Jammel, capitale de l'éducation aérospatiale
Décidément, la Tunisie profonde n'a pas cessé de nous surprendre par les bonnes initiatives et le dynamisme de sa société civile. C’est ainsi que la ville de Jammel, au cœur du Sahel (gouvernorat de Monastir), vivra mardi 3 mars 2009 un évènement d'importance: la célébration de la journée de la Science. C’est d’abord l’occasion de rendre hommage à un brillant fils de la ville, M. Mohamed El Mili, ancien Secrétaire général de l’Union Internationale des Télécommunications qui sera présent. Mais aussi d’accueillir un savant tunisien, directeur-conseiller au département de l’exploration aérospatiale à l’Agence spatiale américaine NASA au Colorado (USA), le Dr Mohamed Lawcet Ayari. Sa dernière invention est “Le télescope” (Al-Chahed) (Le témoin) relatif à l’observation du croissant du début du mois de Ramadan.
L’initiative revient à l’Organisation Tunisienne de l’Education Aérospatiale (OTEAS), fondée en 1996 par M. Bouraoui Ben Ali, pionnier de l’aviation et premier pilote tunisien (1949). Cette organisation ayant son siège à la Cité des Sciences de Tunis, regroupe 200 adhérents et organise des écoles d’été sur l’aéromodélisme et l’espace. Vice-Président de l’OTEAS, M. Ali Chaieb, professeur de Mathématiques à l’origine et industriel des matériaux de construction, se dépense de toute son énergie à la tête de la section de Jammel. « Nous devons transmettre aux jeunes la passion des mathématiques, de la science et du savoir, confie-t-il à Leaders.» C’est pourquoi, il a pris l’initiative de céder gracieusement à l’OTEAS un lot de terrain hérité de son père, dans le quartier même où est né Si Mohamed El Mili, et pris en charge la construction d’Une Maison des Sciences (Dar El Ouloum).
Il s’agit d’un centre scientifique destiné à accueillir des jeunes férus des différents domaines et notamment de tout ce qui est spatial, à commencer par l’aéromodélisme et des mini-fusées. Ils peuvent y recevoir formation, perfectionnement et soutien à leurs projets. « Les travaux de construction avancent bien, souligne M. Chaieb, et les participants à la journée du mardi 3 mars auront l’occasion d’en suivre la progression.» Le programme comprend en effet une visite du chantier, puis une série d’hommages et de présentations scientifiques, au Centre Agricole de Jammel, sur la route de Menzel Kamel.
Ville natale de feu Béchir Salem Belkhiria et d’autres illustres figures tunisiennes, Jammel donne un bel exemple de l’engagement citoyen en faveur de la science et de l’innovation. Le soutien des hommes d’affaires à l’éducation, à la culture et à la science, à l'instal de ce généreux donateur qui se tient loin des médias, est méritoire. « Il faut dire, rappelle-t-il, avec modestie, que nous bénéficions de la sollicitude de l’OTEAS et de son président M. Bouraoui Ben Ali, un ami de très longue date, depuis que j’enseignais à Sousse, et du soutien du Gouverneur de la région, M. Khelifa Jebeniani, présent à toutes nos activités.»
Chaque année, l’OTEAS organise son école d’été permettant à une quarantaine de jeunes de participer à des ateliers de fabrication d'avions et de fusées miniatures réalisés par des experts tunisiens et étrangers. La dernière édition, la 11ème du genre, était tenue en juillet 2008 au siège du CREFOG, à Monastir et avait été marquée par la présence, notamment, du Dr Mohamed Lawcet Ayari, qui venait d’être honoré, le 11 juillet 2008, par le Président Zine El Abidine Ben Ali.
C’est avec ce genre d’initiatives qu’on suscite les vocations, forme les leaders de demain et crée de véritable success stories.
