L'hommage de Chedly Ayari à Moncef Guen: Adieu, Moncef…
La communauté des analystes-économistes-tunisiens, toutes compétences / incompétences confondues, vient de perdre une de ses plumes les plus pertinentes. Moncef Guen, c'est de lui qu'il s'agit, nous a quittés, comme cela, brutalement, très brutalement, par surprise, sans prévenir, ni sa famille, ni ses amis…à un âge que d'aucuns baptisent volontiers de 'canonique' , l'entrée dans 'l'octogénariat', où la disparition de ce monde est tenue pour naturelle et attendue à tout moment, mais que la volonté de continuer de vivre et de servir son pays- réduit à une vulgaire arithmétique des années, sans plus. Moncef est parti à la fleur de son octogénariat, mais avec une sacrée volonté de vivre et de servir.
Je ne parlerai pas du parcours professionnel de Moncef Guen. Ceux qui ont pu en prendre connaissance à travers la presse – voir Leaders notamment- seront sans doute saisis par la richesse de ce parcours. Economiste de talent, versé dans la monnaie et la finance, nanti d'une expérience internationale acquise grâce à son long compagnonnage avec le FMI notamment ( il en fut un des experts émérites), doté d'un sens politique aigu, auteur d'une remarquable thèse de doctorat sur l'économie tunisienne post- indépendance, la toute première du genre, préfacée par ailleurs par le premier des Prix Nobel d'Econome, Jan Tinbergen, Moncef Guen s'est investi pleinement, passionnément, dans le débat économique et politique qui agite la Tunisie post- révolutionnaire, d'aujourd'hui.
Les papiers qu'il a publiés à ce propos dans Leaders notamment ( reproduits dans le dernier ouvrage rédigé par Moncef avec un petit prologue commis par l'auteur de ces lignes) sont tout autant percutants que pertinents, avec un rappel constant des principes de la bonne gouvernance politique, économique et financière. Nous en débattions souvent ensemble, par e-mail interposé, ou de vive voix à l'occasion de ses séjours à Tunis ( Moncef résidait le plus souvent à Washington). Avec la disparition de M Guen, j'aurai perdu un camarade de classe ( nous avons fait Sadiki ensemble), devenu plus tard un ami , avec qui j'aimai bien parler économie. Au-delà, le pays tout entier aura perdu une plume, une voix, qui n'avaient jamais cessé d'instiller une petite dose de sagesse, de pondération et de clairvoyance dans le débat sur la Tunisie d'aujourd'hui et de demain.
Chedly Ayari
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Bien triste et subite nouvelle. Quoique plus jeune, je l'avais connu durant les années 80 et nous avions fait un bout de chemin ensemble autour de Mohamed Mzali qui appréciait particulièrement Moncef Guen. Férus de sport à l'époque, nous avions ainsi, en équipe, marathonné matinalement de longues années dans la joie et la bonne humeur. Moncef Guen, le sourire toujours aux lèvres, l'humour spontané, mariait l'intelligence aiguë avec une douceur et sensibilité sans pareilles. Ce sont des qualités rares. Il aimait la vie. Elle a repris ses droits. Mes condoléances attristées à toute sa famille. C'est ainsi. Allah Yerhamou.