News - 02.05.2013

Banque centrale de Tunisie : des tensions inflationnistes inquiétantes

La Banque centrale de Tunisie a exprimé « son inquiétude quant à la persistance des tensions inflationnistes et son impact sur la compétitivité de l’économie nationale », et « réitéré son appel pour toutes les parties prenantes à doubler les efforts afin de mieux contrôler les facteurs qui alimentent la hausse des prix, en particulier l’amélioration des circuits de distribution ». Lors de sa réunion le 30 avril, le conseil d’administration de la Banque a notamment relevé le ralentissement du rythme de l’investissement aussi bien intérieur qu’extérieur, source d’inquiétude quant à l’impact de cette évolution sur la croissance et les équilibres financiers, ainsi que la baisse du volume des réserves en devises qui se sont établies, au 29 avril 2013, à 10.902 MDT ou l’équivalent de 102 jours d’importations, contre 11.170 MDT et 104 jours au terme du mois précédent. Quant au taux d’inflation, il a connu une accélération au mois de mars 2013 pour s’établir à 6,5% en glissement annuel contre 5,8% au mois de février dernier, en rapport notamment avec la hausse des prix des produits alimentaires (8,8%) et le dernier ajustement des prix des carburants et de l’énergie. Le conseil a décidé de maintenir inchangé le taux d’intérêt directeur de la Banque Centrale.

Communiqué intégral

Au début des travaux du Conseil d’Administration, Monsieur le Gouverneur a présenté un exposé sur la participation de la Banque Centrale de Tunisie aux réunions du printemps de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international, au cours desquelles il s’est entretenu avec plusieurs hauts responsables financiers sur le plan international et régional, en particulier Mme Christine LAGARDE, Directrice Générale du FMI.
Dans ce cadre, Le Conseil s’est félicité des bons résultats de cette participation qui a été couronnée, notamment, par l’annonce de la conclusion des négociations relatives à  un accord de confirmation pour une période de 24 mois d’un montant de 1,75 milliard de dollars américains (soit l’équivalent de 2,7 milliard de dinars) et ce, afin d’appuyer le programme des réformes économiques et financières mis en place par le  gouvernement tunisien, ce qui le conforte à mobiliser les ressources extérieures nécessaires permettant de subvenir aux besoins de financement de la balance des paiements et du budget de l’Etat.

Le Conseil a, ensuite, passé en revue les évolutions récentes de l’économie mondiale caractérisées surtout par la révision à la baisse, par le FMI, des prévisions de la croissance économique mondiale attendue pour cette année et l’an prochain, par rapport aux estimations du mois de janvier 2013.

En ce qui concerne l’économie tunisienne, le Conseil a examiné les dernières estimations de la croissance économique pour l’année en cours qui sont projetées à 4% et ce, en raison de la contraction attendue au niveau du secteur de l’agriculture et de la pêche ainsi que le ralentissement du rythme de l’activité dans les industries manufacturières et les services.

Au regard des derniers indicateurs économiques, le Conseil a constaté l’évolution contrastée dans les divers secteurs, notant la poursuite du rythme toujours positif de l’activité du secteur industriel pour le septième mois consécutif avec une augmentation de l’indice de production, au mois de janvier 2013, de 2,6% en glissement annuel suite à l’évolution positive dans le secteur des industries manufacturières (1,8%) et celui des industries non manufacturières (6,8%) qui a bénéficié de la hausse de la production énergétique ; alors que les tensions au niveau du secteur des services se poursuivent à cause de la baisse continue des principaux indicateurs du secteur touristique au mois de mars 2013, et ce, pour le troisième mois consécutif. Le Conseil a noté dans ce cadre, et selon les derniers indicateurs, le ralentissement du rythme de l’investissement aussi bien intérieur qu’extérieur et a exprimé son inquiétude quant à l’impact de cette évolution sur la croissance et les équilibres financiers.

Concernant le secteur extérieur, le Conseil a souligné la poursuite de l’amélioration de la situation de la balance courante au cours du premier trimestre 2013. En effet, le déficit courant s’est établi à 1,8% du PIB contre 2,3% une année auparavant, suite principalement à la baisse du déficit commercial en relation avec l’accroissement des exportations à un rythme plus rapide que celui des importations (+8,5% et +3,9% respectivement), ce qui s’est traduit par une amélioration du taux de couverture de 3,2 points de pourcentage. Toutefois, la hausse des dépenses au titre du remboursement de la dette extérieure, qui s’est accompagnée par un repli des revenus des investissements étrangers, a engendré une baisse du volume des réserves en devises qui se sont établies, au 29 avril 2013, à 10.902 MDT ou l’équivalent de 102 jours d’importations, contre 11.170 MDT et 104 jours au terme du mois précédent.

