Encore un jihadiste en direct sur Attounissia TV
Après son émission de jeudi denier au cours de laquelle un jeune jihadiste radical avait dégainé son linceul en direction du ministre de l’Intérieur, Attounissia TV récidive. Cette fois-ci, elle a réuni sur un même plateau les représentants de trois composantes de l’Islam politique en Tunisie. Mais l’intention était manifestement de titiller encore plus le filon jihadiste. Course vers l’audimat ou instrumentalisation inavouée ? Mystère.
La trentaine à peine, barbe hirsute, qamis et couvre-chef immaculés, le personnage central c’était lui. Un certain Bilel Chaouachi. Tout au long de l’émission, il se distingue par ses références répétées à Oussama Ben Laden, son modèle et inspirateur, ainsi que par un discours certes très agressif mais beaucoup plus nuancé que celui de « l’Imam au linceul » dont il prend par ailleurs la défense. Il tire sur tout ce qui bouge parmi les participants à l’émission, tire à boulets rouges sur le gouvernement et sur Ennahdha mais joue plusieurs fois du pied en direction du peuple tunisien pour lui dire, en résumé, ceci : Les Tunisiens n’ont rien à craindre des Jihadistes et doivent se garder de souscrire à l’entreprise systématique de diabolisation orchestrée à leur encontre dans le seul but de les discréditer. D’ailleurs, pour nous, la Tunisie n’est pas une terre de Jihad, mais une terre d’action messianique (Daawa).
N’empêche… le jeune barbu se hérisse subitement dès qu’un des participants aborde un sujet qui (le) fâche. A Abdelfattah Mourou qui lui faisait remarquer de quel droit les tenants du courant jihadiste frappent-ils les gens d’apostasie, il tonne, visiblement courroucé : Ce ne sont pas nous qui déclarons les gents apostats ou pieux. Nous ne faisons qu’appliquer rigoureusement les commandements de Dieu.
Il devient beaucoup plus hargneux lorsque le même Mourou, le poussant dans ses retranchements, lui demande quelle limite établit-il entre ce qui est apostasique et ce qui ne l’est pas. La réponse fuse, dans un torrent de vindicte : quiconque édicte ou applique une loi autre que la loi et la volonté divine est un apostat. Exit, donc, tout ce qui pourrait ressembler à l’Etat civil, et honnis soient tous ceux auraient l’outrecuidance de légiférer… D’après cette logique, l’immense majorité des Tunisiens se trouvent voués aux gémonies…
- Iraient-ils jusqu’à prendre les armes pour mettre en pratique leurs convictions ?
- Improbable, s’emporta-t-il. Mais nous le ferons le jour où « les vrais terroristes » s’attaqueront à notre peuple.
Qui pourraient bien être « les vrais terroristes » qu’il a refusé d’identifier. La réponse se perd dans un cafouillis de mots, entrecoupés de nombreuses citations de sourates…