Après les déclarations de Nidhal Ouerfelli, «Offensive de charme» d'Ennahdha
Soucieuse de ne pas se laisser éclabousser par les effets dévastateurs de la situation catastrophique des finances publiques imputée au gouvernement de la Troïka, la direction du mouvement Ennahdha est en train de mener une «offensive de charme» en direction de l’opinion publique comme on le constate dans la présence des dirigeants islamistes dans les chaînes radio et télévision. Pour expliquer, tenter de convaincre et pourquoi pas séduire un électorat rétif dans cette phase préélectorale qui risque d’être décisive pour le reste des opérations.
Le parti islamiste qui a quitté le pouvoir sous les coups de boutoir d’une opposition déterminée, mais avec l’espoir de reprendre la main en vue de réussir aux prochaines élections est désarçonné par les «révélations» quant à la quasi-faillite de l’Etat en raison de sa gestion des affaires publiques notamment dans les domaines économique et financier.
Le président du parti Rached Ghannouchi n’y est pas allé par quatre chemins. Ces «révélations» sont selon lui «inopportunes» et pour le moins «déséquilibrées», a-t-il dit sur «Jawhara FM». Le reproche est adressé à Nidhal Ouerfelli, ministre chargé des affaires économiques et porte-parole du gouvernement qui a laissé entendre que l’Etat ne serait pas capable de payer les salaires des fonctionnaires après juillet prochain.
M. Ghannouchi ne s’aventure pas à dire que les déclarations de ce proche du chef du gouvernement pointent du doigt la gestion d’Ennahdha à la tête de la Troïka en 2012 et 2013 mais il les critique parce qu’elles risquent de faire chuter la bourse comme elles peuvent décourager les investisseurs nationaux ou étrangers. Le président du mouvement islamiste tient néanmoins à épargner le Chef du gouvernement Mehdi Jomaa à qui il a renouvelé son soutien et ses vœux de le voir réussir dans sa mission.
Ali Larayedh, désormais numéro 2 du mouvement après l’offre de démission de Hamadi Jebali, est resté sur le même registre sur Wataniya 1, la chaîne publique dont il était l’invité. Défendant sa gestion à la tête du gouvernement, il a dit qu’il a épargné au pays «les affres de l’anarchie, des divisions et même de la guerre civile» et qu’il a contribué à ce que « le scénario libyen ou égyptien ne se répète pas» en Tunisie. Faisant montre d’humilité il a accepté de «présenter ses excuses pour tout manquement dont il se serait rendu coupable» dans l’accomplissement de ses précédentes fonctions.
Conscient des risques d’une crispation du parti dominant l’ANC, le chef du gouvernement s’est évertué à minimiser l’effet des déclarations de son porte parole. Sur une radio privée, Mosaique FM, le ministre de l’économie et des finances Hakim Ben Hamouda a tenu à donner des assurances que «l’Etat honorera ses engagements » soulignant que la situation est certes «critique» mais jamais il n’a été suggéré que le pays était en faillite. Les finances publiques sont confrontées à de «réelles tensions», mais la situation n’est pas irréversible, a-t-il tenu à dire en s’abstenant de désigner le ou les responsables de cette situation. Le ministre a tout fait pour éviter les termes qui fâchent. Ainsi, il a dit que le gouvernement s’apprête à mettre en place un plan de « redressement économique» mais il ne sera pas axé sur «l’austérité» mais sur «une rationalisation» des dépenses publiques. Une augmentation du Smig et des autres salaires est même envisagé, une manière de dire que la situation n’est pas aussi désespérée qu’on a pu le dire ou le penser.
L’incident est-il clos pour autant ou verra-t-on d’autres épisodes d’un feuilleton qui tiendra les Tunisiens en haleine au cours des prochains mois ? En effet, on n’exclut pas des hausses des prix des matières de première nécessité pour «redresser» l’état des finances publiques grevées par les dépenses faramineuses de la Caisse de Compensation. Là, aussi comment réagir sans pour autant faire endosser la responsabilité du renchérissement du coût de la vie aux gouvernements de la Troïka. Mehdi Jomaa aura du pain sur la planche pour ne pas efffrayer des partenaires dont il doit tenir compte s’il veut ne pas avoir des problèmes dans sa gestion du pays.
R.B.R.
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Ils ne font que nous vendre des paroles auxquelles eux même n'y croient pas . Il faut espérer que la majorité du peuple ne soit pas aussi naïve que lors des dernières élections.