Karim Rejeb Sfar: Le textilien du futur
A 41 ans seulement, il réalise son rêve. Pionnier et unique fabricant du vêtement intelligent en Afrique (hors l’Afrique du Sud), Karim Rejeb Sfar voit la petite entreprise qu’il avait créée il y a treize ans à Mahdia s’imposer par les grands innovateurs mondiaux du secteur et s’introduire en Bourse, pour se développer davantage. Son pari sur la technologie la plus avancée aura payé mais exigera de lui sans cesse de nouvelles poussées.
Fils de diplomate converti par la suite à l’industrie, né au gré des affectations du père à Prague, il voulait au départ effectuer des études d’architecture. Une bourse d’études lui permettra de partir directement du Lycée Technique de Mahdia en 1990 pour la polytechnique de Liège (Belgique), pour un tronc commun en ingéniorat, puis à l’Ecole supérieure industrielle de Verviers. Six ans plus tard, il en sortira en 1997 ingénieur en textile mécatronique. Redevable de la bourse d’Etat, il rejoindra à son retour en Tunisie le temple du secteur, le Centre technique du textile (CETTEX), qui venait juste d’être créé. Deux ans durant, il y sera jusqu’en 1999 tour à tour expert en mise à niveau des entreprises de textile, responsable Métrologie du laboratoire textile, et auditeur interne du système qualité ISO 9001. A la formation académique, vient se greffer l’expérience sur le terrain au cœur du secteur.
Le concept est là
Ce passage au CETTEX lui sera précieux. Il lui permettra notamment de comprendre les enjeux du futur, surtout qu’une étude de Gherzi Textile Organisation avait sonné les limites de la sous-traitance et montré que l’avenir est dans le produit fini, avec une forte valeur ajoutée technologique. Karim commencera par s’installer pour son propre compte, montant une entreprise de commerce international spécialisée dans la représentation des machines de tricotage et de fil. Il continuera à fréquenter les salons spécialisés de par le monde et à investiguer les nouvelles technologies. Sa décision est alors prise: se lancer dans l’industrie en optant pour le vêtement intelligent. Le nom est vite trouvé : New Body Line. Le concept est là.
Un proche parent, Ridha Letaief, consultant en création et gestion d’entreprises lui sera d’une grande utilité pour l’élaboration des études de rentabilité et de faisabilité technico-économico-financière et son assistance depuis la création de l’entreprise et tout au long de son parcours. Il finira par le rejoindre en tant que DGA, ce qui le soulagera de la gestion rigoureuse nécessaire. Jeune promoteur innovant, Karim parviendra à susciter l’intérêt de la SPPI, première entreprise de capital risque en Tunisie, fondée par Samir Marrakchi et une panoplie de banques et postulera au soutien du Foprodi. Il ira frapper à la porte des banques et se fera alors remarquer par un directeur de l’UBCI (aujourd’hui UBCI-BNP Paribas), qui supervisait alors la région de Mahdia : Hafedh Sbaa. Il y croira tellement qu’il parviendra à arracher en sa faveur, en pleine crise de 2001, l’accord de sa direction générale, la convainquant qu’il ne s’agira point d’un «futur dossier de contentieux». Sbaa est aujourd’hui Président-directeur général de la Tuniso-Seoudienne d’Intermédiation (TSI) qui introduira New Body Line en Bourse. Sacré destin. Durant son parcours, M. Karim Rejeb a aussi bénéficié du soutien et de l’encadrement permanents de sa famille, notamment son père et son frère, et a réussi à mettre en place une équipe d’ingénieurs, de techniciens, d’ouvriers et ouvrières spécialisées, d’un haut niveau de qualification dynamique, solidaire et travaillant dans des conditions d’une parfaite synergie.
Le travail s’intensifie. Dès le départ, il fallait tout offrir au client, du concept-produit au design, ne lui laissant à apporter que sa touche stylistique, puis lancer la production jusqu’à la livraison. Pour ce faire, il fallait acquérir la technologie la plus avancée, disposer de machines dernier cri, former les jeunes, convaincre les clients, assurer le respect rigoureux des cahiers des charges. Un premier gros client international arrive. Au bout d’une année seulement, New Body Line réussira à devenir son premier fournisseur. D’autres grandes marques suivent. L’innovation se confirme et se trouve plébiscitée en Europe. L’attractivité de New Body Line n’est pas le prix, mais la qualité et la réactivité. Double défi relevé: 100 % de 1er choix et en temps précis.
Adopté par les grandes marques et reconnu par les experts, Karim Rejeb Sfar intègre rapidement le club des grands innovateurs du secteur, formant une chaîne d’excellence allant de la fibre au fil, aux équipements, au design et au process. Solidement installé dans le vêtement intelligent, passant au cosmeto-textile, en collaboration avec ses clients et partenaires leaders du secteur, il doit participer à l’invention du textile de demain. Les pieds dans ses laboratoires de recherche et développement ainsi que ses usines, mais la tête de par le monde, Karim Rejeb Sfar est déjà en plein dans le futur. L’introduction en Bourse lui donnera sans doute de nouvelles ailes.
- Ecrire un commentaire
- Commenter
Il y a onze ans déjà ton atelier de tissage circulaire m'avait surpris par son modernisme et Sa rigueur tu m'avait prouv? à l'époque que nous pouvions faire des grandes chose dans notre pays. Bravo