Les islamistes et le monde arabe :Après l'effet domino,l'effet repoussoir
Souvenez-vous. Il y a deux ans à peine, on parlait de déferlante verte qui s’abattait sur le monde arabe. A quelques mois d’intervalle, la Tunisie et l’Egypte tombaient dans l’escarcelle des islamistes à l’issue d’élections «libres et transparentes», alors qu’au Maroc, ils étaient chargés pour la première fois de former le nouveau gouvernement après la nette victoire du PJD aux législatives. C’était l’effet domino.
Aujourd’hui, on évoque un effet repoussoir. Les islamistes tunisiens ont dû quitter le gouvernement tout en se mettant en embuscade, en attendant des jours meilleurs, alors qu’en Egypte, leurs alliés, les Frères musulmans, moins retors, étaient carrément chassés du pouvoir par l’armée, le jour où ils s’étaient crus suffisamment forts pour la mettre au pas. Dans les deux pays, le legs laissé par les islamistes a été tout simplement catastrophique : une économie exsangue, un Etat en pleine déliquescence, ce qui est le comble pour des pays où les traditions étatiques sont ancestrales, une société clivée, déchirée comme elle ne l’a jamais été et en prime, la menace croissante du terrorisme. Si l’on y ajoute la guerre civile en Syrie, l’anarchie au Yémen et en Libye, le tableau qu’offre aujourd’hui le monde arabe n’est pas très reluisant , en grande partie à cause des islamistes qui ont détourné les révolutions dans ces pays de leurs objectifs initiaux. Seuls le Maroc et l’Algérie s’en sortent, le premier pour avoir su anticiper sur les évènements en procédant aux réformes nécessaires et la seconde, parce qu’elle est vaccinée contre l’islamisme depuis la décennie noire, comme les Tunisiens le sont contre les coopératives depuis les années 60.
Quand on parle aujourd’hui de l’Algérie, il faut toujours avoir à l’esprit cet épisode qui a laissé des traces indélébiles dans la conscience collective des Algériens. J’entends bien que certains compatriotes puissent être choqués par «les scores soviétiques» qui leur rappellent de mauvais souvenirs ou par les manifestations du culte de la personnalité dont ils ont été gavés pendant des décennies. Mais pour employer un terme à la mode, il faut contextualiser. Car on n’a rien dit si on n’a pas insisté sur les sentiments qui habitent aujourd'hui la plupart des Algériens. Voilà un pays qui a cru aux promesses des islamistes, qui a voté massivement en leur faveur aux élections municipales mais qui a dû déchanter très vite devant leur incompétence à gérer le pays et leur obstination à instaurer un régime théocratique d’un autre âge. Déjà traumatisés par la guerre d’indépendance, ils ont dû subir pendant une décennie les affres du terrorisme le plus abject, parce qu'il se pare des oripeaux de la religion. On parle de 200.000 morts. De là à penser que la violence est consubstantielle à l'islam politique, il n'y a qu'un pas que de nombreux algériens toutes tendances confondues n'hésitent pas à franchir. Goethe préférait «commettre une injustice que tolérer l'insécurité et le désordre». La sécurité, c’est la première des libertés alors que le désordre est le terreau de tous les fascismes, qu’ils soient rouge, brun ou vert. C’est aussi l'aspiration la mieux partagée par nos voisins. Aux yeux de la majorité des Algériens, Bouteflika apparaît comme l’homme idoine pour cette étape, d'autant plus qu'il peut se prévaloir d'un bilan très honnête; Il a développé l'infrastructure, restaurer la paix civile et n'a jamais attenté pendant ses trois mandats aux libertés fondamentales. Dans les périodes d’incertitude, les peuples ont besoin de figures tutélaires, de fédérateurs qu'il soient malades où qu'ils aient dépassé largement l'âge canonique, du moment que leur seule présence rassure quand la cohésion sociale se lézarde dangereusement ou lorsque la nation est exposée à des menaces extérieures. Comme Adenauer, en Allemagne, au lendemain du second conflit mondial ou de Gaulle, en 1958, en France.
