Rached Ghannouchi : L'appartenance à un parti ne doit justifier ni la nomination, ni le limogeage
Le lendemain-même de l’entrée du nouveau gouvernement en fonction, le chef d’Ennahdha, Rached Ghannouchi a tenu à remercier tous ceux qui lui ont accordé leur confiance, partis politiques, groupes parlementaires et indépendants, se félicitant de l’aboutissement des concertations menées. « Nous aurions tant aimé réaliser un plus grand succès, a-t-il affirmé lors d’une conférence de presse tenue vendredi matin à la Cité Ettadhamen, et rallier à la coalition un plus grand nombre de sensibilités, mais nous estimons que le dialogue engagé a largement contribué à l’apaisement des esprits après l’assassinat de Chokri Belaïd.
Tour-à-tour, Ghannouchi a réitéré les différentes positions de son parti condamnant la violence, prônant la modération et la démocratie, défendant les droits de la femme et ses acquis, réaffirmant son attachement à l’édification d’un Etat civil, démocratique et pluraliste. Très détendu, visiblement heureux du dénouement de la crise qui fortement secoué la Tunisie tout au long des dernières semaines, il a voulu afficher une image d’ouverture et de dialogue, évitant de parler d’exclusion ou de fermer la porte à d'éventuelles concertations avec d’autres partis, notamment Al Mouabadara que préside Kamel Morjane. Extraits :
Nida Tounès : « Nous ne nous sommes pas concertés avec ce parti qui est encore en cours de constitution. Son identité n’est pas encore accomplie et son programme n’a pas été publié, il est en pleine interaction entre ses composantes de gauche, rcédistes et destouriennes, surtout après l’appel que son président a lancé aux rcédistes de rejoindre ses rangs ».
Al Moubadra : « Nous avons remercié ce parti pour avoir voté la confiance au gouvernement. Il a ainsi fait à notre égard un pas que nous estimons positif et devons saluer ».
Révision des nominations : « Une révision systématique serait une remise en question de la légitimité du gouvernement sortant. En fait, chaque ministre avait procédé aux nominations qu’il avait jugées appropriées. Pour nous les critères essentiels de choix doivent être la compétence, l’intégrité et l’engagement dans la réalisation des objectifs de la révolution. Sur la base de ces critères, rien n’empêche en cas de défaillance dûment constatée de revoir telle ou telle décision. L’appartenance à un parti politique ne saurait présider ni en faveur de la nomination ni pour justifier le limogeage ».
Police parallèle : « Pourquoi voulez-vous qu’un parti au pouvoir puisse songer à une police parallèle ? Ce sont de fausses allégations propagées pour apeurer les gens et polluer l’atmosphère politique. Nous envisageons d’ailleurs de poursuivre leurs auteurs en justice ».
Envoi des jeunes combattre en Syrie : « Nous réitérons notre appui total à la révolution syrienne et dénonçons la répression exercée contre le peuple, mais notre appui à la résistance syrienne est un appui moral et politique, non militaire, n’ayant pas de forces combattantes. Nous n’avons aucune implication dans le départ de jeunes tunisiens en Syrie. Sont-ils recrutés par certaines parties ? Est-ce par enthousiasme militant, ce même élan qui avait poussé jadis des jeunes tunisiens à s’engager en faveur de causes gauchistes et maintenant islamistes, ici et là, en Afghanistan, en Irak etc ».
Déclarations d’Abdelfettah Mourou : « C’est un grand leader d’Ennahdha et l’un de ses co-fondateurs qui n’est cependant pas à l’abri de l’erreur. S’il lui arrive d’émettre un avis personnel, il ne l’engage que lui. Nous nous attachons aux positions officielles du parti, approuvées par les instances ».
Habib Ellouze et l’excision des filles : «Retenons son affirmation que ses propos ont été sortis de leur contexte. Ce qui est certain, c’est que nous n’approuvons guère l’excision des filles qui n’est ni une position d’Ennahdha ni de la religion et ne fait pas partie de notre culture en Tunisie. D’ailleurs nous avons publié un communiqué de presse dans ce sens confirmant ainsi notre position officielle. Quiconque approuve l’excision ne saurait demeurer parmi nos rangs ».
Convention CEDAW (contre l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes) : « En tant que mouvement, nous n’avons pas encore suffisamment examiné ce texte et défini notre position. Notre section Femmes a surtout marqué son opposition à certaines dispositions contraires à l’Islam notamment pour les formes d’égalité pouvant ouvrir la voie à des formes de mariages inacceptables. Nous allons nous y pencher».
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rien que des fausses declarations les dernières nominations à la tête des entreprises nous demontrent que les faits sont contraires aux promesses,les problêmes ne sont pas résolus,les electeurs sont deçus et la tunisie est en marche arrière...
Certains discours qui relèvent du vent méritent l'attention et recommandent la vigilance.Mais il y a des félicitations comprmettantes comme celles qui ont été octroyées à parti destourien.Cela dit, nous souhaitons qu'Ennahdha finisse par retrouver le bon chemin qui conduit la Tunisie vers le mieux- être pour tous les citoyens et avec tous les citoyens, hommes et femmes.