Présidentielles: quand le ridicule l'emporte sur la raison
A la date du 19 Août, le nombre de candidats au poste de Président de la république est de 41. Il est appelé à s’accroître dans les prochains jours pour dépasser peut-être 50. Si l’on admet que dans une élection de ce type le nombre de candidats est proportionnel à celui des habitants, il y aurait eu chez nos voisins algériens près de 150, en France 250 et en Inde près de 5 millions. Enregistrer 41 candidats pour 11 millions d’habitants est ridicule et l’erreur est à attribuer aux législateurs. En plus des signatures exigées, qui peuvent faire l’objet de transactions, ils auraient dû rajouter des garde-fous plus dissuasifs pour limiter le nombre à un chiffre raisonnable (5 ou 6) de telle sorte que l’électeur s’y retrouve.
Quel aurait été le nombre de candidats si on faisait disparaître la condition des signatures, comme le réclament quelques uns ? Pour éliminer les fantaisistes et les rigolos, on peut suggérer en plus des signatures, une indemnité conséquente que le candidat verserait à la communauté s’il n’atteint pas le seuil de 5% (après tout un candidat supplémentaire occasionne un surplus de dépenses prélevé sur nos impôts), ou une interdiction de participation pour quelques élections qui suivent, ou . . . . Quand on veut limiter le nombre de candidats, les idées ne manquent pas.
A part les citoyens avertis qui suivent les évènements politiques, la plupart des autres sont perdus. Imaginez le désarroi d’une quinquagénaire qui sait à peine lire, face à une liste de près de 50 noms dont il faut choisir un seul, et puis quelle va être la longueur de la liste avec photos des candidats, à afficher sur les murs de la cité ? C’est la gabégie et la porte ouverte à toutes sortes de manipulations et de corruptions. Ne vous étonnez pas de la désaffection des électeurs.
Quand on examine la liste des candidats déclarés ou à venir, on s’aperçoit qu’à côté des «bulldozers» et des habitués du show médiatique, un nombre non négligeable viennent d’une autre planète, d’autres sont apparus épisodiquement sur des écrans de télé ou une station radio. Pour assurer l’égalité des chances, tous ces candidats vont se succéder à la télé pour nous débiter leur discours et présenter leur programme. A raison de 5 candidats par jour (ce qui est beaucoup) on en a pour 9 à 10 jours, mais ce qui est sûr c’est qu’au troisième jour le téléspectateur aura oublié tout ce qu’ont dit les candidats du premier jour. C’est la démocratie sans barrières de balisage efficaces ; ce qui mène à la confusion totale, créant ainsi un climat propice à toutes sortes de débordements.
Dans les pays démocratiquement avancés, l’accès à la présidence n’est pas donné à tout le monde. Il fallait d’abord avoir une formation solide dans la gestion des affaires de l’état, ce qui nécessite un diplôme délivré par des institutions universitaires à accès très sélectif, telles que l’Ecole Polytechnique ou l’Ecole Nationale d’Administration de Paris. Il fallait aussi rouler sa bosse en gravitant plusieurs échelons dans l’Administration. Quelle formation nos chers et chères candidats et candidates ont-ils eue pour prétendre pouvoir nous gouverner ? Ont-ils fait leur examen de conscience en se posant en particulier des questions sur leur capacité de gouverner et sur leur chance de succès ? Est-ce que les discours sur les chaines radiophoniques ou l’apparition sur les écrans de télé ou sur les pages de la presse écrite témoigne d’une compétence à diriger le pays. Je suis sûr que la plupart des candidats se sont présentés pour la ‘frime’ c-à-dire pour faire l’objet de discussion dans leur entourage et afficher l’évènement sur leur CV.
Ils prennent les citoyens pour des imbéciles et ils ont raison, car la loi promulguée le leur permet.
Mohamed Jemal
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Comme tu as raison Mohamed . C'est réellement de la gabigie . Que faut il faire?
Bientôt, il va être plus facile d'établir la liste de ceux qui ne se présentent pas à la présidentielle.