En tout état de cause, les trois ans de pratique démocratique laborieuse n’autorisent pas certains Tunisiens à se poser en parangons en matière de gouvernance vertueuse, ni en donneurs de leçons, distribuant des certificats de bonne conduite démocratique par-ci, des bonnets d’âne par-là. La chaise roulante de Bouteflika les a profondément choqués ? Ils seraient bien inspirés de faire preuve d'un peu plus d'empathie et de se rappeler qu'eux aussi ont été gouvernés par un homme malade pendant au moins une quinzaine d'années. Au fait, la chaise roulante n’a pas empêché l’Américain Franklin Roosevelt d’être élu président des Etats-Unis puis réélu exceptionnellement à trois reprises, ni de rétablir l’économie du pays et de gagner la guerre.
H.B.
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L'analyse me parait un peu simple. Lorsque la religion islamique commenca au septieme siecle, son avancee fut fulgurante. Ceci tient au contenu et message de cette religion mais aussi au genie des premiers musulmans. Le calife Al-Maamoun se distiguait par la constitution de Beit Al-Hikma qui fut un vertable laboratoire de civilisation, et il fut le premier a entrer dans la Grande Pyramide de Kheops. Ce que l'on appelle les nouveaux islamistes se caracterisent par leur ignorance, par leur haine du savoir en general et ils veulent detruire la Grande Pyramide de Kheops. En somme ils ne comprennet pas la politique en general. Mais l'Islam en tant que religion continue et fait son chemin tranquillement. La question est que veulent ces islamistes en fin de compte; faire avancer la cause de l'Islam ou la stopper. Rached Ghannouchi n'est pas Abou Bakr Siddique ou Omar Ibn Al-Khattab.
Monsieur Bèhi, notre élite maghrébine, est malheureusement, toujours victime d'un syndrome colonial, d'une idiotie clanique et d'un regard sénile! Cet article n'est pas un cadeau aux autorités algérienne, c'est un poison colonialiste, pour semer la haine et la jalousie au nom de l'hypocrisie et du Diviser pour mieux régner! Le Peuple Tunisien, Algérien, Marocain, Libyen et Mauritanien sont ce Grand et Magnifique peuple Maghrébin, ce Peuple victime de colonialisme, d'ignorance et d'un néocolonialisme visible mais non dit! Que les tunisiens parlent de la situation en Algérie et/ou que les algériens parlent de la situation en Tunisie, C'est la logique même de la vie et des choses! Les membres d'une même famille ont le droit d'avoir des avis différents! Ce n'est pas un cadeau à rendre à nos sœurs et nos frères en Algérie que de dire la vérité de ce qu'on pense et d'aider avec un regard critique mais honnête et dévoué à la réussite de notre Maghreb commun. Le Président Bouteflika était un Jeune combattant auprès du vieux Lion Bourguiba et le peuple tunisien, y compris ma propre famille, tombaient sous les bombes criminelles des colonisateurs, à Sakiet Sidi Youssef, pour libérer notre Algérie aussi chère que notre Tunisie natale! Les tunisiens ne mangeaient pas à leur faim et partageaient, même un kilo de farine, avec leurs sœurs et leurs frères algériens, pendant les années sombres de la colonisation! Le symbole que représente le Président Bouteflika, pour l'Unité et la Cohésion en Algérie, est certes très important pour nous tous, mais ceci ne doit pas empêcher, les algériens en particulier et les maghrébins en général, de penser et de dire ce qu'ils pensent meilleur pour l'Algérie, encore moins de Rappeler à la Sagesse, à la justice sociale et à la Bonne Gouvernance en Algérie, pour anticiper et mieux préparer la classe politique patriotique et dévouée à la prospérité en Algérie, afin de couper l'herbe sous les pieds de tous les protagonistes malveillants, hypocrites et/ou égarés dans les tunnels de l'Ignorance. Vive La Tunisie, Vive L'Algérie, Libres et Prospères, deux Frères Solides et Solidaires d'un Unique et Grand Maghreb Juste, Prospère et Glorieux.
