Les Libyens de Tunisie Combien sont-ils, comment vivent-ils ?
Il n’y a pas que les quartiers El Manar et Ennasr de la capitale qui regorgent de ressortissants libyens arrivés depuis la révolution dans leur pays. Un peu partout dans le Grand Tunis, mais aussi à l’intérieur du pays, des dizaines de milliers de nos voisins du Sud ont choisi de s’installer, croyant d’abord le faire pour de courtes périodes, avant de se résigner à des séjours bien que provisoires, mais pour de plus longues durées. Les jeunes, surtout ceux issus de familles fortunées, sont plus flamboyants, on les voit à bord de grosses berlines, dans les Lounges-Cafés, clubs et restaurants. Les mamans sont plus occupées par les courses et les soins, alors que les pères vaquent à leurs affaires. En exil, la vie n’est pas facile pour tous. Certains peinent à subvenir aux besoins des leurs. Reste une minorité politique, quasi invisible, constituée de différentes factions entre Kataeb et Thouwar, qui s’organise discrètement et essaye d’agir à distance. Une véritable communauté, représentative de la société libyenne avec ses différentes tribus, catégories et obédiences politiques, qui s’intègre facilement mais garde bien des spécificités.
La guerre des chiffres
Combien de Libyens vivent en Tunisie. Les chiffres varient du simple au décuple sinon plus. Moncef Marzouki avance le chiffre de 2 millions. Lotfi Ben Jeddou parle, lui, de 1,9 million d’âmes. Le ministère du Commerce les estime quant à lui à 1,2 million. Le ministère des Affaires étrangères souligne «la mobilité permanente des Libyens» en évaluant le nombre des Libyens résidents entre 1 million et 1,3 million. Le chef de la mission diplomatique libyenne à Tunis, Mohamed Maaloul, estime le «chiffre réel de 100.000 à 120.000, pas plus».Un ancien ambassadeur tunisien à Tripoli donne, lui, un chiffre médian: entre 500.000 et 600.000 personnes. Dans tous les cas, la présence libyenne en Tunisie, auparavant saisonnière, est maintenant visible dans les villes tunisiennes. Des familles entières de condition modeste demeurent dans le sud, de Gabès à Ras Jédir. L’immense majorité de la classe moyenne choisit Sfax où les Libyens ont leurs habitudes. Les plus nantis résident à Djerba, Sousse, Hammamet, Nabeul ou Tunis. En tout cas dans des zones proches des aéroports pour pouvoir voyager le moment opportun. Dans la capitale, une grande concentration se trouve dans la zone El Manar-Ennasr, appelée désormais la petite Tripoli. Locataires au jour ou à la semaine quand ils croyaient que leur séjour était provisoire, ils sont de plus en plus conscients qu’ils sont en Tunisie pour un bon bout de temps.
Les riches achètent leurs logements, des appartements jusqu’à 1, 5 million de dinars, contribuant ainsi à la flambée des prix de l’immobilier, à l’achat comme à la location. Certains incidents surviennent comme cette malheureuse défenestration de jeunes Tunisiennes au cours de soirées arrosées. Les Libyens sont les bienvenus en Tunisie non seulement pour la manne financière qu’ils peuvent apporter mais aussi en raison de la compréhension des Tunisiens pour les conditions sécuritaires difficiles dans lesquelles leur pays se trouve.
Les conditions de séjour des Libyens en Tunisie sont «plus que normales», souligne-t-on de source officielle tunisienne. Du fait qu’ils bénéficient des dispositions avantageuses de la convention de 1973 qui leur accorde les quatre libertés, à savoir le droit au travail, à l’exercice de professions et métiers, au droit d’établissement et au droit de circulation. De quoi vivent les Libyens. De leurs économies qu’ils ont ramenées avec eux. Ou des transferts de l’étranger pour les détenteurs de comptes à l’extérieur de la Libye ou qui ont des parents à l’étranger. Les hommes d’affaires et ceux qui détiennent des capitaux travaillent dans le commerce international ou montent des projets mixtes avec des partenaires tunisiens.
- Ecrire un commentaire
- Commenter