Rachid Ammar, le général républicain
Jusque-là, le général de corps d’armée, Chef d’état-major interarmées Rachid Ammar était intervenu publiquement une seule fois, le 25 janvier 2011, 11 jours à peine après la révolution, devant les jeunes de la Kasbah I pour les exhorter à évacuer les lieux «afin de permettre au gouvernement de faire son travail» tout en se portant garant personnellement du succès de la révolution. Il ne sera pas entendu. S’il a décidé, aujourd'hui, de rompre le silence dans lequel il s’est muré depuis deux ans et demi, c’est qu’il avait des choses à dire aux Tunisiens.
Le choix de la date n’est pas fortuit : le 24 juin, date-anniversaire de la création de l’armée : « le choix de la chaîne (Ettounissia) et de l'émission (9 heures du soir), non plus : «j'ai apprécié votre position après les critiques qui m'ont été adressées», confiera le général à Ben Gharbia.
Pendant plus de trois heures, il se montrera tour à tour pathétique et froid, grave et ironique, émaillant ses réponses aux questions de Moez Ben Gharbia et Slaheddine El Jourchi de citations du Coran ou de proverbes du terroir. Il se présente d’abord, se définissant comme un patriote désintéressé «des Rachid Ammar, ça ne court pas les rues». Des révélations, il n’en sera pas avare, même si parfois il ne nous dit pas tout, secret défense oblige.
Le 15 janvier 2011, «on» lui propose le poste de président de la République. Il refuse tout net. Un militaire ne doit pas faire de politique (cette phrase reviendra comme un leitmotiv dans sa bouche) mais il tapera du poing sur la table au point de se faire mal (la table était en marbre) pour que le président de l’Assemblée nationale de l’époque, Fouad Mebazaa, accepte le poste qui lui revenait de droit. Il évoquera longuement les évènements du Chaambi, « L’objectif des terroristes était de prendre le pouvoir », soutient-il. Il relève surtout les graves défaillances du renseignement « Le groupe a séjourné pendant un an au mont Chaambi, a mené ses préparatifs sans que personne n’en avise les autorités, ni les habitants des hameaux avoisinants, ni les gardes forestiers qui sont, précise t-il, un corps paramilitaire. Cette affaire est très grave. Nous aurons d'autres Chaambi. Le risque de «somalisation» n'est pas à écarter. Je suis allé dans ce pays et je sais de quoi je parle. Pour faire face à ce danger, le renseignement est primordial. C’est pourquoi, j’ai demandé à « Monsieur le président de la République » (tout au long de l’émission, il ne s’est jamais départi de ce ton respectueux quand il évoquait Moncef Marzouki ) de créer une agence nationale du renseignement ». C’est aussi lui qui a soufflé à Hamadi Jebali l’idée d’un gouvernement de technocrates au lendemain de l’assassinat de Chokri Belaïd. « Ce geste était l’acte de décès du régime. J’en étais convaincu. Hamadi Jebali aussi qui a tenu à ma présence au conseil des sages pour que je défende ma position ». Il a paru ulcéré par les critiques de Mohamed Abbou à son encontre, critiques qu’il a qualifiées «d'injustes, déplacées et dénuées de tout fondement ».
Puis arrive le moment fatidique. Le général semble ému, ses yeux, embués de larmes : « J’ai décidé de quitter l’armée. Il ne s’agit pas d’une démission. J’ai tout juste fait valoir mes droits à la retraite. J’ai atteint la limite d’âge en 2006. Et depuis, j’ai été reconduit dans mes fonctions. Je crois que le moment est venu de céder la place. J’ai présenté une demande écrite dans ce sens, ce samedi 22 juin à « Monsieur le président de la république » qui l’a refusée, mais a dû finalement l’accepter devant mon insistance ».
Cette émission qui a certainement battu tous les records d’audience nous a permis de découvrir ce militaire légaliste, probe, plus que jamais attaché à la neutralité de l'armée. Une espèce rare sous nos latitudes d'autant plus que le 14 janvier, «le pouvoir n'était pas à prendre, mais à ramasser».
