Pourquoi le dinar tunisien a-t-il chuté et comment sera-t-il stabilisé?
La Banque centrale de Tunisie a confirmé l’amorce d’une inflexion du glissement du dinar tunisien face notamment à l’euro et au dollar américain, après de fortes pointes atteignant 2.22 dinar pour 1 euro et 1.69 dinar pour 1 dollar, entre les 6 et 10 mai courant. L’effort de stabilisation engagé a exigé l’injection de pas moins de 638 millions de dinars, depuis le début de la semaine dernière, ce qui représente près du tiers des montants injectés depuis le début de l’année et qui s’élèvent à 1887 millions de dinars.Si, pour être réaliste, l’objectif n’étant pas d’inverser la tendance, mais de réduire le glissement, le dinar s’est réduit jeudi à 2.1305 par rapport à l’euro et à 1.64 face au dollar, a indiqué le gouverneur de la BCT, Chedly Ayari.
Expliquant les origines de cette bulle qui commence à être crevée, il a mentionné outre les facteurs structurels (situation politique, sécurité et autres), et les facteurs conjoncturels relatifs aux mauvais indicateurs du 1er trimestre 2013, une très forte demande en devises durant le mois d’avril, d’un montant de 350 millions d’euros. De grandes compagnies devaient procéder à des transferts en devises de gros montants, qu’il s’agisse de paiement de dividendes à des actionnaires étrangers comme ce fut le cas de Tunisiana (pour un montant de 98 millions de dollars) ou de faire face à des échéances notamment pour ce qui est de la STEG (57 millions de dollars), l’ETAP (67 millions de dollars), la STIR (60 millions de dollars), l’Office de l’Huile (10 millions de dollars) ou l’Office du Commerce de Tunisie (10 millions de dollars). Ce choc de la demande a suscité une spéculation de la rareté, certaines banques interrogées ont coté large, par souci de précaution, allant entre 2.22 et 2.29 dinar pour un euro par exemple.
Un médiocre premier trimestre 2013
Pour Chedly Ayari, les pics de dépréciations du dinar atteints ces derniers jours ne sont pas historiques, mais tirent une sonnette d’alarme.Tout en gardant une vigilance accrue dans le suivi des cours et décidant des injections de stabilisation nécessaire, le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie a réitéré son démenti quant à toute intention de dévaluation du dinar. Il n’a pas caché cependant son souci de voir certains indicateurs économiques et financiers se dégrader depuis le début de l’année. « Le 1er trimestre censé marquer un bon démarrage et constituant un indicateur significatif pour le reste de l’année, a mal démarré, a-t-il souligné. Après une courte embellie en janvier, les mois de février et surtout mars ont été impactés par une série de facteurs négatifs qu’il s’agisse de l’investissement local, des investissements directs étrangers, des recettes touristiques et autres. Le taux de croissance par rapport à la même période de l’année dernière est estimé par la BCT à 2.7%. Quant à l’inflation, elle continue au taux de 6.4% à résister aux thérapies pratiquées.
Dans cette conjoncture médiocre, le déclenchement de facteurs conjoncturels violents avec ces demandes multiples et fortes d’achats de devises a provoqué un choc d’achat dans une économie pauvre en monnaies étrangères, s’agissant d’une période creuse dépourvue d’exportations soutenues et de tirages sur des prêts contractés.
Tel un pompier en alerte, la Banque centrale semble tenir une corde raide, pour protéger le dinar et le soutenir, en attendant une réactivation économique et la conception d’une nouvelle politique monétaire.
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Comment croire que la courbe de cette chute du dinar va s'inverser quand on voit que le pays s'enfonce inexorablement dans l'échec sur tous les plans et dans l'insécurité, tout cela par l'amateurisme coupable de ce pouvoir qui depuis 2 ans nous gouverne ?
Notre gouverneur de la Banque Centrale est un homme à la fois brillant économiste et fin politique. La chute du cours du dinar était prévisible et inévitable depuis belle lurette. Cela est dû à la situation politique chaotique et instable du pays. Son prédécesseur s'était démarqué (à raison) du pouvoir et avait tiré plus d'une fois la sonnette d'alarme. Alors que M. Ayari composait avec le pouvoir erratique. De grâce, procédons à une véritable dévaluation qui pourrait "booster" les exportations et attirée un tant soit les touristes. Quant à nos importations, il serait temps qu'elles soient limitées aux besoins essentiels et vitaux...sans certaines folies de dépenses comme à l'occasion du mois de ramadan et autres fêtes. Que le gouverneur de la BCT ne se fasse pas d'illusion !
Il faut augmenter encore le prix des carburants
L'ambiance avec de tels événements politiques,assassinats,menaces terroristes(Djebel Châmbi),etc...ne contribuent guère à attirer les touristes,ni les investisseurs.Si cette situation perdurait,la dévaluation du DT serait inévitable.
Euro est la monnaie la plus chére au monde et c folie k de maintenir le dinar lié à cette monnaie il faut d'evaluer le plus tôt possible et de facon importante mettre sa fierté a côté et laisser le marche faire son boulot car avec un dinar a sa juste valeur cela attirera les investisseurs et diminuera les imports non vitales