L’aéromodélisme, cette grande passion
Dans un article publié par le magazine de l’Amicale des Anciens de Jeunes Sciences www.aajs.org, M. Mohamed Noureddine Dhouib, Ingénieur ESE, rappelle les spécificités de l’aéromodélisme et retrace son historique en Tunisie. Sous le titre : « Un loisir de choix : l’Aéromodélisme », il écrit notamment :
L’aéromodélisme est apparu en Tunisie dans les années 50 où la plupart des adeptes étaient Français. Cette activité s’était développée entre les professionnels de l’aviation civile et militaire. Après l’indépendance certaines maisons de jeunes avaient repris le relais, grâce au dévouement de certains animateurs, on peut citer les maisons de jeunes de Bizerte et de Hammam-lif. Il y a lieu de noter que parmi les premiers tunisiens qui pratiquèrent l’aéromodélisme, M. le Président de la République, M. Zine El Abidine Ben Ali.
Le manque, probablement de crédit avait eu raison de cette activité qui disparut quelques années plus tard, à part celle du club IBN RACHIQ situé à la rue de MARSEILLE à TUNIS, qui a fini par disparaître à son tour. Il a fallut attendre l’ouverture de l’Ecole Nationale d’Ingénieurs de Tunis ou ENIT en 1972 pour voir, la création d’un club d’aéromodélisme de qualité, grâce au dévouement de M. Dewulf, professeur d’enseignement technique et grand passionné d’aéronautique, et aux encouragements de M. Latiri, fondateur et Directeur de l’établissement. Ce club a ainsi formé des générations d’aéromodélistes, mais malheureusement suite au manque d’animateurs et peut être la baisse des crédits accordés, son activité a régressé considérablement au fil du temps pour s’arrêter au bout de dix années.
Par ailleurs, il faut citer l’exemple du club Jeunes-Science de Monastir, qui continue à développer cette activité, malgré le manque de moyens matériels, en organisant des meetings aériens regroupant les aéromodélistes tunisiens. Il y a lieu également, de noter l’existence, depuis 1996, de l’Organisation Tunisienne de l’Education Aérospatiale ou OTEAS, fondée par M. Bouraoui Ben Ali.
>> Télécharger l’article
«Les Ailes des Hommes»
Grand passionné depuis son jeune âge de l’aviation et de la culture aérospatiale, M. Bouraoui Ben Ali, collectionneur d’ouvrages sur l’aérospatial, et membre de différentes organisations internationales, est également l’auteur d’un ouvrage de référence publié en France aux éditions Jacques-Marie Laffont (Pharos), sous le titre de «Les Ailes des Hommes». « Ce livre associe la précision du scientifique à l’acharnement de l’historien et à l’art du conteur pour nous emmener à bord du vaisseau de l’histoire universelle de l’aviation, relevait notre confrère Salem Trabelsi, du quotidien La Presse, avant d’ajouter: Une narration claire, sobre et élégante, C’est ce qui fait que ce récit sur les premiers exploits de l’homme à la conquête du ciel avec ses prouesses et ses tragédies nous transporte dès les premières pages dans un monde à part. D’ailleurs, comment raconter de A à Z l’un des rêves les plus chers à l’homme: imiter l’oiseau ? Tout simplement il faut beaucoup de métier, des années d’heures de vol avec leur cortège de frissons à travers le monde… et surtout beaucoup de passion et d’amour. »
Il faut l’écouter raconter l’exploit de Roland Garros, premier aviateur à traverser la Méditerranée, en 1913, de Fréjus à Bizerte, parler avec passion de tant d’ouvrages chèrement acquis et surtout de sa vocation à transmettre la passion aérospatiale aux jeunes tunisiens.
- Ecrire un commentaire
- Commenter
c'est une fierete pour la region et pour la Tunisie
Jammel a enfanté plusieurs Mili célèbres! J'en connais un!
C'est ravissant d'abriter une telle école dans ma ville et je suis très heureux d'etre le compatriote des tels hommes et telles personnalités aussi brillants que fidèles et patriotes. Mais j'espère que la mairie et le gouvernorat accelèrent leurs efforts pour aménager et mettre à niveau le quartier de cette école, quartier qui mérite beaucoup d'attention. Bravo et merci pour tous ceux qui ont participé à la réalisation de ce projet.