Pour la première fois, Chouaib demande la réduction du dividende
« Cette fois-ci, permettez-moi de procéder autrement que d’habitude, un peu à l’envers », lance Mustapha Chouaib, devant les actionnaires de la Banque de Tunisie, réunis mardi 20 mai en assemblée générale. « Je ne serai pas critique, poursuit-il du haut du pupitre, bien que par critique j’entends toujours débat pour atteindre de bons résultats. » La salle, habituée à ses tirades, se trouve un peu surprise et attend le fond de son intervention.
« Les résultats sont excellents, dit-il, et les réserves importantes. Pourquoi se contenter alors de n’augmenter le capital qu’à hauteur de 112,5 MD. Sautons le pas et allons jusqu’à 125 MD, quitte à réduire nos dividendes. Nous pouvons en effet envisager qu’au lieu de 3D par action, la rémunération sera de 1D400 seulement et consacrer ainsi le reste, soit 1D 600 à cette deuxième tranche d’augmentation de capital. Ca sera mieux ». La salle n’en croit pas ses oreilles et certains actionnaires commencent à sortir leurs calculettes.
Poursuivant sur son élan, Mustapha Chouaib passe à une vitesse supérieure dans son argumentaire, dispensant ses conseils aux actionnaires. « La Banque de Tunisie est désormais sur la rampe. Son action est la meilleure sur la place. Surtout ne vendez pas. Calculez bien. Si en 1986, vous aviez acheté 20 actions au cours de 10 D, vous vous retrouvez aujourd’hui détenteur d’une bonne petite fortune… Dites combien ? Et bien 70 000 D. Eh oui ! 70 000 D pour 200 D. Le calcul est simple. » Une prestation inoubliable qui rappelle certaines réunions financières aux Etats-Unis. Les calculettes ressortent, les actualisations se vérifient. Un petit porteur, très ancien actionnaire, et toujours fidèle, venu en taxi avec son épouse, comme sortis d’une autre époque, caresse ses rêves en murmurant : « pourvu que j’en trouve sur le marché, pourvu que ca dure ! »
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