Opinions - 13.06.2014

La Tunisie peut et doit supporter un report des élections nationales!

Jusqu’à quand continuer d’user de langue de bois, comme le font si volontiers nos politiciens; jusques et y compris nos compétences apolitiques supposées véridiques?

Il est nécessaire de le dire encore haut et fort : arrêtons de prendre les Tunisiens pour ce qu’ils ne sont pas ! Trêve une bonne fois pour toutes de langue de bois!

On prétend vouloir organiser les élections nationales pour ne pas violer formellement la constitution qui l’est déjà matériellement, ses acquis n’étant pas mis en application. Or, ce sont ces acquis qui feront naître l’État de droit sans lequel le mécanisme électoral est réduit à une machinerie pour servir les ambitions des paris.

En l’occurrence, la précipitation à organiser les élections législatives et présidentielle a bien évidemment moins pour cause le prétexte fallacieux de respect de la constitution que l’envie folle du parti islamiste d’user de ce subterfuge pour revenir plus fort que jamais au pouvoir. Et il a si bien manœuvré cette fois-ci encore pour avoir à ses bottes des partis supposés démocrates pour avoir avec lui des miettes du gâteau.

Dans les conditions actuelles, aucune élection nationale ne sera digne de foi; elle se déroulera dans l’indifférence générale. Mais c’est le dernier souci des partis, Ennahdha en premier, puisque leur envie folle est le pouvoir quel que soit le taux de participation.

Aussi, contrairement à ce qu’affirme le président du gouvernement, la Tunisie peut et doit supporter un report des élections projetées. C’est violer véritablement l’esprit de la constitution que de les organiser avant la fin de l’année, car cela reviendra à dire adieu à l’État de droit.

Il faut commencer au plus vite à concrétiser cet État en commençant par abolir les lois scélérates de l’ancien régime et en mettant en œuvre les droits et acquis nouveaux de la constitution. L’assemblé qui n’a pas voulu s’autodissoudre peut racheter ses turpitudes en s'attelant à cette tâche salutaire.

Un report des élections nationales est donc non seulement possible, mais il est obligatoire si l’on veut sauvegarder les chances de la Tunisie à devenir un État de droit. Et qu’on arrête de parler de respect d’une constitution dont on use comme d’une feuille de vigne. Respectons cette constitution dans ce qu’elle commande en premier, à savoir de rendre le pouvoir au peuple; or, cela suppose de ne plus parler d’élections nationales avant d’avoir donné la parole aux citoyens pour choisir leurs élus dans les municipalités et les régions. Il est bien préférable de demeurer avec une assemblée et un président de la République provisoires que de laisser se détériorer encore plus la situation dans nos localités. On a atteint un point de non-retour et cela ne pardonne pas dans un État se voulant de droit.

Décidons donc les seules élections démocratiques qui comptent aujourd'hui en Tunisie, on aura assurément l’adhésion populaire tout en prouvant que notre foi démocratique est sincère, car la démocratie se vit au plus près du citoyen, dans ses municipalités.

Tout autre argument même s’il se pare de juridisme ne relève que de la jonglerie politique; et quand cela vient du parti qui se prévaut de la morale islamique, cela ne peut être que forfaiture.

Farhat Othman

Tags : Ennahdha   Tunisie  
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1 Commentaire
Les Commentaires
T.B. - 15-06-2014 00:07

Est-ce une "astuce" d´ecrire "le president du gouvernement" au lieu de "chef" a moins d´etre une faute de frappe. Peut être le (president) est deja parti?

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