Quand les querelles de partis prennent le pas sur les problèmes prioritaires
Ennahdha a décidé finalement de lever son veto sur la présence des représentants de Nida Tounès dans les débats télévisés. Cela a dû en coûter à ce mouvement de consentir une concession de cette taille d’autant plus qu’il avait pris la décision d’ostraciser le parti de Caïd Essebsi pour lui faire payer ses prises de position sur la fin de la légitimité électorale, le 23 octobre.
On a été donc agréablement surpris mardi de voir assis face à face séparés par des tables carrées ou rectangulaires selon le chaînes, les représentants des deux principaux partis, si l’on en croit les sondages. Malheureusement, on a dû très vite déchanter. Les représentants d’Ennahdha sont certes venus, mais c’était pour jouer les procureurs. On ne badine pas avec la discipline de parti du côté de Montplaisir. Les mêmes arguments qu’on a fini par apprendre par cœur sont débités sur un ton monocorde, la machoire serrée et le regard froid, comme s'il s'agissait d'une corvée.
Deux Tunisie s’affrontent désormais : les pro-Ennahdha et les pro-Nida Tounès. La constitution, les élections législatives, l’économie, l’insécurité tout cela est relégué au magasin des accessoires. Après nous avoir contraints à discuter pendant des semaines de la place de la charia dans la constitution au détriment du développement régional et de l’emploi et de la rédaction de la constitution, voilà qu’on cherche une fois de plus à nous détourner de nos vrais problèmes. Quant à la rivalité entre les deux partis, elle se règlera à travers les urnes dans un an, mais non par les anathèmes, les vociférations et les accusations gratuites.