La BAD soutient la Tunisie en Afrique
Directeur régional à la Banque Africaine de Développement en charge de l’Egypte, de la Libye et de la Tunisie, M. Jacob Kolster, a délivré un message instructif sur l’interaction de la Tunisie avec les pays de l’Afrique subsaharienne. Intervenant lors du séminaire sur la Tunisie dans son espace africain : dialogue civilisationnel et partenariat pour un développement solidaire, organisé le 28 mai dernier par le RCD à Tunis, il estime « qu’il reste à la Tunisie des forts potentiels inexploités pour développer ses échanges avec les autres pays africains ». Il relève que « actuellement, seulement 1,5% des exportations tunisiennes sont destinées aux pays subsahariens et 1 % des importations tunisiennes proviennent de ces pays. » Aussi, il déclare que : « La Banque est disposée à appuyer les initiatives tunisiennes dans ce sens, et à explorer des nouvelles possibilités de dynamiser les échanges Sud-Sud. » Document intégral.
« Les pays du Continent, bien qu’épargnée initialement par la crise financière, est en voie d’être fortement touchée par la crise économique. Cette crise est en voie de remettre en cause les résultats d’une décennie de réformes qui ont permis d’atteindre une croissance moyenne de 5%. La nature et les impacts de la crise varient fortement d’un pays à un autre, selon qu’il soit un pays pétrolier, un pays à revenu intermédiaire, ou un pays à faible revenue. Mais globalement, la projection de la croissance africaine en 2009 pourrait descendre en dessous de 2%, ce qui signifie la baisse de revenu par habitant. La crise affecte ainsi fortement les capacités des pays africains à atteindre les objectifs sociaux tels que les Objectifs de développement du millénaire.
La récession des grandes économies mondiales, ainsi que la baisse des prix de matières premières, réduit fortement les possibilités des exportations de produits africains. Les revenus du tourisme et des transferts des migrants, qui constituent pour certains pays des sources de revenus importants, continuent également de baisser pour un bon nombre de pays. En outre, même si l’Afrique a été relativement épargnée de la crise financière par son faible niveau d’intégration au système financier mondial, elle subit fortement la baisse des flux de capitaux privés.
La leçon positive que nous tirons de cette crise est que, à l’image de la Tunisie, les pays qui disposent de fondamentaux macroéconomiques solides et qui mettent en œuvre les réformes économiques ont mieux résistés à la crise.
Pour soutenir ses pays membres à affronter la crise, la Banque s’est mobilisée dès le déclenchement de la crise. Elle a notamment organisé à Tunis une conférence ministérielle pour faire entendre la voix de l’Afrique au Sommet du G20 à Londres.
La Banque a également mis en place une facilité de liquidité d’urgence de 1,5 milliards de dollars US pour combler le manque de liquidité dans les pays membres à revenus intermédiaires et pour les prêts au secteur privé. Elle a également lancé l’initiative pour le financement du commerce pour le financement du commerce. Afin de renforcer les capacités financières de la Banque, l’accroissement de son capital est également à l’étude.
Un marché porteur
Le continent africain représente 1 milliards de population : L’Afrique est un espace naturel pour la Tunisie, qui dispose d’atouts majeurs, en tant que pays émergents africains situés aux portes de l’Europe.
Pour faire face à la crise, plus que jamais l’intégration régionale prend toute son importance. Pour bon nombre de pays africains, c’est aujourd’hui également une évidence qu’on ne peut faire face à la mondialisation qu’à travers l’intégration régionale. C’est ainsi que la Banque vient d’adopter une Stratégie d’intégration régionale pour 2009-2012, avec deux piliers centraux :
Le premier pilier vise le développement des infrastructures régionales, notamment les corridors transnationaux ( tel que Voie ferroviaire Tunis-Alger). Tandis que le deuxième pilier vise le renforcement des capacités institutionnelles relatives à l’intégration régionale (tel que Appui à l’UMA), mais également la facilitation du commerce.
Pour concrétiser son engagement, la Banque accorde de plus en plus de financements destinés aux projets multinationaux. En effet, leur part en 2008 a atteint 19% du total des financements approuvés. Nous sommes convaincus qu’il reste à la Tunisie des forts potentiels inexploités pour développer ses échanges avec les autres pays africains, particulièrement subsahariens. En effet, actuellement, seulement 1,5% des exportations tunisiennes sont destinées aux pays subsahariens et 1 % des importations tunisiennes proviennent de ces pays.
Bien que les données soient difficiles à capter, l’exportation des services tunisiens vers les pays subsahariens représente également une importante part des échanges. Ce secteur est en plein essor et comporte énormément d’avantages comparatifs pour la Tunisie, notamment les services de santé, de l’ingénierie, de l’informatique et communication, etc. La Banque est disposée à appuyer les initiatives tunisiennes dans ce sens, et à explorer des nouvelles possibilités de dynamiser les échanges Sud-Sud.
Une longue tradition de relation BAD-Tunisie
La Banque Africaine de Développement et la Tunisie dispose d’une longue tradition de relation privilégiée : Par sa localité actuelle, mais également par le lien historique de la Tunisie avec la Banque : le 2ème Président de la Banque a été un tunisien.
Ainsi, la Banque est engagée dans les domaines clés pour le développement de la Tunisie, tels que le transport, l’énergie, le développement social et rural, les réformes économiques. Les projets en cours et approuvés récemment pour la Tunisie dépassent 1,3 milliards USD. Le portefeuille de projets en Tunisie est donc parmi les plus importants de la Banque. Il est également parmi les plus performants en termes de bonne gestion de projets.
Le Secteur du transport représente la moitié du portefeuille, avec notamment les projets de chemins de fer et de routes, tels que, par exemple à Tunis, la Route entre Radès et Kram ou l’échangeur de la route X devant l’aéroport. La Banque intervient également dans le secteur de l’énergie (19%) et les réformes économiques (19%), puis les secteurs social (6%) et agricole (6%).
Il est à noter que la Banque soutient également le secteur privé, à travers le prêt aux entreprises privées. Ainsi, 18% du montant du portefeuille des projets en Tunisie sont pour le financement des projets de secteur privé, tel que l’Aéroport de Enfidha.
Enfin, la semaine dernière, le 18 mai, la Banque vient de signer avec le Gouvernement de la Tunisie les accords de prêts d’un montant total de l’équivalent de 390 millions de Dinars tunisiens pour deux opérations : le Programme d’appui à l’intégration, et le Projet d’investissement dans le secteur de l’eau.
Soutenir la coopération Tunisie-Afrique
Au-delà de cette relation privilégiée entre la Banque et la Tunisie, que nous sommes engagés à renforcer davantage, Nous sommes convaincus que la Tunisie dispose d’importants potentiels pour développer sa coopération avec d’autres pays africains, et qu’elle pourrait jouer un rôle important dans cette espace africain.
Je tiens donc à réitérer l’engagement de la Banque, d’une part, à renforcer sa collaboration avec la Tunisie, et d’autre part, à soutenir les initiatives tunisiennes pour exploiter pleinement ses potentiels de l’intégration dans son espace africain, aussi bien sur le plan institutionnel que sur le plan économique ou commercial.
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