Lait : comment la Tunisie gère l'abondance
La saison de haute lactation coïncide, en cette année de bonne pluviométrie, avec une production abondante et surtout de bonne qualité. Gérer la pénurie, en cas de rupture de stocks, ne pose pas moins de problèmes que gérer l’abondance, pour ne pas pénaliser les éleveurs, petits et grands et les collecteurs. La quadrature du cercle semble être trouvée en Tunisie à travers un dispositif rigoureusement mis en place par les pouvoirs publics et la profession. A fin avril 2009, pas moins de 29 millions de litres de lait sont en stock chez les centrales laitières, apprend Leaders de bonne source. La Tunisie produit 1 milliard de litres dont 65% sont confiés aux industriels. Bien choyé, le Tunisien est parmi les rares consommateurs arabes à être servi par du lait frais et encore plus, celui du pays.
Les importations, sont très ponctuelles, souvent par précaution, lors des fortes demandes pendant la rentrée scolaire et le ramadhan. C’est ainsi que sur les 5 millions de litres importées en 2007, près de 2 millions n’ont été écoulés que difficilement.
Quant au lait en poudre de lait, les importations se limitent à 5000 tonnes/an environ seulement, (indispensables pour la fabrication des yaourts, pâtisseries et chocolateries), contre 450 à 500 mille de tonnes en Algérie, à titre d’exemple. L’unité de séchage de lait, implantée à Mornaguia et fermée depuis août 2007, a été rachetée par le groupement Ben Jomaa-Doghri, nouveaux actionnaires également de Tunisie Lait, et serait actuellement en phase de réflexion et d’attente sur son avenir.
« Refus de réception ? Jamais ! »
Des échos persistants font état d'un refus de réception de lait frais par des centrales laitières. « Ces allégations ne sont pas fondées, précise à Leaders, une source proche de la profession. La réception se poursuit normalement, selon les accords de partenariats conclus, ajout-t-on. ». Néanmoins, on n'exclut pas que des collecteurs nomades qui, en basse lactation préfèrent mettre leurs produits aux enchères, puissent, lors des hautes lactations, en essuyer le revers de la médaille et souffrir, quelque peu, de certains retards auprès de clients non-fidélisés.
Interrogé à ce propos, M. Habib Jedidi, Directeur général de Tunisie Lait, indique que « le délai de réception à Sidi Bou Ali ne dépasse pas 2 heures, au maximum (juste le temps nécessaire pour les prélèvements et analyses). Un espace accueil a été aménagé pour les camionneurs livreurs, et a été doté d’une buvette et d’une aire de repos et de relaxation. Toute une stratégie de partenariat, souligne-t-il, est développée avec les éleveurs et les collecteurs. C’est ainsi qu’un programme de financement d’acquisition de vaches laitières, a été mis en place avec tout l’accompagnement vétérinaire nécessaire. Pour les collecteurs, l’accent est mis sur les équipements, les conditions d’hygiène et le respect de la sécurité alimentaire. Le tout, dans une vision de partenariat et de fidélisation. »
L’économie du lait en ébullition
La problématique du lait comprend en fait une série de facettes qui tournent essentiellement autour du juste prix pour récompenser les éleveurs sans pénaliser les consommateurs, tout en finançant l’industrie et l’emballage. Le litre de lait demi-écrémé se vend en Tunisie à 970 millimes, contre 0.75 Euros en France. La structure du coût en Tunisie révèle, en moyenne et péréquation, un prix d’achat auprès des éleveurs à 610 millimes auquel s’ajoutent 200 millimes pour l’emballage en tetrapack et une marge de 7 millimes pour le détaillant. Quant à l’industriel, toutes les charges doivent être compressées à 140 millimes. De l’avis des spécialistes, cette structure obère lourdement les centrales laitières qui appellent sans cesse à la libération des exportations afin d’obtenir un bol d’air frais à même de compenser, ne serait-ce que partiellement les prix pratiqués en Tunisie. Pour ce qui est de l’unité de séchage, plus que jamais son intégration dans l’interprofession est à l’ordre du jour.
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La question c'est: Pourquoi les prix du lait non pas baissé après cette abondance ??
le paiement à la qualité est le plus garant pour développer ce secteur, cette réflexion émane de plusieurs docteurs vétérinaires