«La mémoire noire» de Hichem Ben Ammar: Témoignages poignants d'une époque sanglante
Une série de témoignages poignants sur une époque impitoyable qu’a vécue la gauche tunisienne dans les années soixante. C'est ainsi que se présente le documentaire réalisé Hichem Ben Ammar et qui sera projeté, en avant-première, le 7 décembre à la salle «la Mondial».
Ben Ammar a essayé, à travers une série de quatre témoignages, de faire revivre les atrocités commises par Bourguiba envers «Perspectives», le mouvement de gauche créé en 1963 à Paris. Entre les arrestations spectaculaires et les procès politiques retentissants, les militants de gauche en ont vu de toutes les couleurs.
L’idée de réaliser ce projet a débuté en juin 2012 quand Hichem Ben Ammar s’est rendu au Kef avec les «Caravanes documentaires» qu’il anime à l’occasion de la journée mondiale de soutien aux victimes de la torture: «Nous avions alors filmé des anciens détenus politiques dans cette région. Mises en ligne, sur Youtube, ces vidéos ont interpellé le Mémorial de la Stasi à Berlin. De fait, Ce film doit beaucoup à Hamza Chourabi, qui travaille au Mémorial de la Stasi où il s’occupe d’un dossier relatif à la mémoire de la torture, en Tunisie. C’est de nos discussions, qu’a germé l’idée de ce documentaire dont la concrétisation s’est faite en dix mois, à peine » a déclaré Hichem Ben Ammar.
«La mémoire noire » renferme quatre témoignages poignants, ceux de:
- Hachem Troudi, analyste et journaliste, auteur d’un ouvrage sur le mouvement « Perspectives». Son témoignage est une invite à la méditation sur les conditions du pardon. Emprisonné de mars 1968 à janvier 1970 puis de mars 1973 à août 1979.
- Ezzedine Hazgui, cet éditeur a été de tous les mouvements protestataires contre l’arbitraire du pouvoir. Il a tenu tête à Bourguiba et à Ben Ali. Il se définit comme un irréductible opposant. Emprisonné de mars 1968 à janvier 1970 puis de novembre 1973 à avril 1979.
- Fethi Ben Hadj Yahia, pédagogue et auteur de «El-habs kadheb» (La gamelle et le couffin), il a été l’un des leaders de la seconde génération du mouvement «Perspectives». Il démonte le rapport complexe entre tortionnaires et victimes. Emprisonné de mars 1975 à juin 1980.
- Simone Lellouche qui a évoqué la mémoire de son époux, Ahmed Othmani, leader de «Perspectives» dès 1964 et membre fondateur, en 1981, de la section tunisienne d’Amnesty International. Elle est aussi une infatigable militante qui porte le flambeau de la défense des Droits de l’Homme. Expulsée de Tunisie et condamnée par contumace, en 1972.
Le choix des intervenants s’est fait d’une manière presque intuitive, comme l’a précisé Hichem Ben Ammar: «Nous avons d’abord défini des critères tout en nous laissant guider par notre intuition. Si nous ne voulions pas interviewer des personnes déjà fortement médiatisées, il fallait tout de même que les intervenants soient représentatifs et reconnus.»
«La mémoire noire» est un témoignage contre l’oubli. Un témoignage aussi émouvant que poignant, en attendant sa diffusion dans les salles.
Meher Kacem
- Ecrire un commentaire
- Commenter