La Marine Marchande Tunisienne change de look
Qui faudrait-il croire : la pleine page d’annonce presse qui célèbre, cette semaine, la nouvelle charte graphique arborée par l’Office de la Marine Marchande et des Ports (OMPP), ou les supports de l’Office à commencer par le site web: www.ommp.nat.tn encore non-mis à jour.
En page centrale du supplément sportif d’Assarih, le nouveau logo est révélé en 1/8 de page, laissant le reste de la surface publicitaire payée pour indiquer, avec 8 miniatures de bateaux et de grues, qu’une nouvelle charte est adoptée pour « concrétiser la réalité du transport maritime moderne et d’avenir. » Le logo retenu se compose d’une tête de navire, avec un gros cordage cappelé sur une bitte.
« Le parti-pris créatif, explique à Leaders un graphiste confirmé, est clair : Le designer n’a pas opté pour signifier un port multimodal avec une symbolique évoquant la manutention et le stockage. Il semble plutôt avoir forcé sur la taille du cordage et de la bitte, pour bien signifier que le navire est solidement retenu à quai, en signe de sécurité. La chromie choisie se limite au bleu (marin) ce qui ne donne pas à l’OMPP une indispensable instinctivité parmi les autres acteurs du secteur ».
Valoriser nos ports
D’après un connaisseur, «l’ensemble, ne rend pas justice à la mission accomplie par l’OMPP et ne valorise pas suffisamment l’infrastructure portuaire tunisienne et surtout la stratégie de déploiement adoptée pour l’ensemble du secteur.» Evidemment, quand on connaît les conditions de déroulement des consultations pour l’élaboration de chartes graphiques, on comprend mieux les conditions de leur accomplissement. Ces compétitions mettent à égalité de compétence tous les graphistes, selon un minimum de critères de base, et se jouent au moins-disant. Puis, et vogue la galère ! »
« Souvent aussi, ajoute-t-il, en interne, chez le client, très peu de personnes connaissent bien le processus d’un décrochage d’identité, les règles de consultation d’une charte graphique et les conditions de sa mise en œuvre. De même, faute d’un brief précis, bien validé en interne par toute la hiérarchie, l’arbitrage final sur les créations, se fera selon différentes appréciations. L’absence de tests préalables risque de laisser les décisionnaires flasher pour des coups de cœur insuffisamment fondés ».
« Le grand problème des chartes graphique, précise ce spécialiste interrogé par Leaders, c’est qu’elles ne bénéficient pas de temps (donc d’argent) nécessaire à une bonne réflexion stratégique. Puis, à coup d’avis non-consensuels, les propositions de base, perdent leurs signes, sens et significations. Actuellement, cette discipline est très bien enseignée dans nos écoles de design et de beaux arts et nous commençons à avoir de bons spécialistes talentueux, méticuleux et méthodiques. Mais, évidemment, comment voulez-vous avec des compétitions aux moins-disant, et des menus budgets de 10000 à 15000 DT concevoir une véritable identité graphique, visuelle, sonore et signalétique d’une grande compagnie. Rien qu’en déclinaisons de charte, il va falloir concevoir au moins 100 documents marketing, commerciaux, institutionnels et administratifs, sans compter l’élaboration du cahier des normes graphiques et sa reproduction. Alors faites le compte et vous allez bien comprendre les enjeux et apprécier le résultat final à sa juste valeur ».
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