Maîtrise des données, notre prochaine bataille

Doucement mais sûrement nous vivons une période de rupture, celle de la numérisation de tout : la société, les organisations, les interactions...l'Homme. Les données, briques de base de la société de l'information, sont devenues une ressource, peu différentes des matières premières et dont l'importance économique dépassera celle du pétrole.

Le pétrole est , pour des raisons géologiques, concentré dans des puits, d'où il est extrait et acheminé après transformation dans les foyers des particuliers sur toute la surface de la terre. Les données personnelles du Web 2.0 sont à l'inverse récoltées chez les particuliers sur la surface de la terre, pour être acheminées vers les centres de données de multinationales Google, Facebook ou Amazon. La quantité de données est en croissance exponentielle : le volume d'informations double tous les deux ans, et le nombre de smartphones passera de 1,4 milliard aujourd'hui à 4 milliards dans trois ans.

L'Europe , afin d'y faire face, souhaite construire ses propres centres de données, à l'instar de la France avec deux fournisseurs d'énergie numérique « Numergy » et « Cloudwatt » financés pour plus de 50% par le gouvernement français.

En Tunisie, et suite à la réunion de Tabarka  les 14 et 15 Juin 2013 initiée par le Ministre des Technologies de l'Information et de la Communication  en collaboration avec le secteur privé, les opérateurs télécoms et les principaux centres informatiques, une vision 2013-2018 a été adoptée : faire de la Tunisie une plate-forme numérique régionale et faire du numérique un moteur de transformation économique et sociale afin d'améliorer la qualité de vie du citoyen et d'accélérer la compétitivité des entreprises et des institutions.

Jusque-là tout va bien, sauf que la question reste " comment passer à l'acte?

1. quelle infrastructure en centres de données ?
2. quelle stratégie adopter : mondiale avec les multinationales ou européenne qui démarre et se recherche?

Pour le moment , l'Europe est absente de la captation des données, les américains détiennent 72% des 50 premiers sites mondiaux, contre 16% pour la Chine. La stratégie de la Corée du Sud s'appuie quant à elle sur un tiers de sites nationaux, un tiers de sites américains et un tiers de sites chinois. D'autres pays aussi différents que le Brésil , la Russie ou l'Iran sont en avance sur l'Europe en la matière. La maîtrise de la société de l'information donne une puissance qu'on soupçonne encore peu et qui dépasse de loin les secteurs de l'économie marchande.

La Tunisie n'a plus droit à l'erreur et doit faire des choix technologiques et stratégiques lui permettant de prendre le leadership régional pour être une plate-forme numérique.

La Tunisie avec toutes ses forces vives: secteurs public et privé , associations doit continuer dans la même lancée que Tabarka où nous fûmes tous réunis autour de " Think big , Start small, Grow fast" .

Karim Ahres
Président INFOTICA