Les incidents de Douar Hicher provoqueront-il le sursaut tant attendu ?
Le ministre de l'Intérieur Ali Larayadh a affirmé, mercredi, à l'issue de la réunion du Conseil des ministres la détermination de son département à imposer le respect de la loi et à traiter sur le même pied d'égalité tous les contrevenants, loin des considérations politiques ou idéologiques.
Il a passé en revue les différentes péripéties les incidents survenus dans la localité de Douar Hicher, au lendemain de l'Aïd Al-Idha, qui avaient débuté par des altercations entre "des personnes qui consommaient de l'alcool sur la voie publique et des extrémistes religieux", pour dégénérer ensuite en affrontements qui avaient nécessité l'intervention d'unités de la garde nationale au cours de laquelle le commandant Wissem Ben Slimane a été blessé à l'arme blanche.
Suite à l'arrestation de trois personnes suspectées d'être impliquées dans cette agression, dans la région de Boussalem, a-t-il poursuivi, un groupe d'une centaine d'extrémistes religieux ont attaqué deux postes de la garde nationale à Douar Hicher.
Face à la violence de l'attaque, les agents de l'ordre ont été contraints, a-t-il soutenu, de se défendre en faisant usage de balles réelles, tuant l'un des assaillants.
L'extrémisme religieux, a conclu M. Larayadh, est un phénomène sociétal qui existe dans la plupart des pays et nécessite la mise en place d'une stratégie "sécuritaire, religieuse, éducative et culturelle" pour le contenir.
Rappelons que ces incidents ont fait deux morts du côté des extrémistes et trois blessés dans les rangs des forces de l'ordre.
A noter que dans la crainte d’un renouvellement des incidents, les écoles et les lycées de Douar Hicher ont fermé les portes sine die.
L’un des meilleurs spécialistes tunisiens des mouvements islamistes, Slaheddine Jourchi n’a pas caché au cours d’une émission de radio, son inquiétude face à la recrudescence des incidents mettant aux prises les forces de l’ordre et les islamistes radicaux relevant qu’on a affaire de plus en plus à des groupes structurés et bien entraînés alors qu’auparavant, il s’agissait de bandes isolées. Il s’est interrogé aussi sur la relation de ces groupes avec le milieu interlope et sur la fixation qu’ils font sur l’Etat comme s’ils testaient sa capacité de résistance et appelé à plus de détermination dans la lutte contre ces groupes tout en maintenant ouverts les canaux de dialogue avec les salafistes modérés. A cet égard, il a rappelé l’intervention énergique des forces de sécurité égyptiennes à Embaba qui a permis d’en déloger les groupes d’extrémistes et de reprendre le contrôle de la localité. Les déclarations du ministre de l'intérieur laissent espérer en tout cas, une plus grande détermination du gouvernement face à ce véritable fléau qui menace l'intégrité du pays. Le temps n'est plus aux déclarations ambiguës, ni au laxisme.
Dans un communiqué, l’UGTT dénonce « les agressions criminelles ou perpétrées sous le couvert de la religion » et renouvelle ses mises en garde quant à leur recrudescence. Elle affirme son soutien aux forces de sécurité «devant les attaques dont elles font l’objet lors de l’accomplissent de leur devoir malgré les faibles moyens dont elles disposent et faute de volonté politique pour soutenir l’institution militaire». Elle appelle également à «l’ouverture d’une enquête indépendante et de grande envergure à propos de ces agressions, à en poursuivre les responsables et à mettre l’institution militaire à l’abri de tous les tiraillements politiques».
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