Reste à savoir si le général va se contenter d'une vie paisible de retraité ou s'il va se jeter à son tour dans l'arène politique. Beaucoup, en tout cas, pensent qu'il n'y sera pas de trop compte tenu du triste spectacle que nous offre notre classe politique.
Hédi
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Je regrette votre départ , mon Général!
LA BOMBE ANNONCE La bombe d'hier soir : L'annonce faite en direct à la TV, et dont Ettanousia en a eu la primeur, c'est bien l'annonce par le Gl Rachid Ammar de son départ volontaire à la retraite !!! Ce que tout le monde essayait d'occulter, (le citoyen lambda, le contribuable, l'électeur) que cela pourrait arriver 1 jour; ce que tout le monde redoutait ( le citoyen conscient de l'évolution de la situation et de la précipitation des évènements ds son pays). Mais sa décision prononcée en direct et on compris c'était irrévocable. Pour autant, peut-on accuser ce coup de tonnerre, nous, tunisiens, sans envisager des scénarios ? sans faire de propositions ? sans donner notre avis à celui qui fut le Sauveur du pays et qui aujourd'hui, n'en déplaise aux détracteurs, s'érige ds l'histoire de notre pays en HOMME PROVIDENTIEL ! A l'image de rares grands hommes de l'Histoire qui y entrent par le fracas des évènements et qui en sortent de leur propre gré, (et comme par hasard tjs de grands militaires) qui ont contribué à refaçonner le cours de l'histoire ds son sens dynamique : le gl de Gaulle en France, le gl Eanes au Portugal en l'occurence. Alors comment envisager l'avenir au vu de la situation telle que décrite hier par le Gl R.A. ? D'abord l'armée ? ensuite le pays ? sans le gl ! Ns espérons et souhaitons que le futur chef d'état-major de l'armée de terre et celui des armées (qui seront poposés par le gl R.A., d'où cette terrible responsabilité morale devant les choix qui vont conditionner l'avenir, notamment celui d'1 nation et de ses institutions) soient doués de cette même modération et de cette même lucidité du gl R.A.devant les évènements pour savoir sinon les prévenir du moins bien y faire face et les traiter (car ils auront du pain sur la planche si l'on décrypte bien les propos du gl) ds le cadre républicain et de défense de l'Etat de droit !!! Ensuite, peut-on imaginer 1 homme de la stature du gl R.A. terminer douillettement sa vie ds une paisible retraite ? Après été jugé sur épreuve par tt le peuple, voire le + grand nombre des partis politiques, et gagné la confiance générale comme l'homme mesuré, qui aurait pu tt faire à la manière "arabe" (coup d'Etat, culte de la personnalité, probablement cycle infernal troubles-répressions, faillite économique,...) mais qui a fait le choix et le pari de l'avenir et l'entrée de notre pays ds le monde civilisé de la liberté et de l'Etat de droit, n'est-il pas légitime et n'est-on pas en droit d'envisager une forme de "carrière", plutôt une mission au-dessus des événements spécifiquement militaires pour celle nationale et républicaine ? A mon avis le gl R.A. mérite de se proposer aux futures éléctions présidentielles (1 pavé ds la mare que je lance, dira-t-on !), non comme gratification ou témoignage de reconnaissance, (il n'a fait que son travail, efficacement mais son travail) mais comme 1 témoignage de confiance absolue pour nous faire réussir ce passage difficile vers la démocratisation réelle de notre pays et le parachèvement du rétablissement de la sécurité sur tt le territoire par delà tous les clivages partisans et les conflits sociaux. C'est un monsier qui crée autour de lui 1 consensus. Je considère qu'il mérite de tout coeur cette confiance.