Lorsqu on demanda a un ministre suédois s il s estimait etre competent pour diriger son departement, vu qu il n avait que le certificat d etudes primaires, celui ci s expliqua: "les electeurs suedois m ont accordé leur confiance parcqu ils estiment que je suis politiquement le mieux préparé pour réaliser le programe de reformes que mon parti a promis aux electeurs et non pour mes qualifications scolaires ou universitaires . Pour pouvoir contribuer a la realisation de ces reformes, je m entoure bien entendu d une armée de specialistes et d experts diplomés des meilleurs universités et institutions suédoises, car sans l expertise de ces derniers je ne peux realiser nos reformes. Un diplome confirme l accquisition de certaines qualifications professionelles mais ne accorde pas la confiance politique des electeurs, et n exprime pas le savoir, la competence et l integrité politique, necessaires pour assumer la realisation de programmes sociaux -economiques et pour lequelles les electeurs m ont préféré a mes collegues de l opposition" Etre diplomé des meilleurs ecoles et donc autre que savoir, integrité, experience et flair politique pour gouverner un pays. En tant que tunisiens nous devrions nous liberer de cet anachronisme colonial monarchique francais du culte des grandes ecoles et pour une fois comprendre que hauts diplomes ne signifient pas legitimté politique, ce qui est fondamental dans une société democratique. Le savoir des diplomés et promordial dans une democratie mais ne donne pas automatiquement le droit a la suprematie pour gouverner un pays.
Réponse à M. Ahmed : vos remarques sont très pertinentes. Comme vous le dites, « le savoir des diplômés est primordial dans une démocratie » mais donne-t-il « le droit à la suprématie pour gouverner un pays » ? Cela dépend du type de société dans laquelle on vit. Dans les sociétés occidentales qui sont dynamiques et favorisent l’épanouissement personnel, un non diplômé ou peu diplômé peut arriver à acquérir une compétence qui lui permet d’occuper une haute fonction, c’est le cas du premier ministre suédois, c’est aussi le cas d’un ministre communiste de feu François Mitterrand. Mais cela n’est pas possible dans une société sclérosée comme la nôtre qui ne sait même pas exploiter les compétences de ses diplômés les plus brillants. Combien de génies tunisiens croupissent dans des bureaux et réalisent des travaux qui ne correspondent à leurs compétences. Et même dans les sociétés occidentales des cas similaires à celui du ministre suédois ou français sont rarissimes, la quasi totalité des hauts responsables ont des diplômes élevés délivrés par des universités prestigieuses, ce n’est pas une spécificité de « l’anachronisme colonial monarchique français ». Barack Obama par exemple est issu de Harvard, Margaret Thatcher d’Oxford. Par contre quand vous dites que le diplôme ne préjuge pas automatiquement d’une compétence pour diriger un pays, vous avez raison et l’exemple de Marzouki en est la preuve. Malgré ses diplômes élevés, il n’a pas su assurer correctement les fonctions de Président. Dans les pays arabes, les dirigeants qui sont peu diplômés sont arrivés au pouvoir à la faveur d’un coup d’état, exemple Boumedienne et Kadafi. A cause de leur formation bancale, ils ont adhéré facilement à la thèse de Mao selon laquelle le pouvoir est au bout du fusil.
Sur quoi se base-t-on pour dire que l'émergence d'un leadership politique a plus de chance d'avoir lieu dans un endroit plutôt qu'un autre? L'explication de l'auteur (notre société est sclérosée)est vraiment faible. Quant à l'expérience de l'administration des affaires de l'Etat, beaucoup de leaders prestigieux ne l'avaient pas, dailleurs y compris notre Bourguiba. Pourquoi nos journalistes ne s'en tiennent pas au faits. Dénoncer la pléthore des candidats et suggérer des moyens pour l'éviter était bon. Ce n'était pas la peine d'ajouter des supputations ou des théories fumeuse sur le leadership.
La majorité de ces candidats savent qu'ils n'ont aucune chance au vu de leur formation,de leur niveau ,de leur expérience politique et n'ont aucune vision pour leur pays.Ils sont la juste pour tirer un petit profit:publicité pour leur commerce ,leur agence immobilière , leur café ou pour mettre dans leur CV-ancien candidat à l’élection présidentielle. C'est la mentalité de notre population de notre population:profiter de tout événement et exploiter toute situation pour tirer un bénéfice aussi mesquin et minime soit il. Au moins deux choses qu'une bonne partie de ces candidats ne sait pas faire c'est comment mettre l’intérêt du pays en avant et comment contribuer à l'augmentation du PIB pour améliorer le niveau du Tunisien (qu'ils croient pouvoir diriger).