M.Ghanouchi, laissez-nous vivre !
Les dernières déclarations de Rached Ghanouchi ont provoqué dans la société tunisienne une onde de choc qui a ébranlé les esprits et secoué l’opinion publique.
Absents lui et ses partisans islamistes pendant la révolution, et après 20 ans d’exil doré où il préparait des desseins obscurs pour notre pays, il revient en force pour s’imposer dans le paysage politique comme le sauveur de nos âmes qu’il considère damnées.
Après le 14 janvier 2011, il rentre triomphant et s’empare du pays en y semant la désolation et la discorde pour atteindre son but ultime : celui de transformer la république tunisienne en constante évolution vers la modernité et la tolérance en un califat.
Un califat où tous les salafistes et islamistes radicaux trouveraient un terrain propice pour déverser leur haine contre une grande majorité de Tunisiens et saisir l’occasion rêvée pour détruire tous les symboles de la République. Ces objectifs pourraient être atteints si on continuait à laisser ces individus se livrer en toute impunité à leur jeu favori : la violence, puis la violence, encore et toujours la violence.
Sur la vidéo qui a circulé sur le net, on voit bien R.Ghanouchi qui, aux dires de certains « n’est ni cheikh ni penseur », expliquer aux dirigeants et aux jeunes salafistes qu’il qualifie souvent de « mes enfants », la stratégie à suivre pour mettre la main sur l’ensemble de l’appareil de l’Etat. Pour arriver à ses fins, il se réfère curieusement au génie de Bourguiba en lui empruntant l’idée de la « politique des étapes ». Mais n’est pas Bourguiba qui veut !
La preuve irréfutable de ce que nous préparaient Ghannouchi et son clan arrive ainsi entre nos mains comme du pain béni.
Personne n’ignore que les discours abusant du double et triple langage de ce monsieur qui n’est plus en odeur de sainteté en Tunisie, ne font plus recette depuis longtemps chez les Tunisiens et même parmi les plus naïfs d’entre eux. Ceux qui l’ont adulé hier commencent à se réveiller de leur grand et profond sommeil.
Lorsque notre grand historien Mohammed Talbi l’a traité de salafiste pur et dur en mettant en doute ses bons sentiments à l’égard des démocrates, il n’avait pas tort. Le cours des évènements n’a pas tardé à lui donner raison.
Toujours sur cette vidéo, entouré de ses disciples Ghannouchi tient des propos stigmatisant avec force et mépris une partie du peuple tunisien en « l’accusant » d’être laïque ce qui, à ses yeux, semble-t-il constitue une véritable atteinte au sacré. Une façon de rappeler que désormais dans notre pays, être laïque c’est être renégat, mécréant et traître. En l’écoutant encore et encore on finit par croire qu’il n’est revenu de si loin que pour régler des comptes avec tous ceux qui l’ont ignoré et qui ont combattu ses idées incompatibles avec la manière dont les esprits ont évolué en Tunisie. Nul n’a le pouvoir de demander au peuple de lui faire allégeance et de se soumettre à son bon vouloir.
Si toutes ces années passées en exil dans un pays démocratique ne lui ont pas appris la tolérance et l’acceptation de l’autre quelles que soient ses idées, ce n’est pas aujourd’hui que l’on peut espérer qu’il change.
Quant aux explications qu’il a données après le tollé provoqué par ses déclarations, elles n’ont convaincu personne d’autant que les arguments utilisés étaient ridicules («Je ne visais pas tous les laïcs») et surtout de mauvaise foi.
Depuis son retour, le chef du parti Ennahda n’a fait que confirmer sa volonté de mettre la Tunisie sous sa coupe, ce qu’il est parvenu à faire déjà en restant le chef suprême, au-dessus de tout et de tous et même au-dessus de la loi. Mais, le peuple Tunisien désormais en éveil ne se laissera plus faire. Ce peuple éduqué attendait, pour réagir, que la goutte fasse déborder le verre. C’est chose faite !
Si le fanatisme peut détruire des vies, il ne peut en aucun cas effacer l’histoire d’un pays, ni décider du destin d’un peuple.
Latifa Moussa