Walid Maaouia, l'ancien chef de Cabinet de Néjib Chebbi quitte Al Jomhoury
Le flot des démissions du parti Al Jomhoury se poursuit atteignant jusqu’à l’entourage direct d’Ahmed Néjib Chebbi. C’est ainsi qu’au lendemain du départ, jeudi 25 juillet de plus de 100 dirigeants, c’est au tour de Walid Maaouia de se joindre aux partants. Ancien directeur de cabinet de Chebbi lors de son éphémère passage à la tête du Ministère du Développement régional (janvier - mars 2011), puis l’ayant suivi jusqu’aux élections du 23 octobre 2011, il a fini par jeter l’éponge lui aussi. Sa lettre de démission adressée à la secrétaire générale Maya Jeribi est explicite quant aux dissensions vécues au sein d’Al Jomhoury.
«Après de très longues réflexions, qui ont débuté en Juillet 2011, résultant de constats multiples de dysfonctionnements du parti, je suis au regret de vous présenter ma démission.
En Janvier 2011 au lendemain de la révolution, j’ai eu le privilège et l’honneur de travailler avec le fondateur du RSP maître Ahmed Nejib Chebbi en tant que Directeur de Cabinet au sein du Ministère du Développement Régional qu’il dirigeait alors, et ai pu constater très rapidement le décalage entre sa vision politique et le parti, particulièrement sur le sujet de sa participation au gouvernement Ghannouchi.
A compter de Mars 2011, lors de sa démission du gouvernement Caied Essebssi et du lancement de la campagne électorale j’ai pu constater, en tant que Directeur de cabinet d’Ahmed Nejib Chebbi au PDP, l’état de déliquescence idéologique du parti dans les régions où plusieurs courants politiques s’exprimaient, cela allait des Youssefistes, aux Nassériens, des Baâthistes Irakien, aux Trotskisteset aux Islamistes.
Par moment, je me posais la question de savoir si le parti n’était pas le premier ennemi d’Ahmed Nejib Chebbi?
Pourtant, avec abnégation et amour de la patrie nous avons réussi avec un groupe de patriotes, Taieb Houidi, Khaled Zribi, Slim Tekaya, Mahmoud El May, Koureich Ben Salem, à mettre en place les fondamentaux d’une organisation politique qui a permit au PDP d’avoir des nouveaux locaux, d’avoir des acteurs économiques de premier ordre et d’avoir de nouveaux adhérents pour la plupart avides de liberté, d’égalité, et foncièrement convaincu que la Tunisie a un rôle à jouer au sein de la méditerranée et du monde maghrébin.
Le parti historique a difficilement suivi cette métamorphose, pour ne pas dire s’y est opposé, sans que la S.G. puisse sensibiliser les troupes à cette évolution inéluctable, et, délimiter les territoires entre les politiques, les administratifs du parti et les acteurs économiques. Chacun avait droit au chapitre sur tous les sujets.
Le parti n’était pas aux ordres.
Entre temps le PDP ayant une image de parti historique d’opposition patriotique crédible auprès de la population tunisienne a réussi la prouesse de créer des tsunamis multiples qui ont été ressenti par ses membres comme des harakiri successifs et qui ont entamé cette image.
Il y a eu le sujet sur le financement des partis, le refus de se conformer aux décisions de l’ISIE sur la publicité électorale, une ligne idéologique de bipolarisation alors que le PDP a réussit à attirer les tunisiens des plus conservateurs aux plus laïques !
Le parti n’a pas su relayer la bonne information aux militants qui ont subi les contrecoups de telles décisions tout autant que le citoyen lambda. Le militant n’a pas trouvé dans son parti l’appui nécessaire pour relayer auprès des sympathisants l’argumentaire politique adéquat.
La débâcle du 23 Octobre 2011 passée, nous n’avons pas pris le temps de panser nos blessures, que voilà le PDP lancé dans une fusion avec Afek, le parti Républicain, et des indépendants sans prendre le temps de définir le génome du parti qui est fondamental avant toute fusion. Clairement, le parti avait besoin de définir son identité politique. Je me rappelle d’une discussion avec maître Ahmed Nejib Chebbi sur l’intérêt de l’adhésion du PDP à l’I.S., il m’a répondu par une boutade « sommes-nous libéraux ou socialistes ? »
Le mode électoral basé sur la cooptation, la recherche d’équilibre de pouvoirs entre les différents partis ont porté les germes de la discorde qui sont venus s’agréger sur les scissions historiques du RSP & du PDP.
Le parti aurait dû accepter la proposition de certains patriotes d’aller vers la présentation de motions politiques portés par des candidats qui auront été élu par leur pair, et, l’imposer aux autres partis.
Comment adhérer à un parti qui donne l’image d'une formation divisée lors de son congrès d’unification, par la mise à l’écart du bureau politique d’élus de la nation ; Moncef Cheikhrouhou, Mahmoud Baroudi, etc.
Le silence était de mise, et, le retrait sans trop de tapages médiatiques était vital pour offrir au nouveau parti Al Hizb AL Joumhouri les conditions de réussite.
Avril 2013, ouverture de la section du Hizb Al Joumhouri à Sidi Bou Saïd, j’ai considéré que le parti a dû réussir sa mûe surtout lors du constat ô combien réconfortant d’une nouvelle génération de militants dont la moyenne d’âge est la vingtaine.
Je suis triste pour cette nouvelle génération que le parti n’a pu leur offrir l’image de l’exemplarité, de l’abnégation et surtout de la concertation.
