La téléréalité et le public tunisien: à consommer avec modération
Tous les Tunisiens ont applaudi à l’ouverture du paysage audiovisuel tunisien au secteur privé estimant sans doute que la concurrence public/privé permettra de tirer vers le haut, (quantitativement et qualitativement), la production audiovisuelle tunisienne, ce qui se traduirait par la réduction du gap qui nous sépare de la plupart des chaînes satellitaires arabes et pourquoi pas européennes. Quatre ans après le lancement de Hannibal TV, la première chaine de télévision privée tunisienne, on peut dresser un premier bilan, incontestablement, le discours a changé, des tabous sont tombés, des faits de société sur lesquels on avait jeté, pendant des décennies, un voile pudique sont aujourd’hui évoqués sans interdits; les débats sont plus animés, parce que contradictoires.
Les fictions, autrefois point faible de nos chaînes, ont gagné en qualité à défaut de quantité.
Des changements pertinents qui ont permis d’élargir de manière sensible l’audience. Mais, cette ouverture a eu également des effets pervers.
La course à l’audience a abouti à quelques dérives comparables, bien qu’à un degré moindre, à celles déjà constatées dans la presse populaire: la recherche du sensationnel, la marginalisation de la culture, l’omniprésence du sport.
Lancée aux Etats Unis dans les années 80, la téléréalité a conquis, en quelques années, le monde entier. C’est qu’elle répond à un besoin pressant chez l’homme. La curiosité est, dit-on, un bien vilain défaut mais qui n’en est pas moins la chose du monde la mieux partagée, c’est une tendance naturelle chez l’être humain qui le porte à s’informer, à connaître les secrets d’autrui. Mais, portée à son point extrême, elle confine au voyeurisme.
Le Tunisien, comme tous les téléspectateurs du monde, est porté sur ce genre d’émission. Le tout est de ne pas en abuser et d’en user avec modération. Je comprends les scrupules des responsables des chaînes à ne pas priver leurs publics d’émissions, réalisées, il faut le reconnaître avec beaucoup de professionnalisme et qui, apparemment ,battent tous les records d’audience et attirent de ce fait beaucoup d’annonceurs. Mais il saute aux yeux qu’on a un peu trop forcé la dose. Peut-être le temps est-il venu de réfléchir au lancement d’un Bouquet comportant cinq à six chaînes pour satisfaire les goûts de plus en plus différenciés des différents publics. Il semble même, qu’avec l’avènement de la télévision numérique le coût d’une telle opération n’est pas très élevé.
Hèdi
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