News - 04.02.2013

Tunisie: Les trésors méconnus de la Bibliothèque Nationale

Sur le Boulevard du 9 Avril, derrière le Palais de Justice, se dresse la Bibliothèque Nationale (BN),  en deux blocs, de 8 et 12 étages. C’est là qu’est soigneusement gardé un véritable trésor de notre patrimoine. Dans des magasins spécialisés, on dénombre pas moins d’un million d’ouvrages, 35 000 titres de manuscrits réunis en 26 000 volumes et 26 000 collections de périodiques. Chaque jour, des centaines de chercheurs et d’étudiants se pressent tôt le matin, pour trouver siège parmi les 520 disponibles dans les trois salles de consultations. Certains viennent de loin, des Etats-Unis d’Amérique, d’Europe, d’Afrique et du monde arabe, dans l’espoir de trouver ce qui enrichira leurs thèses et travaux. C’est le surbooking pendant les périodes de vacances et la direction générale envisage l’ouverture d’une quatrième salle de lecture.

Pour son directeur général, le Pr Mohamed Kamel Gaha, l’œuvre n’est guère de tout repos. Avec un modeste budget de 1.2 MD seulement, et une équipe de 260 agents de divers grades (près de la moitié non cadres,) il doit tenir cette prestigieuse institution, subvenir à toutes ses charges et payer les nouvelles acquisitions. Les besoins sont pourtant immenses.

D’abord techniques, pour assurer la maintenance du système informatique, en panne depuis des années, privant ainsi la BN de sa vitrine virtuelle consultable en ligne de par le monde entier. Aussi, comme tout bâtiment de cette envergure et de ces spécifications de conservation des documents dans des conditions appropriées, il y a tous les autres dispositifs logistiques.

Un autre domaine qui nécessite de l’investissement et un budget additionnel de fonctionnement, la numérisation du fonds documentaire.

Des efforts sont fournis, avec les moyens du bord, permettant la numérisation en 2012 de près d’un millier de manuscrits, de 1 500 documents dont 795 manuscrits, 201 ouvrages, 290 lettres et 131 périodiques. Mais beaucoup reste à faire et il y a urgence en la matière.

L’audiovisuel, les photos et les cartes

Cette urgence est d’autant plus forte que la BN s’ouvre désormais aux documents non écrits, c’est-à-dire les photos et les archives audiovisuelles. Pour les photos, elle vient d’obtenir le fonds précieux du ministère de la Culture, depuis l’indépendance, riche de pas moins de 120 000 photos historiques dont seules 2 500 ont été numérisées.

Il va falloir non seulement constituer une véritable photothèque en bonne et due forme, mais aussi la numériser entièrement et la mettre en consultation. Voilà un autre trésor caché qu’on doit sauvegarder et promouvoir. Quant à l’audiovisuel, le fonds est encore embryonnaire et attend un traitement spécifique. Tout comme pour ce qui est des cartes géographiques ou postales, affiches et autres œuvres.

Un organigramme, de nouveaux statuts et des moyens

Au cœur de ce nouveau dispositif à mettre en place, il y a un organigramme approprié et une révision des statuts nécessaire, prenant en considération la nouvelle vocation de la BN et ses impératifs, et le renforcement des effectifs. La question des compétences qualifiées est essentielle.

La BN souffre en effet d’un manque de spécialistes et doit d’un côté veiller à perfectionner ceux qui sont en place, mais aussi en recruter de nouveaux en tenant compte des nouvelles technologies.Malgré toutes ces contraintes, les efforts ne se relâchent pas. C’est ainsi que les acquisitions se poursuivent pour répondre aux besoins des chercheurs et en donnant une grande priorité au patrimoine tunisien écrit. Par achat direct, échanges avec des bibliothèques étrangères, dépôt légal et dons, les fonds s’enrichissent constamment et la charge du travail augmente.

Des dons précieux

Même s’ils sont rares, les dons sont précieux, comme celui que vient de faire Cheikh Mohamed Kamel Djaït. «Nous avons eu le bonheur de bénéficier là d’un fonds de grande valeur, indique à Leaders Ridha Dabbabi, chef du service des acquisitions. Il vient s’ajouter aux bibliothèques reçues récemment des cheikhs Béchir Ennaifar et  Ahmed Mehdi Ennaifar, ainsi que Sid Ahmed Djellouli  ou du Pr Rafik Hassen ». Dès l’inventaire, un ingénieur spécialiste en traitement chimique et protection contre les risques de contamination procède au contrôle, puis on lance la cotation et l’indexation». Tout un travail de spécialistes qui ne manquent ni de compétence, ni d’ardeur et méritent hommage et renfort. Alors au vu de cette situation, comment faire pour consolider la Bibliothèque nationale et lui donner les moyens urgents dont elle a grandement besoin?  La question est d’abord au niveau de la sécurisation de cette mémoire nationale pour la protéger et de sa promotion. Le budget de l’Etat peut-il suffire pour y répondre, même en cette période de restrictions et de modestie des ressources allouées ? Certainement pas. Des projets spéciaux, soutenus par des dons, au titre de la coopération internationale, sont sans doute nécessaires. Le mécénat aussi. Inviter les particuliers, les ONG et les entreprises économiques à y souscrire offrira un appoint utile. Toute une nouvelle démarche à concevoir et lancer.  Le Pr Gaha, dépositaire de cette lourde mission, prend sa tâche à cœur. Nous devons tous l’y aider.

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