts obligatoires.
Pour ce qui est du change, les exportateurs pouvaient jusque-là garder en compte spécial la totalité de leurs recettes en devises et payer leurs importations en dinars, en puisant sur les avoirs en devises des banques. Afin de préserver ces réserves en devises, ils devront recourir en premier lieu à leurs propres comptes spéciaux. Une circulaire sera bientôt publiée à cet effet.