Ton à l'apaisement au conclave jihadiste de la Cité Ettadhamen
Leur réunion était attendue, à plus d’un titre, notamment par la classe politique, désireuse d’être fixée sur l’état d’esprit après les épisodes violents, parfois sanglants, de ces dernières semaines. Un moment envisagée à la désormais symbolique mosquée-bastion Ennour de Douar Hicher, les principaux cheikhs de la mouvance jihadiste l’ont finalement tenue à la grande mosquée de la Cité Ettadhamen. En l’absence notoire du chef de la faction ultra-radicale d’Ansar Chariaa, Abou Iyadh, de son vrai nom Seifeddine Ben Hassine, et du théoricien de la nébuleuse Al-Khatib Al-Idrissi. Nombre d’observateurs voient dans cette double absence un signe de divergences entre les dirigeants de la mouvance.
Les critiques adressées par les orateurs, sans les identifier, à « certains cheikhs des courants salafistes » vont dans le sens de cette hypothèse. Commentant de récentes déclarations d’Abou Iyadh dans lesquelles ce dernier s’en était pris avec une extrême véhémence au ministre de l’Intérieur et à son parti, allant jusqu’à récuser les tentatives de médiations avec le pouvoir, Cheikh Khamis Mejri s’est borné à dire que ces propos n’engagent que leur auteur. Un désaveu, en clair. La tonalité générale du discours était à l’apaisement, « malgré le sang versé». Le doyen et le benjamin des cheikhs présents, respectivement Abou Souhaib et Abou Abdallah Attounissi, ont ouvert la joute oratoire en appelant à la retenue « la jeunesse du sursaut islamique » comme ils appellent les militants salafistes. « Vous devez vous abstenir de tout acte qui pourrait se retourner contre notre courant et contre le projet du Califat, surtout en vous gardant de céder à certaines provocations. Gardez-vous de faire des ennemis ceux qui ne le sont pas», leur disent-ils.
Le peuple tunisien est musulman et nul n’a le droit de le frapper d’apostasie, a encore plaidé Abou Abdallah Attounissi qui a insisté sur « l’impératif de traiter avec indulgence et souplesse les gens non affiliés au courant ». L’appel à l’apaisement et au non recours à la violence est revenu plusieurs fois dans sa bouche. « Le peuple tunisien dans sa grande majorité, bien qu’ayant une connaissance suffisante des commandements de l’Islam, doit être traité avec respect et ne jamais être inquiété. Il faut lui tenir le langage de la persuasion et du dialogue, même quand il s’agit de lui indiquer le droit chemin. Aucun Tunisien ne doit être exclu de l’application de cette règle, pas même les gens qui commettent des péchés », a-t-il encore déclaré.
Pour autant, les cheikhs présents ont mis en garde contre toute « tentation de s’en prendre à la mouvance salafiste dans le but de jeter en prison les jeunes salafistes ». Imed Ben Salah a ainsi engagé le gouvernement à se départir de « sa politique de fuite en avant et à abandonner les poursuites judiciaires et les rafles qui ciblent selon lui les jeunes salafistes pour leur participation présumée à des violences