Pour être issu d’une famille de militants, je connais l’amour que peut porter un militant à son parti qui le lui rend en retour par une formation pédagogique au discours politique, au comportement politique, à la bienséance politique, et ceci avant tout par l’exemplarité de ses dirigeants.
Mme la secrétaire générale, j’ai eu le privilège de militer en haut de la pyramide en tant que Directeur de Cabinet de maître Ahmed Nejib Chebbi et au bas de la pyramide en tant que militant de base dans la section de Sidi Bou Saïd, et dans les deux cas je fais l’amer constat qu’on va être responsable de l’échec de la transition démocratique car nous n’avons pu offrir à nos militants l’exemplarité de l’humilité, de l’abnégation, de la générosité du caractère et de l’intérêt de la nation au dessus de toute considération partisane.
Mme la secrétaire générale, je m’adresse à vous en tant que premier responsable qui certes ne porte pas toutes les responsabilités de tous les dysfonctionnements, et j’en suis très conscient. Mais vous avez été par deux fois S.G. de parti celle du PDP et celle du Hizb Al Joumhouri, or mon regret et que le parti ne réussitsse pas à donner une image de sérénité qui ne peut résulter que d’une vision politique claire porté par un comité central élu, par un bureau exécutif élu, par un bureau politique élu et bien entendu par un S.G. élu qui tirera sa légitimité de cette votation.
Mme la secrétaire générale, je ne vous blâme point et je vous connais assez bien pour savoir que vous avez les qualités des croyants : « Ils luttent dans le sentier d’Allah, ne craignant le blâme d’aucun blâmeur. Telle est la grâce d’Allah ; Il la donne à qui Il veut. » (Coran 5 : 54).
Walid Maaouia
Légende photo: Avec Chebbi à Madrid lors d'un entretien avec Zappatero
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M. Maaouia ne fait plus partie de ll'equipe de Nejib Chebbi ni de son entourage proche depuis le 23 Oct 2011. Son adhesion au Jomhoury est toute recente et date de la creation de la section de sidi bou said. Sa demission aujourd hui n'a rien a voir avec les autres demissionnaires et n'a strictement aucun effet sur le fonctionnement du parti. Je dirai que c'est totalement secondaire et nombriliste au regard de ce qui se joue aujourd hui.
Les démissions successives de ces derniers jours et par douzaines d’Al Joumhouri ne feront qu'affaiblir aussi bien Al Joumhouri que Nida Tounès et par voie de conséquence le nouveau rassemblement politique de l'Union pour La Tunisie ! En effet, le grand perdant des ces démissions n’est pas seulement Néjib Chebbi qui a toujours rêvé de devenir Président de la République… ! Et l’on se demande aujourd’hui si les dirigeants politiques de ces partis sont déjà conscients des conséquences destructrices de ces démissions ? Néjib Chebbi et Béji Caid Essebsi étaient jusque là les deux grands piliers du centre politique en Tunisie. Suite auxdites démissions qui choquent des milliers de Tunisiens, le premier champ de bataille intra-partite sera pour commencer Nida Tounès, auquel se rallieront les démissionnaires d'Al Joumhouri. Parmi ces démissionnaires certains, qui ont déjà savouré le pouvoir en tant que ministres au gouvernement Caid Essebsi, réclameront sans aucun doute des postes de commandements au sein de Nida Tounès et plus tard au sein de l'Union pour la Tunisie ! Ceci dit, l’affrontement entre ces démissionnaires d’Al Joumhouri et les dociles « chouchous » de Caid Essebsi au sein Nida Tounès serait presque inévitable ! En effet, ce tremblement de terre au sein d’Al Joumhouri divisera l’opposition centriste et aura des conséquences néfastes sur certains partis de l’opposition tunisienne qui, faute de programmes politiques clairs et d’alternatives sérieuses par rapport aux partis au pouvoir, essayent, aujourd’hui et surtout après l’assassinat lâche et criminel du martyr Mohamed Brahmi, de renverser le pouvoir par des manifestations anarchiques et une logique insurrectionnelle de la rue… ! Nida Tounès et l’Union pour la Tunisie ne doivent pas être des ramassis de démissionnaires et de mécontents venant d’autres partis de l’opposition. Au contraire, ils doivent se distinguer par rapport aux partis de la Troika et aux autres partis de l’opposition par la génialité de leurs idées et la consistance de leurs programmes politiques susceptibles de séduire et de convaincre les Tunisiens, aux prochaines élections. Dans cette perspective, l’opposition tunisienne doit saisir une bonne fois pour toute que seules des élections démocratiques, indépendantes et transparentes permettraient de détrôner dignement et démocratiquement la Troika du pouvoir et que toute tentative de renverser le pouvoir par l’anarchie et les manifestations ne ferait qu’engouffrer notre pays dans une guerre civile destructrice, mettant ainsi en péril nos biens et nos acquis et le présent et l’avenir de nos enfants !
Lettre ouverte mais vide
Je considère que ce genre d’adhésion opportuniste et de démission défaitiste est une indication claire de l’immaturité de la classe politique Tunisienne. Il est ironique de constater que ces gens de l'opposition qui se précipitent aux adhésions quand ils veulent "a piece of the cake" et se dépêchent lâchement a démissionner quand ils ne trouvent pas immédiatement "someting in return", reprochaient justement aux membres de la "Troïka" de s'accrocher a leurs chaises par intérêt individuel. Je me demande donc ou est la différence? Alors je vous demande, messieurs, ne me chantez plus le slogan habituel malhonnête et plein d’hypocrisie: Nous ne pensons qu'a l’intérêt national de notre "Tounis Al-Habiba"....