L'abstention, c'est augmenter les tensions
Après avoir été le 1er pays à s’insurger contre un pouvoir dictatorial où le vrai vote aux élections n’existait pas, la Tunisie pourrait être le 1er pays où les citoyens ayant acquis de haute lutte, le droit de voter, refuseraient d’aller voter! Le moment du vote tant réclamé s’illustrerait comme «le moment du non-vote». Une abstention importante est annoncée, plus grave certains disent que défendre la démocratie, c’est s’abstenir.
Le paradoxe devient la règle.
Devant cette tendance de certains de ces électeurs potentiels déçus, face à ces mots d’ordre de politiques négatifs ou nihilistes, il faut raison garder et savoir réaliser ce que s’abstenir signifie.
En premier lieu, c’est ignorer et effacer les luttes universelles de tous les démocrates de tous les pays depuis des siècles. C’est ignorer et oublier les luttes de tant de Tunisiens pour avoir des élections libres, c’est oublier la grande émotion de ces premières élections d’octobre 2011.
C’est à la limite de l’offense faite à l’histoire du pays qui a accepté le vote des femmes dès 1956, à peine quelques années après la France et les autres pays alors appelés «pays développés». Pour être plus concrets, ne pas user de son droit de vote, c’est oublier notre mal-être de notre passé récent, le malheur de nos Parents qui cherchaient à nous léguer une Tunisie meilleure, démocratique, avec des Gouvernants issues d’élections libres.
Mais en second lieu, s’abstenir ou prôner l’abstention, c’est critiquer et proposer comme action de rester chez soi, de ne rien faire. Où est le courage, la responsabilité? Où est l’engagement citoyen? Quel grand écart qui fait mal avec la situation de la Tunisie en 2010 ? Avec la motivation de tout le peuple tunisien criant «Dégage».
Plus encore, que peut-on espérer de l’abstention?
Un grand nombre d’abstentions n’empêche pas une élection car seuls les votes exprimés sont comptabilisés, sans prendre en compte le volume des abstentions ou les votes blancs et nuls.
Par contre, un grand nombre d’abstentions serait une nouvelle fausse solution, car les élus seraient en droit de gouverner, mais dès le début de leurs mandats, leurs pouvoirs seraient affaiblis pour être élus avec une faible partie des électeurs, donc une faible partie du peuple puis que, déjà, les citoyens inscrits sur les listes électorales sont une proportion trop faible des citoyens en âge de voter.
Comme candidat à l’élection Présidentielle, mon engagement personnel, comme mon devoir de candidat à une fonction élue au Suffrage Universel à deux tours, c’est de recommander aux Tunisiens de ne pas écouter les messages jusqu’auboutismes, ni de tomber dans l’inactivité, dans la passivité de l’abstention.
Aller voter, c’est l’un des symboles de notre victoire sur l’obscurantisme passé, aller voter c’est prendre part au futur immédiat de notre pays, aller voter c’est une fierté personnelle et collective.
Une fierté, une joie qui se sont illustrées en octobre 2011, j’en ai encore les images en mémoire : tous ces Tunisiens se faisant photographier avec leur doigt bleu, signe du vote!
Il serait triste de ne pas voter plus nombreux encore qu’en 2011!
Samir Abdelli
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Je suis d'accord avec votre position, on ne peut pas se déclarer en lutte pour une démocratie davantage participative et ne pas aller voter à titre personnel. Plus grave, comment comprendre ceux qui prônent l'abstention comme mode d'action ...