Chronique d'une dangereuse dérive
La loi d'immunisation de la Révolution qui vient d'etre présentée pour discussion à l'Assemblée Nationale Constituante est, dans le meilleur des cas, une immense diversion qui va entraver la discussion du projet de constitution et retarder d'autant son adoption et dans le pire des cas, une instrumentalisation de la violence "légale" au service d'un projet partisan. Elle est d'une rare brutalité tout en n'assurant en aucun cas l'objectif prétendument poursuivi. Elle dresse la moitié du pays contre son autre moitié. Elle bafoue le principe de séparation des pouvoirs en donnant au pouvoir législatif des prérogatives du pouvoir judiciaire. Elle érige la violence, l'exclusion et l'ostracisme en principe de gouvernement. Elle sème les graines de la discorde et prépare à la guerre civile. Elle permet à une majorité provisoire au pouvoir d'éliminer ses adversaires politiques et de les écarter de la compétition et du jugement des urnes. Elle prépare en ce sens à l'avènement d'une deuxième dictature aussi brutale que celle qu'elle prétend combattre en adoptant ses mêmes méthodes, ses mêmes pratiques et son même autisme. Elle n'assure pour autant en rien le confort à ses instigateurs, car ce qu'une loi peut faire, une autre pourra tout aussi bien le défaire et ceux qu'une majorité a exclus, feront tout pour exclure à leur tour le moment propice. Voilà qui installerait la Tunisie dans une spirale inacceptable de haine et d'excommunication, à un moment où seuls le consensus, le dialogue et une vraie justice transitionnelle nous permettraient d'aller de l'avant et de répondre aux véritables exigences de la Révolution.
Pour toutes ces raisons, cette loi doit être rejetée par tous les patriotes qui œuvrent honnêtement pour l'approfondissement du processus démocratique.
Radhi Meddeb
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Aux critiques sur le fonds formulées par Si Radhi Meddeb ,je voudrais ajouter que cette loi pose un réel problème de sémantique. En effet, le terme" tahsin", en arabe, provient du mot "hosn" qui veut dire forteresse. Or, le propre de toute révolution est d'abattre des forteresses et non d'en ériger.Le recours au terme "immunisation" dans la version française n'est guère plus heureux; l'immunisation contre une maladie déterminée s'obtient, généralement, en inoculant à l'organisme que l'on veut protéger des germes atténués du microbe ou du virus responsable de la maladie ce qui reviendrait, dans le cas d'espèce, à maintenir dans le jeu politique un certain nombre de Rcdistes aseptisés. Avec l'appellation "loi de lustration" utilisée par certains pays de l'Est ayant déjà réalisé leur transition démocratique,on peut espérer résoudre cet épineux problème de sémantique à condition de réduire la période d'exclusion prévue par la loi à cinq ans au lieu de sept. En effet, la lustration était, dans l'antiquité, un rite de purification que l'on renouvelait tous les cinq ans (ce qui a donné au mot "lustre" le sens de période de cinq ans). Autrement, il ne resterait plus qu'à recourir au concept tout aussi antique de l'ostracisme qui consistait d'après Aristote à " bannir de la cité pour une période déterminée tous ceux qui semblaient dépasser les autres en puissance du fait de leur richesse, du nombre de leurs amis, ou de toute autre forme de poids politique.L'inconvénient sera que tous les Rcdistes vont se prendre pour Bourguiba trônant sur son rocher de La Galite.
Très bien !!! Mais rejeter par qui ? Alors que les prisons regorgent d'innocents en attente de jugement et que personne ne trouve à redire ou tire la sonnette d'alarme, alors qu'Amina a osé défier les salafistes en disant haut et fort "mon corps n'appartient qu'à moi et j'en fais ce que je veux", la foule l'a condamné sans même chercher à comprendre ses motivations et le sens de son combat pour la liberté, c'est vraiment faire preuve d'optimisme que de croire que le peuple va se révolter en rejetant ce projet d'immunisation. Il est plus facile de se désintéresser du sort des prisonniers politiques et de laisser croupir des innocents en prison et de s'attaquer sans péril à une jeune femme de 19 ans, que de se confronter à un troupeau de salafistes bêlant. Je vous souhaite bien du plaisir cher ami. J'ai lancé une pétition pour des conditions de détention plus humaines dans nos prisons. Elle a recueillie 10 signatures en 4 jours. Dites vous bien que vous y êtes dans la ..... et vous n'êtes pas prêt d'en sortir avec de tels compagnons d'infortune.
La NEKBA est nue et elle veut se couvrir le cul par des lois bidons. Loi qui nous remet dans l'abime, obscurentisme et fanatisme. BREF: Dites NON à ce projet de la NEKBA. Dites dégage à Enekba, ainsi on participe tous au développement et à la reprise économique de notre chère patrie. Vive la Tunisie libre , loin de la Nekba. Regards / Cdt Eng. / SQS B. SAKET
Au moment où Marzouki prône la création d'une Cour constitutionnelle internationale, voilà un texte qui aura une nature législative qui échappa à tout contrôle de constitutionnalité. En somme, notre inimitable ANC fonce sans crainte de censure. C.'est bien ça l'état de droit revu et corrigé par Ennahdha et ses satellites. Quant à Marzouki, il n'est plus à une contradiction près.
C'est tout simplement l'instrument de création d'une porte par laquelle une nouvelle dictature dessine son chemin pour entrer en vigueur en toute légalité. C'est gravissime. Je ne comprends pas qu'avec ce qui se passe en Egypte en ne soit pas plus mobilisé contre cette mascarade en Tunisie. C'est une vraie trahison cette histoire