Ultimatum des patrons au gouvernement
Les chefs d’entreprise du secteur privé haussent le ton. Ils ont donné sept jours au gouvernement pour clarifier sa position sur toutes les questions en suspens et surtout pour associer activement l'organisation patronale à tous les grands dossiers nationaux. ils tenaient jeudi au siège de l’UTICA un grand meeting sous le signe «Où va l’entreprise tunisienne ?» pour crier leur ras-le-bol face aux difficultés croissantes des entreprises tunisiennes. Cette réunion, tenue sous la présidence de Widad Bouchammaoui intervenait sur fond de blocage des négociations avec l’UGTT, mais aussi de forts reproches adressés au gouvernement pour son «immobilisme» face au secteur informel.
Concernant le premier point, Khalil Ghariani, membre du bureau exécutif de l’UTICA chargé des négociations sociales, s’est montré catégorique. « Nous le disons haut et fort : nous n’irons pas au-delà d’une majoration de 5,5 % du SMIG, soit 7 dinars, quoi qu’il arrive », a-t-il déclaré, reprochant au gouvernement d’avoir décidé d’augmentations antérieures sans aucune concertation préalable, au risque de mettre en péril la survie des entreprises. Il a également reproché à l’UGTT de trop tirer sur la ficelle des revendications sociales dont, selon lui, « les travailleurs seront les premiers perdants », se plaignant des charges fixes de plus en plus lourdes supportées par les professionnels du fait du renchérissement des coûts de fonctionnement et de production.
« Nous sommes tous pour le progrès social. Mais que cela soit bien entendu : le progrès social est la conséquence automatique de la croissance et non le contraire », a-t-il encore martelé.
Plusieurs voix se sont élevées au cours du débat pour faire preuve d’intransigeance dans les négociations, « quitte à aller jusqu’au « lock out» pour « raisonner l’intransigeance d’en face ».
Hichem Elloumi, membre du bureau exécutif, a brossé un tableau alarmant de la situation des entreprises tunisiennes. Il a surtout mis en avant la passivité du gouvernement dans la lutte contre l’économie informelle. Nous sommes, dit-il, devant un secteur informel tellement hypertrophié, avec ses réseaux de distribution, ses moyens de transport, ses entrepôts qu’on le croirait en passe de supplanter le secteur structuré sans que rien ne soit fait pour y remédier, s’est-il écrié. A ce rythme, des dizaines et dizaines d’entreprises sont menacées de disparition, a-t-il ajouté.
M. Elloumi a d’autre part mis en cause « un secteur bancaire malade » que ni les valorisations successives du TMM, ni l’injection de 5 milliards de dinars de liquidités de la BCT sur le marché n’arrivent à booster. Il a également critiqué l’injonction faite aux entreprises de convertir en dinars leurs comptes devises, au risque, selon lui, de les pénaliser doublement.