Concernant l’évolution des prix à la consommation, le taux d’inflation a connu une accélération au mois de mars 2013 pour s’établir à 6,5% en glissement annuel contre 5,8% au mois de février dernier, en rapport notamment avec la hausse des prix des produits alimentaires (8,8%) et le dernier ajustement des prix des carburants et de l’énergie.

Sur le plan monétaire, les besoins de liquidité des banques se sont atténués au mois d’avril 2013, ce qui a contribué à faire baisser les interventions de la BCT sur le marché monétaire revenant à leur plus bas niveau depuis le début de l’année, soit 3.476 MDT en moyennes quotidiennes jusqu’au 29 du mois, contre 3.560 MDT en mars. Pour sa part, le taux d’intérêt moyen sur ce marché a poursuivi sa tendance haussière pour atteindre 4,70% au cours de la même période contre 4,33% le mois précédent, en relation surtout avec les décisions qui ont été prises par le Conseil de la BCT lors des précédentes réunions, notamment la dernière augmentation du taux d’intérêt directeur afin de contrecarrer la montée des tensions inflationnistes.

Lors de l’analyse de l’activité du secteur bancaire, le Conseil a constaté une hausse de 2,3% de l’encours des dépôts au cours du premier trimestre de 2013, soit un rythme plus rapide que celui enregistré au cours de la même période de 2012 et de 2010 (2,1% et 1,7%, respectivement). Cette hausse a concerné les certificats de  dépôts et les comptes d’épargne. En revanche, les concours à l’économie ont enregistré, au cours de la même période, une progression de 1,8% contre 2,4% durant la même période de 2012.

A la lumière de ces évolutions, le Conseil a exprimé son inquiétude quant à la persistance des tensions inflationnistes et son impact sur la compétitivité de l’économie nationale, et en particulier sur certains secteurs orientés à l’exportation, dans un contexte qui demeure marqué par la faiblesse de l’investissement intérieur et extérieur. En outre, le Conseil a réitéré son appel pour toutes les parties prenantes à doubler les efforts afin de mieux contrôler les facteurs qui alimentent la hausse des prix, en particulier l’amélioration des circuits de distribution et a décidé de maintenir inchangé le taux d’intérêt directeur de la Banque Centrale.
 

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1 Commentaire
Les Commentaires
sadokdriss - 02-05-2013 18:39

L'Inflation a toujours été une source de préoccu pation,et c'est la BCT qui s'en charge de mettre au point les mesures appropriées conformément avec la politique économique et ses deux volets-clés:monétaire et fiscal.La prise de conscience des problèmes d'aujourd'hui est essentielle pour le succès de toutes les mesures à mettre en exergue.Toutefois,et comme le disait Phytagore, le philosophe grec"les chiffres gouvernent le monde,"ainsi faut-il interpréter les faits vécus,les concepts tels que"l'efficience"et l'efficacité"et selon Peter F Drucker,Père du Management Moderne,et en ses propres termes "Efficiency is doing things right;Effectiveness is doing the right thing."Finalement,on ne peut pas ne pas prendre en considération le conseil de Jacques Ellul,auteur de l'ouvrage"La Techni-que ,ou l'Enjeu du siècle":"Le Plan ,n'est pas la solution,mais l'Instrument indispensable de toutes les solutions."Trois questions fondamen-tales méritent d'être réitérées:(1)What gets done?(2)Who benefits?(3)Who controls?En termes de priorités,à mettre en exergue,faut-il men-tionner:l'Infrastructure,Les Innovations,Les Ins titutions et les Incitations.En fin de compte, Démocrite,philosophe grec et contemporain de Socrate,et Père de la Science Moderne,disait: "Tout ce qui existe dans l'Univers est le fruit du hasard et de la nécessité"idée fort applaudie et confirmée par Jacques Monod,médecin français et co-lauréat du Prix Nobel de Médecine,en 1965, dans son petit ouvrage"Le Hasard et la Néces-sité."Comme il s'agit de la sphère économique, on ne peut que réitérer la définition de l'entreprise formulée par Roland Coase,Lauréat du Prix Nobel en Economie,en 1991,"un système de relations définissant l'emploi de ressources par un entrepreneur."

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