Il me semble que vous faisiez de l´amalgame des expressions,faire justice, Ghoete, est-ce que Bouazizi a fait une injustice? bien sûr que non. Il faut tenir compte du contexte du discours. Il ya une seule justice et pas trente. Je dois aussi dire quand les marocains on remanié leur système politique dans le sens de la démocratie, je dis démocratie et non islamisme car le gouvernement a été constitué parce qu´ils ont obtenu la majorité au parlement, en ce temps on avait pas une idée negative (encore) sur les islamistes.Dont acte. enfin je dois dire que le système établi en´Egypte par le coup d´Etat militaire, il aurait eu lieu de toute facon meme si les gouvernants étaient Bourguibistes, s´ils étaient contre Moubarak et voulaient réduire l´influence de l´armée. Mais qu´est-ce qu´il se passe actuellement en Tunisie? Un coup d´Etat consensuel? ou est le people en tout ca?
@M.Hédi Bèhi Je ne m’arrêterai point sur « le syndrome » néo-colonialiste et encore moins sur « l’ignorance » néo-islamiste. C’est hors-sujet. En revanche, je voudrais m’attarder sur « la chute » [ Un journaliste (qui se respecte) est tenu de travailler la dernière phrase de son texte, qui doit être brève, reprenant une phrase-clé de l’article, ou ouvrant sur une autre problématique… en tout cas, une phrase qui frappe l’esprit du lecteur et lui laisse un arrière-goût agréable VS « Attaque », la première phrase qui doit inciter à la lecture….]. Vous écrivez : [Au fait, la chaise roulante n’a pas empêché l’Américain Franklin Roosevelt d’être élu président des Etats-Unis puis réélu exceptionnellement à trois reprises, ni de rétablir l’économie du pays et de gagner la guerre]. Peut-être envisageriez-vous d’écrire un autre papier dans lequel vous reviendriez sur ce rapprochement entre la chaise roulante de Franklin Roosevelt et le fauteuil roulant d’Abdelaziz Bouteflika (chaise et fauteuil qui font désormais partie de l’Histoire !). Je suis certain que vous dégageriez de nombreuses différences entre les deux hommes, « comparables » (selon par exemple le patron du FLN, Amar Saâdani, mais « incomparables » (selon les détracteurs du président algérien). … Car, outre le fait que Roosevelt a contracté la maladie qui a paralysé ses membres inférieurs à l’âge 39 ans, alors que Bouteflika a contracté la sienne à l’âge de 75 ans, il est très utile de rappeler que Roosevelt a sorti les Etats-Unis de la crise économique avec son célèbre New Deal et grâce au groupe d’experts qui étaient autour de lui, des conseillers de haut niveau dans le BRAIN TRUST … Or, le Brain Trust en Algérie compte malheureusement de nombreux opportunistes, des arrivistes corrompus attirés par les caisses pleines de l’Etat, comme les abeilles sont attirées par le miel…ou les mouches par la lumière…. And so on !!
Un tunisien a-t-il le droit de critiquer la politique algérienne ? OUI !ABSOLUMENT OUI ! Si la stratégie qatarie voulant profiter de l’anarchie postrévolutionnaire afin de faire de la Tunisie une base arrière pour engager la guerre djihadiste en ralliant les islamistes algériens aux frontières nord tuniso – algériennes, avait lamentablement échoué c’est parce que Ghannouchi et ses maîtres ont compris que le peuple tunisien, sa société civile son armée et sa police, même ceux qui sont pris par une ferveur religieuse sous l’influence du wahhabisme conquérant et corrompant ne trahiront jamais l’Algérie ; l’histoire a fait que le tunisien est autant patriote tunisien qu’algérien et la défense de l’indépendance de l’Algérie est pour le tunisien un réflexe identitaire. Tout naturellement mon regretté père et ses camarades ont quitté leur petit coin de paradis sur les rives du golfe de Gabès traversant les montagnes de Matmata pour rejoindre les campements du FLN dans le maquis algérien. L’Algérie qui considère que la sécurité de la Tunisie fait partie de sa sécurité et réciproquement pour les tunisiens en ce qui concerne les affaires de l’Algérie, n’a pas su renvoyer l’ascenseur de l’histoire au peuple frère voisin. A n’en déplaise à l’auteur de l’article, l’Algérie est une affaire intérieure à tout tunisien patriote, le grand frère a été toujours la Tunisie pour l’Algérie et non pas le contraire. Le tunisien est en droit de critiquer le pouvoir des généraux et des rentiers du FLN plus