Agissons intelligemment ensemble contre le même ennemi !!
Ces dernières semaines, et entre l’affaire du blogueur, celles des deux frères à Kasserine, l’agression d’une journaliste, sans oublier la violence dans les stades, il faut remarquer que les conditions et l’environnement ont été bien préparés pour que l’on tombe progressivement dans une sorte de diversion. Il s’agit d’une forme de diversion qui s’attaque fréquemment aux Tunisiens vulnérables et affaiblis, les uns par la peur et les autres par la haine, et qui les met dans un état de confusion voire même d’aveuglement. Aujourd’hui, ce syndrome semble réapparaitre pour que les Tunisiens semblent confondre entre amis et ennemis, entre alliés et adversaires.
Ceci justifierait-il l’attitude de certaines personnes qui trouvent le moyen en un jour de deuil pour les agents de sécurité, de leur rappeler avec colère et haine leurs méthodes «sauvages et despotiques»?? Ceci justifierait-il pire encore de pleurer et regretter la sécurité à l’époque de la dictature ?? C’est exactement de cette manière que se manifeste la confusion entre alliés et adversaires et que l’on devient facilement manipulable. Il est donc bon de rappeler qu’aujourd’hui, nous sommes tous en guerre, oui, mais contre un seul ennemi qui a une seule qualification «le terrorisme». Cette guerre nous confronte tous, citoyens, politiques et agents de sécurité à ce même adversaire qui cherche à réaliser des intérêts et des objectifs nécessitant l’affaiblissement de nos institutions et de notre union. Il est donc utile de rappeler aux uns que «la sécurité au prix de la liberté» est révolue et aux autres que «sans Etat et sécurité, good-bye la liberté» .
Il est tout à fait possible et légitime de croire à une théorie de complot et de division interne au sein même du corps de «l’Etat policier» gracieusement hérité de l’ère dictatoriale .. Il est aussi tout à fait possible que les deux attaques qui se sont succédé en une semaine, l’une au Chaambi, l’autre à Kasserine, cachent des tentatives de détournement d’attention afin de faciliter des opérations de contre bande finement dirigées par des groupes de mafias.. Il est encore tout fait plausible de voir derrière ces attaques qui succèdent au pèlerinage réussi de la Ghriba et à l’annonce de démantèlement d’un plan terroriste par le ministre de l’intérieur, un acte de vengeance et un message personnel de la part des groupes de «djihadistes terroristes liés à al Qaida» ..
Que l’on croit à l’un ou à l’autre de ces scénarios, le plus important c’est de rester vigilant et intelligent. Pour cela, il suffit de se poser une seule question : «Serions-nous capables, nous citoyens pacifistes, et quel que soit le scénario admis, de combattre nous même et sans assistance sécuritaire, juste aux voix vives, aux plumes et aux mains nues des terroristes ou des traitres nationaux ou encore des contre-bandistes, tous armés des plus sophistiquées et recherchées des stratégies et armes de guerre moderne??»
Certes, nous avons tous hérité d’une certaine culture d’égoïsme et d’individualisme de l’ère de la dictature.. Certes notre corps policier est imprégné par une éducation pourrie de méthodes et de valeurs à éradiquer et à révolutionner.. Certes toute cette culture doit changer ...sauf qu’entre temps, l’adversaire n’attendrait pas que l’on réinstalle nos nouvelles cultures des droits de l’Homme, de la citoyenneté, du patriotisme, de l’Etat de droit, pour qu’il s’attaque à NOUS .. Bien au contraire, il est dans l’intérêt de l’adversaire de profiter de notre effritement culturel et national pour nous attaquer et affaiblir nos institutions, parce que l’installation de la nouvelle culture pour la quelle nous bataillons, sera certainement synonyme de sa disparition.
Notre stratégie dans cette guerre contre un ennemi aussi déterminé, endoctriné et soutenu par des mafias internationales, c’est de savoir s’allier entre nous, malgré nos «malentendus». Ceci ne voudrait nullement dire que nous, citoyens Tunisiens, devront lâcher et accepter les dépassements des agents de sécurité ou des institutions de l’Etat de tout genre, loin de là, ceci veut dire tout simplement «avancer avec nos alliés tout en gardant l’œil sur eux»
Il y a lieu de se demander comment pourrait-on le faire ? Et bien, tout simplement en restant engagé et vigilent ou en le devenant, aussi bien et selon le choix et les valeurs personnels, dans les partis ou dans la société civile? ceci permettra de batailler continuellement pour les droits de l’Homme, la liberté, la démocratie, le développement et la dignité, en admettant que dans un environnement démocratique, on est plusieurs à militer de différentes manières et selon différents principes, et donc en continuant à avancer ensemble vers le même but : Un Etat prospère de droits et de démocratie durable. Pour ceci, il est nécessaire de savoir arbitrer par moment et selon les circonstances et la conjoncture entre, tantôt, l’acharnement sur les valeurs et principes de droits et liberté, tantôt la veille sur la sécurité et l’union nationale, sinon, ça sera le chao à la place de la démocratie rêvée.
