A la veille du 23 octobre, deux manifestations de protestation dans le centre de Tunis
Deux manifestations se sont tenues ce lundi à une heure d’intervalle dans le centre-ville pour stigmatiser les violences politiques et dénoncer « le projet dictatorial » de la coalition tripartite au pouvoir conduite par le parti islamiste Ennahdha. Plusieurs composantes de l’opposition étaient montées ces derniers jours au créneau pour crier leur indignation après la mort d’un militant de Nida Tounès, lynché à Tataouine par des activistes des « Comités de protection de la révolution » réputés proches de ce parti.
Une foule assez nombreuse s’est rassemblée vers 11h00 devant le Théâtre municipal à l’appel du Front populaire nouvellement constitué et comprenant plusieurs formations de gauche et d’extrême-gauche, dont le Parti des travailleurs tunisiens de Hamma Hammami et le Mouvement des patriotes de Chokri Belaïd. Les manifestants ont scandé longuement des slogans hostiles au pouvoir en place, allant jusqu’à réclamer la chute du régime.
Une seconde manifestation a parcouru dans le calme, peu après, l’avenue Bourguiba à l’appel du parti de Béji Caïd Essebsi, Nida Tounès, auquel appartenait le militant tué à Tataouine, ainsi que du parti Al-Joumhouri et de celui d’Al-Massar, auxquels devait se joindre le Parti patriote libre. Les participants à cette marche entendaient surtout protester contre les violences politiques et l’entreprise de diabolisation menée par des composantes de premier plan du pouvoir contre certains de leurs adversaires politiques.
L’ancien gouverneur de la Banque centrale de Tunisie Mustapha Kamel Nabli, présent à cette manifestation, a déploré la période assez difficile que traverse le pays, estimant que la violence ne peut qu’aggraver la situation.
Ces manifestations interviennent par ailleurs sur fond de mobilisation de la classe politique, pouvoir et opposition, à la veille d’un 23 octobre jugé à hauts risques par les uns et par les autres parce que marquant le premier anniversaire des élections d’il y a un an et le durcissement de la controverse sur la légitimité des institutions au-delà de cette date.