«Oui, j’ai bien l’intention de me porter candidat aux prochaines élections présidentielles, mais la déclaration officielle en sera faite en temps opportun» ! Aucun des chefs de parti les plus en vue n’a osé le dire haut et fort. Chacun se drape d'un voile qu’il veut mystérieux. Marzouki vient de le rappeler dimanche soir sur Attounissya, indiquant qu’il réservait sa décision à un mois avant le scrutin. Il n’ignore sans doute pas que selon le code électoral qu’il vient de promulguer, la période pré-électorale est fixée à 3 mois avant la date de démarrage de la campagne électorale. Ceux qui doivent briguer la magistrature suprême sont tenus de s’y conformer.
Béji Caïd Essebsi n’a pas le choix. Nida Tounès doit concourir pour les présidentielles et c’est lui qui est le mieux placé pour figurer au second tour, voire l’emporter. Mais, pour le moment, il le laisse entendre, sans l’affirmer officiellement. Serait-il à la recherche d’une autre option, bien difficile à imaginer, ou entretient-il juste le suspense ?
Mustapha Ben Jaafar s’y prépare. «C’est le meilleur d’entre nous», répètent les siens, reprenant une fameuse formule hexagonale. Mais, point d’annonce. Il sait en effet qu’il doit dans ce cas quitter le perchoir et abandonner les privilèges de président de l’Assemblée nationale constituante. MBJ semble croire que l’heure n’est pas encore venue.
Ahmed Néjib Chebbi, même si sa religion est faite, entend donner l’impression qu’il se tâte encore, commençant ses propos en disant, «si je me portais candidat». Autour de lui, une équipe rapprochée, formée essentiellement de jeunes, se met en place dans son QG des Berges du Lac en parallèle aux équipes d’Al Jomhoury basées, au Studio 38, avenue Bourguiba.
Hamadi Jebali a bien fait part de son intention de briguer Carthage, en «candidat indépendant des partis» à commencer par le sien, Ennahdha. Pour bien marquer cette indépendance, il a même remis sa démission du secrétariat général du mouvement, mais continue à attendre la décision du Majlis Echoura. En fait, il doit s’assurer que la voie est libre devant lui par les siens.
Hamma Hammami, lui, sera fixé lors du congrès de son parti, la fin de ce mois. Il ira certes au charbon s’il le faut, mais pas nécessairement. Sauf, pour la symbolique.
Reste les autres. Les plus candides sont déjà candidats. Ils auront au moins le mérite d’y croire et de l’affirmer.
Les vrais gladiateurs se chauffent encore dans les vestiaires. Mais, attention, nul n’est à l’abri des surprises… de dernière minute.