Voilà un citoyen au service de la Tunisie et le peuple Tunisiens. Mon général j'ai beaucoup de respect pour vous et pour votre courage. Vous avez contribué pour beaucoup à la réussite de la révolution Tunisienne. Vous avez donné aux Tunisiennes et aux Tunisiens la liberté. Je suis convaincu que le peuple Tunisien est reconnaissant que la révolution du 14 janvier passée sans bain de sang grasse à vous mon Général.
le general rachid ammar n'a pas vidé son sac,ses declarations sont necessaires pour couper court à toute rumeur
Pour sa probité, son intégrité dont tous les Tunisiens doivent être fiers et redevables, le Général Rachid Ammar doit rester émérite même à la retraite, une conscience morale écoutée et consultée pour l'amour du pays et sa sécurité, sa défense contre toute effusion de sang. Ceux qui seront responsables de la "somalisation" de la Tunisie dont il parle doivent en être empêchés rapidement dans un sursaut de salut national, loin des petits calculs politiques de tous bords. Il s'agit de sauver la nation des griffes d'un monstre !
Cher Général, Pourquoi quitter l'armée, garant de la sécurité du pays et des institutions de l'Etat maintenant? Pourquoi ne pas attendre le déroulement des élections à venir? A moins que vous n'ayez été poussé à quitter votre poste?
Bien fait mon General. Excellent de partir de la sorte, intact, historique, avec le sentiment de bien servir le pays. Ce genre de gest manquait au Combattant Supreme. Votre depart est aussi un service rendu au pays.
Le General aurait il "sifflé la fin de la récréation" ? De toute façon l'intérêt supérieur du pays exige plus de sens du devoir des uns et des autres.
et un journaliste d'une chaine bien connue pour tirer sur tout qui représente l'unité nationale, continue sans s'excuser à le critiquer personellement
Humble tunisienne, je tiens a vous exprimer toute mon admiration pour votre courage indomptable, votre sens du devoir, votre probité, votre amour sans faille pour notre chère Tunisie,votre humilité alors que vous pouviez prétendre aux plus grands honneurs. Vous êtes un Grand parmi les Grands. Vous ne vous êtes jamais laissé manipuler. Un immense merci! Qui d'autre aujourd'hui, en Tunisie, peut prétendre à tant de savoir faire et de discrète et si efficace parade face à l'adversité politique et religieuse qui nous menace. Grâce à votre patriotisme,vous avez, sans aucun doute, avec vos troupes fidèles, été le protecteur et le garant de l'intégrité notre nation. Espérons que ceux qui vous succéderont, à la tête de notre armée si courageuse, auront votre trempe et votre sens du devoir ! Encore merci et bonne retraite
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Monsieur Rachid AMMAR, vous êtes sorti par la petite porte, vous n'avez pas voulu écouter la voix de la raison et de la sagesse, je vous ai pourtant conseillé de limoger Ghannouchi (même provisoirement) et organiser une élection présidentielle anticipée, vous aurez rendu un grand service à la Tunisie, et par la même occasion, vous aurez gagné l'estime du peuple Tunisien, et aussi du monde entier, le temps m'a donné raison puisque Ennahdha annonce que l'élection présidentielle n'aura pas lieu cette année, et peut être n'aura jamais lieu, quand vous étiez chef de l'armée vous avez tous les pouvoirs pour accomplir votre devoir de grand soldat, puisque vous étiez maître incontestable de la Tunisie, dommage vous êtes réduit maintenant à un simple citoyen.
Votre position lors des émettes afférentes à la révolution des jeunes dénote un sens aigu de la responsabilité et une dimension humaine inégalable. Votre attitude combien noble a honoré l'armée Tunisienne en particulier et le peuple Tunisien en général. Elle est digne d'un "héros national" qui jouit d'un grand prestige et d'une image de marque qui a reflété ses convictions et ses valeurs. Les Tunisiens et notamment les générations montantes vous doivent respect et gratitude pour votre soutien et votre adhésion inconditionnelle à leur cause. Vous avez, certes, marqué l’histoire de notre pays en contribuant avec engagement et patriotisme à la réussite de cette révolution qui a constitué un tournant décisif dans le renouvellement qu’à connu la Tunisie en s’inscrivant dans une perspective de liberté et de démocratie. Nous ne pouvons qu’être unanimement fiers d’un homme de votre rang qui s’est assumé en s’opposant avec détermination à la tyrannie d’un dictateur avéré et tant contesté durant son règne.