soucieux de garder leurs pouvoirs et privilèges, qui étaient plutôt frileux d’une contagion de la révolution tunisienne que de manifester leur solidarité. L’Algérie avait les moyens et le devoir de soutenir un gouvernement provisoire républicain tunisien post révolutionnaire concernant au premier plan sa propre sécurité nationale compte tenue de la géopolitique de la Tunisie. Le pouvoir algérien a abandonné la Tunisie dans le chaos postrévolutionnaire et la faillite économique à la merci des prédateurs qataris, wahhabites du golfe, sionistes, Mossad et toute sorte de couleuvres qui trouvent dans le chaos de la Tunisie l’occasion historique pour se jeter sur l’Algérie. Au même moment l’Algérie faisait le choix aberrant et risqué de prêter 200 Milliards de dollars, selon l’économiste Kamel Benkoussa qui déplore ce choix en ces termes « l’Algérie prête de l’argent au FMI pour pouvoir aider d’autres pays qui demain produiront – si elles sortent de la crise – des produits qui seront exportés à l’Algérie. C’est une aberration totale ». au lieu « d’investir dans le développement industriel de l’Algérie » ou la Tunisie, un « coup de pub », du pouvoir algérien et une « façon de dire que les autorités internationales ont besoin de nous ». Une vanité des officiels algériens, qui n’ont jamais compris qu’ils ne peuvent jouer le premier rôle sur la scène internationale qu’en se renforçant à leur Est par une Tunisie sécurisée à l’abri de dépendre de l’extérieure et d’être sécurisés à leur Ouest par le dépassement des conflits territoriaux stupides avec le Maroc par une coopération et une solidarité fraternelle pour le développement d’une Afrique du Nord forte, indépendante et fière. Le pouvoir algérien a choisi de jouer dans la Cour des Grands de ce monde, alors que ceux qui tiennent les finances du monde forment l’alliance des néoconservateurs occidentaux avec les sionistes qui menacent l’existence même de l’Algérie par un plan qatari-israélien en manœuvrant une connexion des islamistes tunisiens et algériens. L’Algérie a manqué aussi de vision géopolitique et sous- estimé le rôle de l’éclat international d’une nouvelle Tunisie républicaine et démocratique à leurs frontières qui aurait joué le même rôle de soutien et de solidarité, que la Tunisie nouvellement indépendante avait joué au profit du FLN. Les luttes pour le pouvoir empêchent les dirigeants de prendre la leçon de la tragédie irakienne ou de la fin d’un Kaddafi que ni les armes ni le soutien de la Russie n’avaient empêché la coalition américano sioniste de réaliser leurs projets stratégiques. Le bluff de Poutine sur le rôle de la Russie ressuscitant la guerre froide face à la puissance américaine est un jeu à la roulette russe qu’une véritable force de dissuasion pour protéger un « ami arabe ». les américains craignent plus la société civile tunisienne par son éclat humaniste et universel que les armées d’un Saddam, d’un Kadhafi ou des généraux algériens réunies.
Bouteflika mérite d'être réélu. C un homme qui a servi son pays et assurer la cohésion et la réconciliation de la société algérienne. Je lui souhaite succès, santé et courage. Vive Bouteflika, vive l'Algérie. PS: seule chose a faire: mettre 200 000 algériens aux places occupés par les chinois. L'algérien travaille bien tant qu'il est justement payé. Donc réveille-toi Gvt algérien et fais le nécessaire, si non se sera tard. SAKET B.
Dans les périodes " d’incertitude" soutenez-vous les peuples ont besoin de figure tutélaire-ah ah! la Tunisie en a le 7 novembre 87 quand bien même il s'avère que cette figure (sic)était sous la coupe d'une tutrice et d'autres tuteurs en herbe qui ont mis main basse sur les potentialités du pays.Il reste à souhaiter que le temps des leaders soit révolu et que l'on s'achemine vers celui de la responsabilité-Dans ce contexte l’Algérie aura le mérite d’avoir appris et tiré enseignement de l'histoire alors que les autres pays non-démocratiques fantasment encore sur le sauveur pour les délivrer de leur crédulité ...
Une plume qui fait honneur à la Tunisie .Un homme qui ,calmement ,dit l'essentiel,dans un style précis st concis .loin de moi l'idée de chercher à faire plaisir à qui que ce soit,mais juste pour dire :Voilà pourquoi ce pays est une citadelle imprenable !Bravo cher concitoyen!