L'humour tunisien en danger
Au début des années 90, le public tunisien découvrait un jeune humoriste algérien qui, fuyant les intégristes, avait quitté sa Kabylie natale pour venir s’installer à Tunis.
Chaque soir, il faisait salle comble à El téatro, dont il avait fait son fief pendant quelques années avant de « monter» à Paris où ses sketchs à l’humour aussi décapant que caustique lui ont permis de conquérir un large public et pas seulement maghrébin.
Fellag, c’est de lui qu’il s’agit, est certainement, aujourd’hui, le plus grand humoriste maghrébin avec Jamel Dabbouze même s’il existe une différence notoire entre les deux humoristes: le premier apportant un soin particulier à ses textes alors que le second est le champion incontesté et incontestable de l’improvisation tant au plan maghrébin qu'à celui du monde francophone.
De quoi donner des complexes aux Tunisiens qui, depuis la disparition de Salah Khémissi (encore qu’il ne s’agisse pas tant d’un humoriste que d’un chansonnier), attendent celui ou celle qui les ferait rire de leurs travers. Apparemment, ce n’est pas pour bientôt.
Quand on écoute, aujourd'hui, nos humoristes ou ce qui en tient lieu, on se dit que tous les désespoirs sont permis. Vulgaires, superficiels, ils sont dans leur majorité à des années-lumière des Fellag, Debbouze et compagnie .Ils en sont encore à imiter l’accent du monde paysan -dont ils sont pourtant issus- et celui des «beldis». Une vieille recette usée jusqu’à la corde. Une de mes connaissances, originaire de la région de Medjez El Bab me confiait récemment que sa fillette était venue en pleurs lui demander un jour: « pourquoi notre accent fait-il rire à ce point les gens ?» après avoir vu, précisément, un sketch de ce genre à la télévision.
Manquant totalement d’imagination, leurs thèmes de prédilection sont éculés. Généralement, en fait d’humour on a droit à quelques pitreries et des plaisanteries de mauvais goût.
Certes, il y a quelques exceptions, notamment le très doué Lamine Nahdi mais il n’a produit, en quatorze ans, que deux sketchs écrits par Moncef Dhouib. Assurément, le public tunisien mérite mieux. Cette situation est d’autant moins compréhensible que les Tunisiens est un peuple qui ne passe pas pour être particulièrement austère qui par dessus tout aime rire, affectionne les bons mots. L’accueil réservé aux humoristes français lorsqu’ils se produisent à Tunis le prouve à l’abondance.
Vivement le jour où un jeune émergera, enfin, pour défendre l'honneur de l'humour tunisien trop longtemps bafoué.
Hedi
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Pourquoi ce ton paternaliste et de réprimande? L'auteur, qui ne dit pas son nom pour jouer tranquillement au snipper, fait un simple constat et critique sans construire un raisonnement. S'il n'y a pas d'humoristes tunisiens, c'est pour la même raison que l'auteur ne s'autorise pas à raisonner jusqu'à exposer la racine du mal qui paralyse l'esprit d'initiative des tunisiens. Avec un peu plus d'esprit analytique, vous gagnerez en crédibilité et en lecteurs. Et peut être même que vous ferez parti de la solution et non du problème.
J’ai donné un simple avis sur un sujet qui me tient à cœur depuis longtemps et que partage un grand nombre de compatriotes. Au lieu de recourir aux circonlocutions, pourquoi ne pas appeler un chat un chat : je crois que dans le cas d’espèce, le problème de la liberté d’expression est un faux alibi pour une raison simple : vous pouvez leur donner toutes les libertés du monde, ils seront incapables de faire autre chose que ce qu’ils font aujourd’hui : des sketchs bêtes et méchants. La plus belle fille du monde ne peut donner que ce qu’elle a. Car le problème majeur de la plupart de nos humoristes est qu’ils ne sont pas conscients de leurs limites. Pourquoi s’entêter à écrire ses textes alors qu’on n’a pas les qualités requises pour cela. Chez nous, Lamine Nahdi l’a bien compris et ce n’est pas un hasard si ses deux meilleurs sketchs ont été rédigés par M. Dhouib. En France, à part le génial Raymond Devos et quelques autres, la majorité des humoristes connus comme Elie Semoun, Dany Boone, Laurent Gerra, Florence Foresti et j’en oublie recourent à des collaborateurs pour la rédaction de leurs sketchs. C’est ce que je voulais dire, tout le reste est littérature.
