L'innovation technologique: facteur essentiel dans la compétitivité des entreprises
L’innovation est aujourd’hui fondamentale pour l’entreprise. C’est grâce à l’instauration de l’activité de veille stratégique, qui permet de déceler les dernières tendances qui vont impacter les entreprises à travers l’emploi de nouvelles technologies, que les entreprises pourront être plus performantes. Elles devront être appelées à détecter de nouveaux brevets, collecter des informations tout en respectant les règles de l’éthique et de la déontologie.
L'innovation est définie comme l'application réussie d'une invention dans divers domaines. Mise en œuvre au sein de l'entreprise, elle se situe en aval de l'invention. Elle provient avant tout de la recherche-développement (R&D), menée pour l'essentiel dans les entreprises. Celle-ci incorpore plusieurs étapes telles que la recherche fondamentale, la recherche appliquée ou encore le développement industriel dans le cadre des projets subventionnés en grande partie par les pouvoirs publics. Toutefois, il existe d'autres sources à l'innovation telles que l'apprentissage par la pratique, l'imitation ou encore l’acquisition de technologie.
L’innovation peut être stimulée au sein de l’entreprise et s’ancrer dans sa culture à travers la mise en place d’un comité technique spécialisé de réflexion. Le plus souvent, la pression de concurrents existants plus réactifs, l’arrivée de nouveaux entrants sur le marché ou la montée en puissance d’une technologie innovante vont obliger l’entreprise à adopter une démarche réactive.
Du point de vue ressources, l’indicateur de mesure le plus utilisé est la dépense en recherche et développement: on peut se référer soit au montant des dépenses en R&D, soit à la part des dépenses en R&D dans le Produit intérieur brut (PIB) ; ce ratio permet des comparaisons entre les pays. En Tunisie, les dépenses en R&D (en % du PIB) sont de 1.1, en France de 2.3, aux États-Unis de 2.9, et au Japon de 3.4 pour l’année 2009 (Source : Banque mondiale). Nous sommes encore loin d’atteindre les objectifs et la qualité souhaitée.
C’est dans ce contexte que les pays développés ont pris conscience de l’importance de leurs ressources humaines et ont décidé le renforcement d’un des secteurs fondamentaux que sont l’enseignement supérieur et la recherche scientifique à travers l’implantation de méga-centres de recherche. Ces centres occupent une place prépondérante et constituent un levier incontournable pour relever les défis dans la production scientifique et l’innovation technologique, facteurs devenus les atouts essentiels dans l’amélioration de la compétitivité du pays.
Innover avec une vision globale
L’objectif est de choisir la meilleure stratégie: éviter ainsi de subir la rupture, ou si nécessaire la créer, voire la provoquer volontairement pour aider l’entreprise à se transformer. C’est en mesurant les impacts, les risques et leurs conséquences que les innovateurs apporteront de la valeur ajoutée. Il est temps de s’exprimer contre les pratiques irresponsables entravant l’avance scientifique et technologique dans notre pays.
L'innovation et l'adaptation des nouvelles technologies se heurtaient à des obstacles matériels et moraux jusqu'alors insurmontables à cause de l’absence d’une stratégie adéquate. De par la démarche suivie, un large fossé est encore maintenu entre l’entreprise et son environnement. En effet, les apports des innovateurs sont insuffisamment pris au sérieux.
Paradoxalement, on peut constater que la démarche utilisée pour favoriser l'adaptation de l’entreprise aux nouvelles technologies est elle-même inopérante. Il s'agit là de constats, non de jugements.
Pour l'essentiel, si l’entreprise progresse à travers l’introduction de nouvelles technologies, ce n’est pas dû au hasard, mais parce qu'elle sait aller au contact direct de tous ceux dont les travaux peuvent la faire avancer.
Depuis plusieurs années, la Tunisie s’est engagée dans un vaste programme de réformes de son tissu industriel visant à instaurer les bases d’une croissance rapide et équilibrée et cela dans le cadre des orientations stratégiques du programme économique et social qui s’articulent autour des principaux axes suivants:
- la promotion des investissements publics et privés;
- la mise en œuvre de stratégies sectorielles, notamment au niveau des transports, de l’énergie renouvelable, de l’eau et de la santé;
- la poursuite de la libéralisation et de l’ouverture de l'économie;
- le soutien au développement régional, et
- l'approfondissement des réformes structurelles et sectorielles…
Pour progresser, il ne suffit pas de savoir, il faut savoir s'organiser, savoir travailler, savoir atteindre les objectifs exigés, et les traduire en comportements évolutifs.
Passer d’une culture de projet innovant à une culture d’entreprise
Détecter et sélectionner un projet de création d’entreprisesà fort contenu innovant, s’inscrivant dans une démarche de développement durable.
Que ce soit dans les outils de gestion, dans la communication interne ou dans la communication externe, la nouvelle maturité de l'entreprise doit être perceptible. Les comptes de résultats et les plans de trésorerie supplantent définitivement les budgets de recherche et développement. Même si on doit retravailler le prototype, on parle alors de marchés tests et de préséries. Le périmètre géographique des marchés accessibles se dessine plus nettement notamment à l'international. Toutes les hypothèques liées aux droits d'exploitation et aux partenariats sont levées. Les porteurs de projet sont devenus des entrepreneurs.
La recherche et développement ne saurait avoir pour objet privilégié la mise au point de la création d’une entreprise à caractère innovant, de techniques et de matériels et l'on ne saurait, sans se leurrer, baptiser d’innovation le seul fait d'introduire le nouveau produit sur le marché. Par contre, on continuera à chercher, en permanence, les meilleures conditions d'introduction et d'utilisation tout naturellement des nouvelles techniques.
