Les Tunisiennes fêtent leur Constitution
Le 8 mars cette année 2014, aura un goût bien spécial pour les Tunisiennes!
Après les durs combats, et d’interminables mobilisations et âpres négociations durant plus de deux ans, les Tunisiennes, aujourd’hui munies de leur Constitution ont tout pour être fières et faire la fête pour célébrer leur victoire.
De la première mouture, où à la femme on avait juste concédé le rôle de «complémentaire» à celui de l’homme au sein de la famille, à la finale version du texte de la Constitution établissant l’égalité entre les citoyens et les citoyennes, inscrivant la protection des acquis de la femme, le principe de parité et la lutte contre les violences faites aux femmes, les Tunisiennes reviennent de loin.
Décidément, la Tunisie a bien résisté à toutes les tentations faites au nom du repli identitaire et a de nouveau prouvé au monde entier que la libération d’une nation passe toujours par la libération de ses femmes.
Encore une première dans le monde arabe et musulman qu’est cette loi fondamentale inédite avec ses dispositions progressistes reconnaissant aux femmes de tels droits et garantis! Mais tout à fait dans le droit chemin tunisien que l’histoire a minutieusement tracé durant des siècles. Un fait qui ne doit rien au hasard, ni relève d’une volonté délibérée d’Ennahdha et de ses élus à l’ANC.
La nouvelle Constitution porte de toute évidence l’empreinte de la singulière histoire tunisienne, que les acteurs fraichement débarqués sur la scène politique ont tant essayé de renier ou d’en altérer la substance. Depuis que le Code du Statut Personnel fut promulgué le 13 août 1956 avec tout ce qu’il a institué comme droits pour les femmes, la femme tunisienne a toujours constitué un modèle porteur d'espoir pour toutes les femmes du Monde Arabe. Des droits, tel l’abolition de la polygamie, encore non acquis dans la majorité des pays arabes, sont inscrits à jamais dans la culture tunisienne.
Les propos régressifs, de la restriction et de l’interdit, tenus par les islamistes au nom d’une identité plus imaginée que réelle, épaulés par l’arrogance des prêches d’un autre âge des « fous d’Allah », venus remettre en cause les droits et libertés des femmes, n’ont pu avoir raison des voix des femmes et de leurs combats pour leurs droits et leur tunisianité.
Depuis l’année 1956, beaucoup de temps s’est écoulé, mais pendant ce temps la femme tunisienne a appris beaucoup. D’abord elle a appris le sens de la liberté, comme conscience de la nécessaire responsabilité.
Grâce à la liberté, elle a investi l’école, le monde du travail, la responsabilité civile et sociale. Elle est devenue majeure, mais elle a appris surtout que cette liberté se préserve par l’action et la lutte.
Et le moment est venu pour confirmer ce rendez vous avec l’histoire.
Si le CSP de 1956 était marqué du sceau des chefs réformistes, à leur tête Bourguiba, la Constitution de 2014 est marquée du sceau de la femme tunisienne qui est descendue dans les rues de Tunis pour arrêter la montée des vagues de remise en cause.
La nouvelle Constitution, avec ce qu’elle consacre comme droits pour les femmes et en introduisant l’objectif de parité entre hommes et femmes dans les assemblées élues, est sans aucun doute une avancée pour les Tunisiennes.
Et même avec ses limites et ambivalences, la Constitution adoptée le 26 janvier à une écrasante majorité des élus à l’Assemblée Nationale Constituante est une victoire. Désormais, avec l’article 20 stipulant: «les citoyens et les citoyennes sont égaux en droits et devoirs. Ils sont égaux devant la loi sans discrimination aucune», l’égalité, même si son énoncé la consacre dans le champ public, est néanmoins un principe acquis. Une belle confirmation que la Tunisie a une spécificité particulière dans le monde arabe! Plus de doute sur la capacité des Tunisiennes et des Tunisiens, à défendre farouchement leurs droits, leur mode de vie et leurs valeurs de modernité, contre toutes les tentatives de régression.
Reste maintenant le plus difficile: traduire dans les législations, dans programmes d’éducation et en société ces avancées constitutionnelles.
Une victoire gagnée, mais la bataille n’est pas pour autant terminée!
La portée de la nouvelle Constitution risque d'être limitée si le travail n’est pas poursuivi. Le conservatisme social aidant pourrait constituer une base d’interprétation restrictive de la loi par tous ceux qui n’ont pas encore assimilé l’identité réelle et profonde de la Tunisie.
L'égalité est en marche, le chemin est encore long.
Dalenda Largueche
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Monsieur le webmaster j'ai une réponse dans un article que je veux écrire, pourriez vous me l'éditer svp. dans le cas d'une répo positive, je vous l'enverrais ce soir. merci