La rentrée de la presse écrite: les grandes innovations

Si pour les stations radio et chaînes TV la rentrée a coïncidé cette année avec le début du Ramadan, pour la presse écrite, elle se fera début septembre. Sous le feu de la nouvelle concurrence, les rédactions affûtent leurs plans, dans la plus grande confidentialité, chacun choisissant son timing, ses angles et ses surprises.

La Presse  et Assahafa : Mieux de contenu, plus de profondeur et des suppléments

Premiers à donner le signal, les quotidiens La Presse et Assahafa. Le concept est de repenser l’ensemble du contenu rédactionnel pour le densifier et lui donner plus de profondeur, en ouvrant les colonnes aux contributions extérieures, multipliant les correspondants régionaux et dans une prochaine étape, à l’étranger, aérant la maquette et accordant plus de place à la photo.

"Jusque-là, la poussée des insertions publicitaires a failli transformer La Presse en support d’annonces avec du rédactionnel en agrément ", déplore un fidèle lecteur interrogé par Leaders. Voilà ce qui changera, tout en continuant à accorder une bonne place à la publicité, mais pas au détriment du contenu. Moins de cent jours après son arrivée à la tête de la SNIPE, la société éditrice des deux quotidiens, Mansour Mhenni, a su mobiliser les équipes autour d’un projet novateur. Pour Assahafa, dirigé par Abdeljelil Bouguerra, le décollage est impératif. Deux grands suppléments seront lancés. Le premier est culturel (vendredi) et le second, sportif (dimanche).

Quant à La Presse, le principe sera presque chaque jour, un supplément attractif, avec un meilleur choix des jours de parution, quitte à bousculer certaines habitudes. C’est ainsi que dès le lundi 7 septembre, le supplément Economie, chapeauté depuis sept ans par Jawhar Chatty, devra donner le ton. Des textes plus courts, des analyses de mise en perspective et de grandes signatures. Mardi sera réservé au sport. Mercredi sera consacré aux Lettres et Pensées. Jeudi offrira un supplément Société et le samedi celui des Arts & Medias. Quant à la Presse Magazine du dimanche, il bénéficiera d’un relooking profond afin de le rendre plus people, plus Jeunes et plus TIC.

Outre l’ouverture aux plumes externes, les rédactions seront renforcées par le recrutement de 11 journalistes dont 8 pour La Presse. Les services techniques, commerciaux et administratifs seront également pourvus de 18 nouveaux postes. Bref, une bonne stratégie, et des moyens. Mansour Mhenni et ses équipes sauront-ils ainsi reconquérir le lectorat et élargir l’audience. Certes, comme partout dans le monde la presse écrite voit ses lecteurs se réduire, et cela encore plus pour la presse francophone hors l’Hexagone. Mais, une chose est sûre, la Tunisie continue à avoir lecteurs exigeants qui aspirent à trouver chaque matin un quotidien qui les informe, les interpelle  et les séduit.

Le nouvel élan de la presse économique

Deuxième tendance relevée par Leaders, la relance de la presse économique. Hédi Mechri a profité de la trêve estivale pour repenser le contenu de son Bi-Mensuel doyen, L’Economiste Maghrébin ainsi que de celui du mensuel Le Manager. Face à l’émergence de la presse en ligne, plus prompte à traiter l’actualité, les périodiques marqueront leur longueur d’avance par l’analyse, les interviews, les enquêtes et les documents.

Quant au nouveau-né, Ecojournal, de Amel Mzabi Bouguerras, dont le premier numéro d’essai avait été lancé début juin, il a eu tout l’été pour roder son concept et distiller par petites doses un avant goût de son style. Fort des enseignements tirés, il s’apprête au grand lancement, dès le 17 septembre, soit pour une prise en main générale par les lecteurs juste après l’Aîd.

Et les autres quotidiens ?

Le groupe de Saida Amri (Dar Al Anwar) n’a pas chômé cet été. Un premier plus a été révélé lors du Ramadan, mais, les grandes surprises sont promises pour l’après-Aïd. Qu’il s’agisse d’Ech-Chourouk, Le Quotidien, Al Moussawr et Al Anwar, l’innovation est de rigueur. Abdelhamid Riahi, Fatma Karray Ben Abdallah, Raouf Mkadmini, Nejmeddine Akkari, Radhia Zaidi, Abdesalam Zbidi et leurs équipes sont tous sur le pont, avec le concours de Abdeljelil Messaoudi et le soutien d’Amor Touil.

Groupe Dar Assabah, l’arrivée du nouveau propriétaire a commencé à porter ses fruits. Un contenu plus musclé, plus varié et plus attentif aux préoccupations des lecteurs s’installe de jour en jour. Fayçal Baatout, Sabri Brahem et de nouvelles signatures récemment recrutées impriment leurs marques. La gestion cherche plus de performances quitte à tailler dans certains titres comme c’est le cas de Sabah El Khir, l’hebdomadaire du Jeudi, jadis dirigé par Jamel Bourigua qui prend en charge désormais les pages Régions. Assabah Al Ousboui, sous la férule de Hafedh Gheribi, confirme son leadership parmi les hebdomadaires et gagne en liberté de ton et investigations. Quant au Temps, il retrouve de belles couleurs. A quand les nouvelles formules, les nouveaux formats et les grandes surprises ? Motus ! Probablement au lendemain du scrutin du 25 octobre, aux alentours d’un grand anniversaire ? La presse aime poser des questions mais moins y répondre.

Pour Dar Al Amel qui édite les deux quotidiens du RCD, Al Horria (dirigé par Mongi Zidi) et le Renouveau (Néjib Ouerghi), évidemment, le challenge est bien celui des élections législatives et présidentielles du 25 octobre 2009. Campagnes obligent, les rédactions se déploient, les suppléments se préparent et les tribunes se multiplient.

Mieux de presse : chacun y aspire. Les éditeurs s’y mettent, ils doivent cependant encourager plus les rédactions, motiver les bonnes plumes et appliquer à leurs entreprises les secrets de la réussite marketing et gestion, en introduisant les études de marché, les analyses de lectorat et la recherche de la satisfaction. La cuvée 2009-2010 s’annonce bonne.