Bourse de Tunis: 12 introductions en 2013 et 390 MD de fonds levés
En 2013, la Bourse de Tunis a aligné une troisième année difficile d’affilée – baisse du volume des transactions et repli des cours – en raison de la poursuite de la dégradation du cadre macroéconomique, de la persistance d’un environnement sociopolitique instable et surtout l’apparition d’un phénomène nouveau, à savoir le terrorisme et l’assassinat politique.
Toutefois, elle restera une année marquante dans l’histoire de la Bourse de Tunis. En effet, occupant depuis sa création une position marginale dans le paysage financier tunisien, la Bourse de Tunis connaît un nouveau tournant et une nouvelle dynamique en accueillant, pour la première fois, sur sa cote une nouvelle entreprise en moyenne tous les mois contre une seule par semestre au cours de la dernière décennie.
Le ralentissement économique et le resserrement de la liquidité bancaire ont contraint les établissements de crédit à une gestion plus rigoureuse de leurs risques, d’où un resserrement du crédit bancaire qui a affecté nos entreprises, y compris les plus grandes. Cela a certainement contribué à donner un coup de pouce additionnel au marché.
Il y a aussi une prise générale de conscience sur les vertus du marché, ses formules de financement et ses exigences de transparence. Cette transparence, parfois assimilée à tort comme un dénudement, est maintenant entrée dans les mœurs car c’est elle qui scelle la relation de confiance avec l’investisseur. Encore plus, cette transparence profite à toutes les parties prenantes dans la vie de l’entreprise: employés, clients, fournisseurs, administration, mais aussi la banque.
Le choix de la Bourse
Cette prise de conscience est le fruit des efforts des acteurs de la place qui ne se sont jamais lassés de quadriller pôles économiques et zones industrielles et d’expliquer aux hommes d’affaires, aux dirigeants, aux auditeurs et autres experts qu’une entreprise peut se financer directement à la source, c’est-à-dire auprès des investisseurs, que c’est le meilleur moyen, et surtout que c’est la raison d’être de la Bourse et de ses acteurs.
Cet effort de vulgarisation et de sensibilisation a pris un tournant décisif vers la fin de 2012 avec le lancement du projet de renforcement des capacités de la place de Tunis en éducation des investisseurs et du public. Ce projet se décompose en trois activités, à savoir le lancement du Salon Investia réunissant les acteurs du marché boursier, et dont la 1ère édition en novembre 2012 a eu un grand succès, le lancement prochain du jeu pédagogique Myinvestia pour initier les participants au déroulement d’une séance de bourse et enfin la mise en place du futur portail pédagogique en ligne Investia Academy comportant des supports de formation multimédias.
Le milieu éducatif constitue la cible de choix en tant que vivier des investisseurs de demain. Le milieu entrepreneurial a également été ciblé pour informer les dirigeants et les actionnaires majoritaires sur tout ce que le marché financier peut apporter en termes de flexibilité et de diversification des sources de financement, et les salariés sur les avantages fiscaux accordés par l’Etat aux détenteurs de comptes d’épargne en actions. Outre les professions libérales et les fonctionnaires, il est prévu de s’adresser aux journalistes en tant que relais d’information.
Ce contexte et ces efforts ont contribué à sceller en 2013 le statut de la Bourse de Tunis d’institution majeure et incontournable dans le paysage financier national.
Une plus large diversification des secteurs
En 2013, la Bourse de Tunis aura connu son année la plus faste depuis sa création avec un rythme d’introductions jamais vécu auparavant et des perspectives encore plus prometteuses. En effet, le Conseil d’administration de la Bourse de Tunis aura donné son accord pour l’admission de 12 nouvelles sociétés à la cote de la Bourse, soit en moyenne une par mois. Ces admissions totalisent une offre de plus de 400MD et une capitalisation boursière additionnelle de plus de 1 400MD.
Les opérations d’introduction effective ont concerné 12 sociétés, dont 5 ont reçu leur accord d’admission en 2012. Elles ont mobilisé près de 390 MD et apporté à la cote une capitalisation de 1 200 MD. Les sociétés admises en 2013 et qui s’introduiront en 2014 devraient accroître la capitalisation boursière de près de 400MD.
Introductions en 2013
(Montant de l’offre en millions de dinars)
Landor* | AeTech* | NBL* | Eurocycles* | Syphax* | One Tech | Hannibal Lease | BEST Lease | City Cars | MPBS** | Sotumail** | Lilas** |
10.9 | 3.5 | 13.4 | 18.1 | 25.0 | 83.7 | 16.5 | 21 | 44.3 | 11.8 | 8 | 132.6 |
*Admises en 2012
**Le demarrage effectif des négociations des titres débutera à partir du 8 janvier 2014
Le point culminant de cet afflux aura été atteint en décembre 2013 avec 3 nouvelles introductions quasi simultanées : Sotemail, Lilas et MPBS, qui totaliseront une levée de fonds de 147 MD. Ce qui porte le nombre de sociétés cotées à 71.
Les sociétés introduites en 2013 ont permis de diversifier les secteurs représentés à la Bourse, comme le textile, le bois ou les emballages. Hormis OneTech et Lilas, il s’agit principalement d’introductions de PME ; ce qui a créé un effet d’entraînement et encouragé d’autres PME à franchir le pas et à envisager de lever à leur tour sur le marché les fonds nécessaires à leur expansion.
Des levées de fonds qui confirment le potentiel du marché financier
L’appel de fonds engendré par les introductions réalisées en 2013, et qui a atteint près de 390 MD, s’est déroulé dans des conditions de marché très particulières, caractérisées essentiellement par des volumes de transactions quotidiens qui se sont établis à 5.7MD contre 8.3MD en 2012, et une baisse quasi générale des cours due à un environnement politique, économique et sécuritaire particulièrement difficile. Cela n’a pas empêché le marché de financer, malgré tous les besoins de financement, d’autres sociétés de la cote qui ont pu lever 122 MD sous forme d’augmentation de capital en numéraire et 218 MD sous forme d’emprunts obligataires. En fin de compte, le marché boursier aura permis de lever plus de 730 MD.
Ces levées de fonds dans un contexte pareil confirment le potentiel de financement qu’offre le marché financier tunisien. Il ne contribue pas qu’au financement direct de l’Etat, des établissements financiers ou des grandes entreprises. En contrepartie de standards poussés de transparence, il peut financer les PME qui cherchent à consolider leur croissance. Grâce au marché alternatif, il peut également financer les PME qui cherchent à restructurer.
Au-delà des levées de fonds, le marché financier est susceptible de proposer de nombreux services financiers et offrir aux acteurs des instruments de marche plus évolués de couverture de risque par exemple, comme le marché à terme, les instruments dérivés que la Bourse de Tunis a prévu d’intégrer dans la nouvelle plateforme de cotation qui remplacera la plateforme actuelle.
Grâce à la nouvelle dynamique qui s’installe, la Bourse de Tunis ambitionne de devenir le partenaire privilégié pour le développement de l’entreprise tunisienne tant à l’échelle nationale qu’internationale.
B.T.
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