Grève des transports : les Tunisiens pris en otage
Une simple altercation entre un chauffeur de bus et une automobiliste paralyse les transports publics routiers ce mercredi matin dans le Grand Tunis. Sans préavis, les conducteurs de bus et une bonne partie de ceux du métro se sont mis en grève par solidarité avec leur collègue arrêté suite à cette altercation. Des dizaines de milliers de passagers, travailleurs, élèves et étudiants et humbles citoyens s’en trouvent privés de se rendre temps qui à son lieu de travail, qui à ses études et autres. Dans l’incertitude de savoir quand sera levée la grève.
Déjà, il y a quelques semaines seulement, un incident interne à la coopérative des manutentionnaires du marché de gros de Bir Kassaa a bloqué le marché, interdisant l’accès aux agriculteurs et pêcheurs pour y amener leurs produits et aux marchands de fruits-légumes et poissons de s’y approvisionner. Tous ont dû en pâtir, les consommateurs surtout de par leur nombre. Mais, aussi, des sit-in, coupures de routes et autres débrayages.
Combien tout cela va coûter ? Quel en sera l’impact sur les personnes, l’Administration, les entreprises et l’économie ? Est-ce admissible ?
Deux questions se posent avec acuité. D’abord, pour les services publics : où en est le recours au système de réquisition ? Le gouvernement dispose en effet, pour garantir la continuité des prestations, du droit de réquisitionner les agents qu’elle juge indispensable. Un droit reconnu même par les syndicats et qui protège les intérêts du pays et du citoyen. Jusque-là, aucune réquisition n’a été effectuée. Pourquoi ?
La deuxième question est générale : pourquoi en arriver, parfois pour des faits personnels anodins, à ces blocages pénalisant pour tous ? Si chacun est capable de mettre de l’huile sur le feu, rares ceux qui accourent pour l’éteindre. Où les sont les relais d’écoute, de concertation, d’apaisement, de conciliation… Où sont les syndicats, les partis politiques, les différentes composantes de la société civile, les sages ?
En l’absence de ces deux leviers, la réquisition en cas de besoin et la prise en charge des conflits sociaux, les Tunisiens se trouvent à chaque instant sous la menace d’être pris en otages. Est-ce acceptable ? Faut-il s’y résigner encore longtemps.
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