Aujourd’hui, il est plus aisé pour les jeunes diplômés à franchir le pas en se lançant dans la création de leur entreprise qu’il y a quelques années. En effet, la législation a largement simplifié les formalités administratives, et il existe de nombreux moyens de préparer son projet, de se renseigner, et de se lancer beaucoup plus efficacement avec la mise en place d’un guichet unique à l’Agence de promotion de l’industrie et de l’innovation (API) qui est un centre de formalités administratives légales réunissant, en un même espace, les différentes administrations intervenant dans l’accomplissement des formalités de création d’entreprises : Déclarations de projets d’investissement et constitution de sociétés.
Les organismes comme les pépinières, les cyber-parcs et les incubateurs sont présents pour aider et accompagner les jeunes diplômés, et également pour leur servir de coach dans leurs entretiens et leur envie d’entreprendre.
Quels sont les critères d'évaluation d'un projet innovant?
Il faut que l’entreprise crée et continue à resserrer des liens de coopération avec son environnement socio-économique et son développement à l'international. Elle doit intégrer son propre mode de développement, faire prévaloir ses projets à caractère innovant, sans oublier qu’elle est engagée dans une compétition dont les règles sont établies à l’échelle internationale.
Aujourd’hui, le problème fondamental de toute entreprise est de savoir sauvegarder les originalités des individus, de repousser cet inceste intellectuel qui est le conformisme, mais par quel moyen ?
Il faut comprendre que toute pensée innovante est essentiellement mouvante, qu'elle n'est pas aujourd'hui cequ’elle était il y a dix ans et que dans dix ans, de nouveaux progrès auront germé et se développeront.
L’innovation technologique doit ouvrir de nouvelles pistes ou mener plus loin des pistes déjà explorées et déjà pratiquées. Aussi, arrive-t-il que les voies des uns et des autres divergent en apparence ou aboutissent provisoirement à des résultats très divergents. Parmi les critères tangibles d’évaluation d’un projet innovant:
- les retombées en matière de création de valeur, d’activité et d’emplois;
- la nature stratégique du projet, au regard de la politique du pays;
- le contenu technologique innovant;
- la performance environnementale;
- la place du produit vis-à-vis aux produits ou services concurrents;
- le niveau de la technologie, le programme de R&D prévu;
- le type de croissance envisagée, et
- les objectifs personnels à court et à moyen terme du porteur de projet.
Innover, c'est faire confiance
Le rapport entre confiance et innovation est l’une des conditions de la réussite de toute collaboration. Mais c'est aussi le composant essentiel à la réussite d'une entreprise. Toute entreprise qui refuse de s’intégrer dans l’économie mondiale est inévitablement condamnée à disparaître.
Il ne suffit pas de dire ou de démontrer que ce qui est défini dans le projet doit être appliqué intégralement. Il s'agit de se familiariser avec de nouvelles technologies pour l’amélioration de la compétitivité de l’entreprise. Cette nouvelle méthode de travail apparaît souvent dans les démarches innovantes, dans les recherches fluctuantes et progressivement améliorées.
En effet, un choix permet aussi d’avoir des repères, de construire une action éclairée, rationalisée, pertinente et efficiente. Cette action est liée à cette possibilité de choisir une orientation de travail et de définir des stratégies plus compatibles avec les finalités et les objectifs recherchés.
La clé de la réussite en matière d’innovation technologique est principalement de faire coopérer les responsables opérants dans l’entreprise. La source de l’innovation se trouve en effet le plus souvent proche des acteurs en contact direct avec le produit.
C’est grâce à l’arc et à la flèche que l’homme préhistorique était en mesure d’abattre n’importe quel gibier rencontré. À l’époque moderne, l’homme conçoit des armes très sophistiquées. Celui qui a inventé l’arc et la flèche ne connaissait rien sur les propriétés physiques et mécaniques composant le bois et le cuir utilisés dans la conception de l’arc. Il ne savait même pas ce qui donnait au bois sa résistance et sa rigidité et au cuir son élasticité importante. C’est l’expérience de tous les jours qui a fait que l’homme ait obtenu des informations sans sciences sur les propriétés caractérisant ces matériaux. Les qualités d’un instrument aussi simple que l’arc en bois n’en finissent pas de nous étonner : des mesures effectuées sur des répliques indiquent des vitesses de propulsion avoisinant les 200 km/h.
Face à un monde en mutation, la seule attitude possible c’est le changement à travers l’innovation technologique. La transmutation de nos entreprises doit être le déclencheur de démarches d’innovation pour permettre aux entreprises à travailler plus longtemps aux fins de maintenir l'emploi et la concurrence.
Un des principaux obstacles est la difficulté de disposer à temps des crédits alloués aux programmes de recherche et développement. La plupart des partenaires sont des structures de recherche relevant du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique obéissant au système de gestion des finances publiques. Ces structures n’ont pas les moyens de se préoccuper de la gestion des projets qui représente un handicap majeur dans le domaine de la recherche scientifique. Il est temps pour les structures de recherche de se positionner afin d’apporter une réelle valeur ajoutée à leurs partenaires et de jeter des ponts entre la recherche et le monde industriel. Quant aux entreprises privées, elles doivent être en mesure de percevoir le potentiel commercial des activités de recherche appliquée. En outre, les structures de recherche sont fortement handicapées par le fait que les équipements lourds des laboratoires sont peu exploités à cause de l’absence d’un plan de maintenance en parfaite adéquation avec les besoins et exigences des normes en vigueur.
Samir Hamza
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