Il est soutenable et défendable de lutter contre la dictature et le despotisme aussi bien politique que policier, mais il serait bête de batailler aveuglement et inconsciemment pour mener le pays vers une guerre civile. Ceci s’adresse aux politiciens qui se chamaillent d’une manière infantile au sein même de leurs partis, guidés par l’égo et liés soit à des idéaux soit au rêve du pouvoir.. aux citoyens nonchalants qui se contentent d’exprimer leur tristesse et leur indignation par des émoticons sur les réseaux sociaux .. aux militants qui s’hypnotisent dans l’euphorie des valeurs de la liberté, oubliant parfois que cette dernière n’est jamais absolue et qu’elle doit être gardée et sécurisée.
Par ailleurs, et non pour conclure, il est hallucinant de remarquer une nouvelle attitude, digne du cas Libanais : Sept morts en une semaine !! Demain, les martyrs seront enterrés, et après demain, la fête et les selfies reprendront !! Les Tunisiens tombent-ils dans la lassitude et la nonchalance ?? banalisent-ils doucement et inconsciemment la mort et le sang ?? Commencent-ils à oublier que le sang Tunisien est plus cher que tout et que la Tunisie a été toujours le symbole de la Paix de la tolérance et de l'humanité et devra le demeurer éternellement ? Réalisons-nous qu'au bout d'une semaine, trois de nos soldats ont succombé dans une montagne déclarée sécurisée après des mois de ratissage et quatre de nos agents de sécurité sont assassinés devant une demeure symbolique des plus gardées, juste à côté d’un poste de police, dans une région des plus turbulentes? Commençons-nous à admettre que l’on devrait avancer et cohabiter avec l’ennemi ? Confondons-nous le vrai ennemi qu’est «le terrorisme» pour les intérêts de l’anarchie et de l’informel ? On rendrait un grand service à cet ennemi si l’on admettait et l’on acceptait la culture du sang et de la mort !!! PAIX A LEURS AMES, QUE LE COMBAT ET LA VIGILANCE RESTENT DE MISE ET VIVE LA TUNISE LIBRE PROSPERE ET DEMOCRATE.
Feten Mkaouar Meziou
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Il nous faut appeler haut et fort pour une stratégie globale régionale conséquente de lutte contre ce fléau du terrorisme et la violence qui sont étrangers à notre culture millénaire.
La lutte du terrorisme ne reussira que grace a la cohesion sociale entre tunisiens et surtout pas par les moyens militaires, avec ou sans l aide de puissance étrangeres.La cohesion sociale ne se fera que lorsque TOUS les tunisiens sont inclus quant au partage équitable des richesses et des chances et qu ils peuvent influencer le cours de leur avenir a travers une democratie participative. Essayons pour un instant d oublier l utilisation de la force et de debattre d un modele de sociéte juste qui donnera espoir a nos jeunes....
Un article plein de bon sens écrit par une personne intelligente et sensée et c'est de quoi nous avons besoin en Tunisie...
A partir du moment ou l’abstention elle-même est considérée comme un choix, puni ou loué comme tel, l’intellectuel, qu’il le veuille ou non, est embarqué. Embarqué parait ici plus juste qu’engagé. Il ne s’agit pas en effet pour l’intellectuel d’un engagement volontaire, mais plutôt d’un service militaire obligatoire ; Tout intellectuel aujourd’hui est embarqué dans la galère de son temps.il doit se résigner, même s’il juge que cette galère sent le hareng, que les gardes-chiourmes y sont vraiment trop nombreux et que, de surcroit, le cap est mal pris. Nous sommes en pleine mer. L’intellectuel, comme les autres, doit ramer à son tour, sans mourir, s’il le peut, c'est-à-dire en continuant de vivre et de créer. Il faut refuser de s’enrôler en faveur d’une des parties qui s’opposent. Vous devez rassembler, non diviser. Lorsque la violence répond à la violence dans un délire qui s’exaspère et rend impossible le simple langage de raison, le rôle des intellectuels ne peut être, comme on le lit tous les jours, d’excuser de loin l’une des violences et de condamner l’autre, ce qui a pour double effet d’indigner jusqu’à la fureur le violent condamné et d’encourager à plus de violence le violent innocenté La Grande Bretagne a préparé un programme de recyclage et une prise en charge totale des combattants revenants de la Syrie. Soyez le porte parole de cette solution avant qu’il soit trop tards quand des bombes éclateront dans nos souks. Ayez le courage de parler au nom d’un troisième camp neutre et impartial, et surtout gare à l’abstention, on aime bien vous voir intervenir sur le plateau de TV en faveur de leur donner la parole , de les laisser parler et s’extérioriser Je condamne le terrorisme mais aussi la répression, Je doute un déchaînement incontrôlé de la violence, qui mène à la triomphe de la barbarie, je refuse de faire de la violence la grande accoucheuse des lendemains radieux. Il faut des cœurs libertaires qui savent se résoudre à la raison démocrate.