La Gouvernance de l'Intégration africaine: les opportunités que la Tunisie doit saisir
La 6e Conférence des ministres africains chargés de l’Intégration économique s’est tenue aux Iles Maurice les 18-19 Avril 2013, avec pour thème principal : la gouvernance de l’intégration. La Tunisie y a pris une part active en la personne de son représentant, M. Ali Chebbi, conseiller auprès du gouvernement, qui a répondu aux questions de Leaders
Dans quel cadre, ce thème a suscité l’intérêt des décideurs africains ?
Le thème de l’intégration régionale au sein des économies africaines est toujours d’actualité puisque dans un monde de plus en plus mondialisé, ces économies ne devraient pas s’isoler pour une raison ou pour une autre. Depuis des décennies, plusieurs projets d’unions, d’intégration, de création de zones de libre-échange,… ont été initiés mais n'ont pas été totalement concrétisées. Au cours des dernières années des obstacles à de tels programmes ont pu être levés. Les conflits politiques et militaires dans le continent ont perdu de leur acuité alors que les signes de relance économique dans plusieurs pays africains se sont précisés. De plus, la volonté de plus en évidente des populations à circuler librement à travers les pays et celle des hommes d’affaires à entretenir des projets transafricains se sont heurtées à des législations et cadres institutionnels différents, des barrières non-tarifaires et des politiques macroéconomiques locales diverses. C’est dans ce cadre que cette conférence, réunissant experts économistes et politiques, s’est tenue pour étudier et envisager les possibilités du processus de l’intégration économique en Afrique. La Gouvernance de l’intégration et ses prérogatives se présentent donc comme la pierre angulaire de tout processus de réformes économiques et sociales puisque les décideurs seront appelés à traduire dans les faits, la volonté de leurs populations.
Quelles sont les idées que vous avez-vous défendues ?
Loin des discours utopiques, cristallisant le sous-développement des pays africains au seul facteur étranger, il faudrait reconsidérer l’intégration régionale comme l’un des facteurs de croissance pourvu que les conditions en soient vérifiées. Par ailleurs, une intégration des économies africaines, comme celles de l’UMA, dans leur états actuel pourrait ne pas être à la hauteur des aspirations actuelles des générations présentes. Il faudrait d’abord renforcer les différents blocs économiques déjà édifiés comme la Communauté des États sahélo-sahariens(COMESA), le Marché commun de l'Afrique orientale et australe (MCAOA), la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (CEMAC),…, En me limitant au cas de l’UMA, l’échange actuel entre ses pays membre est loin d’être un indicateur de tendance vers une intégration régionale. D’autant plus que chaque pays de la zone maghrébine entretient des échanges intenses avec l’Europe. Ce fait est dû à des contraintes objectives relevant des barrières non tarifaires, à des règles institutionnelles différentes en passant d’un pays maghrébin à un autres et dû aussi à l’absence de véritables avantages comparatifs nets justifiant l’orientation vers l’intensification des échanges au sein de la zone au détriment de ceux avec les partenaires européens classiques. C’est de ce point de vue que la Tunisie a prôné l’instauration de modèles de développement inclusif qui se présentent comme alternatives aux modèles actuels dans chaque pays de la zone maghrébine et de même pour chaque bloc commercial déjà construit en Afrique. C’est sur la base du renforcement du dispositif productif dans chaque pays qu’une intégration régionale, voire continentale, aura les effets de croissance et du développement visés.
Quelles sont les recommandations que la Conférence a proposées ?
Nombreuses étaient les recommandations qui ont été faites. Je retiendrai celles portant renforcement de la confiance mutuelle entre pays africains ainsi que la coopération en prenant en compte le phénomène de la mondialisation. Il s’agit aussi du renforcement des pouvoirs et institutions régionales et continentales pour qu’elle joue leur rôle dans la coordination et l’accélération du processus d’intégration. Par ailleurs, une harmonisation des cadres institutionnels et macroéconomiques ainsi qu’une implication plus prononcée des institutions financières africaines multilatérales dans les efforts,soit de conceptualisation, de mise en œuvre et d’évaluation des programmes portant développement inclusif ont été aussi recommandées.
Je m’adresse enfin aux investisseurs tunisiens pour qu’ils se dirigent vers les pays africains car ils sont porteurs d’opportunités très prometteuses dans plusieurs domaines et secteurs comme les services de communication et financiers, les produits alimentaires, les activités de montage, etc. Avec le soutien des autorités, ceci permettrait aussi de diversifier le portefeuille du commerce extérieur tunisien.
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