bravo mr hedi vous avez décrit la réalité de l'humoriste tunisien comme il faut.car il ne s'agit pas d'etre une solution ou une partie du probléme c une réalité q'on vie tous les jours et c un manque q'on a sur le plan création thétrale et surtt dans le one man show et mr hedi vous l'avez décrite parfaitment comme il le faut à travers deux grands exemples , des mots simples clairs sans avoir à utilisé des expressions venant d'un dictionnaire de lexique psychologique ,vous avez fait des constatations claires etnettes ,réalistes et les grands du theatre tunisien l'ont reconnu donc c une évidence et un jour on aurra notre jamel tunsien.merci mr hedi
vous etes (...) et vous tenez à le faire savoir. étrange d\'ailleurs qu\'on vous paie pour étaler cette terrible (...) à votre lectorat (...) parmi lequel je figure par accident. pour mémoire, je vous cite taoufik jebali, kamel touati, ikram azzouz, raouf ben yaghlane, madame kenza... ils sont nettement meilleurs que vos debbouze et si le public ne les connait pas suffisamment, c\'est parce que vous autres journalistes n\'avez de lumière que pour les étrangers et que nul n\'est prophète chez vous ! applaudissez les debouze, vous serez bien vus par vos chefs, c\'est bien, continuez
Et pourtant!!"kethr el hamm y dhahak" Quand je vois les têtes des gens dans la rue, on peut se demander si vraiment le rire est le propre de l'homme
Monsieur Ben Sassi m’a bien compris, malheureusement ce n’est pas le cas de tout le monde. C’est pourquoi, je tiens à préciser que je visais uniquement quelques humoristes, ou ce qu’on appelait monologuistes et non des comédiens comme Wajiha Jandoubi, Touati, Jebali, Saâdi et Ikram Azzouz… qui, effectivement, valent mieux que tous les Debbouze du monde !
Quand est-ce qu'on va apprendre à discuter calmement,Hédi a eu le mérite de poser le problème qui nous taraude tous. Pourquoi le diaboliser.Moi aussi je rêve d'un Fellag tunisien, qui nous dessille les yeux sur nos travers,notre corporatisme aussi, n'est ce pas Monsieur "l'humouriste"!!!
La référence aux étrangers, fussent-ils maghrébins, me gène.Nous aussi nous avons quelques bons humoristes et beaucoup, pourquoi s'en cacher, de très mauvais.Et comme toujours c'est la mauvaise monnaie qui chasse la bonne.Ce sont eux qui font le plus parler d'eux et qui attirent le plus de gens. Je ne sais pas si vous avez vu le spectacle dhouhkoulougia, une horreur.Et il il ne s'est trouvé personne pour le dire. Alors pour une fois qu'on leur tape dessus, je dis bravo.
le frein de la monté des humouristes tunisiens c'est peut etre la peur de tomber dans l'inacceptable voir meme "l interdit"
moi aussi comédien tunisien et jais 8 cassette humour et des imitions comidi a la télé oui mais domage
le rire est , aussi, un phénomène de société; il y a matière à études et nos sociologues ne semblent pas s'y intéresser! qu'est qui fait rire le tunisien et comment? il y a là , également, matière à "étude de marché" pour les "professionnels" du rire. à vos plumes! mais, ne l'oublions pas, on doit être capable de rire, d'abord, de soi même!